Beaucoup de supporters francophones du football japonais aspirent, un jour ou l’autre, à obtenir le maillot de leur équipe préférée. Pour cela, ils ont le réflexe d’aller voir sur les sites d’enchères, espérant en trouver un à moindre coût. Et c’est généralement l’occasion de rencontrer quelques spécimens sortant de l’ordinaire. Si vous ne l’avez pas fait, je vous le recommande, ça vaut le détour ! C’est ce que la rédaction de Nylon Ganbare appelle… EBAY EXTRAVAGANZA !
Et l’on commence avec un « superbe » ensemble maillot + short noir et jaune. Pas d’étiquette dans le col, les triangles sur les manches laissent penser que c’est un modèle de la période 2003-2005. Pourquoi pas après tout. Mais bien que les gardiens de buts nippons de l’époque ont porté des tenues noires et jaunes, elles ne ressemblaient pas à ce modèle, même de loin. On va plutôt miser sur le fait que c’est un ensemble d’entraînement générique d’origine indéterminée. De plus, le flocage date de 2014.
Dernier point et pas des moindres, le blason. Ajouté manuellement, c’est un simple flocage de l’ancien logo de la fédération (à fond jaune), sans le traditionnel contour blanc. Mais surtout, il est souligné par le mot « JAPAN » dans le style utilisé par l’équipe dans les années 90 (et jamais utilisé à cet endroit, de surcroit). Il devrait être écrit en bien plus petit et avec une police de caractères beaucoup plus simple. Bref, c’est un drôle de mélange.
 
Vient ensuite un maillot de la coupe du monde 2006. Il est identique en tous points à un banal replica international (et non pas japonais, attention). En tous points, sauf un. Ces deux liserés rouges latéraux n’ont rien à faire là ! On dirait qu’ils ont été empruntés à un maillot de la France. Probablement l’oeuvre d’un fan déçu de voir si peu de rouge sur le maillot. Il est vrai que seuls le col et les manches affichaient un brin de rouge sur ce modèle. Mais ce n’est pas une raison.
Tout est relatif cependant, lorsqu’on le place à côté du maillot suivant. Pas de liseré rouge malvenu ici, mais tout le reste est à jeter. La coupe carrée, les motifs de vagues dessinés avec les coudes, le croissant sous le col en forme de demi-cercle, l’absence du logo Adidas et des étiquettes en bas. Le pire c’est que cette chose essaye de ressembler au replica japonais (on voit cela aux deux pointes raccourcies de part et d’autre du col). Et dans ce cas, il faudrait en plus que les vagues soient brillantes, que la doublure du col soit bleu profond et pas bleu clair, et que la teinte du bleu utilisé tire légèrement vers le violet. On en est bien loin !
On laisse la coupe du monde 2006 pour en arriver à quelque chose de plus récent : le fameux maillot extérieur fluo actuellement utilisé par le Japon. Cet exemplaire tire tout son intérêt par le fait que c’est le maillot d’une joueuse, et non d’un joueur. En effet, Kawasumi est une des vedettes de la sélection féminine et possède beaucoup de fans, dont la plupart ne serait pas contre acquérir son maillot. Pas de souci au niveau 
du flocage, qui semble officiel et de la bonne couleur. Seul problème : le maillot en lui-même est un replica de celui utilisé par l’équipe masculine. Le maillot féminin affiche des manches et une trace de peinture roses, et surtout l’étoile et le badge de championnes du monde. Dans le jargon, c’est ce qu’on appelle un gros fail.
On reste en 2014 avec ce faux prototype sans aucun intérêt. Il a été commercialisé par des vendeurs chinois fin 2013, qui laissaient entendre que ce serait le maillot utilisé par le Japon à la coupe du monde brésilienne. Heureusement, ça s’est avéré inexact. Ce machin est juste une copie plus claire du maillot du club colombien de Millionarios de l’époque.
Le Japon est connu pour ajouter un symbole fort sur ses maillots (en ce moment, c’est la bande de peinture dans le dos, utilisée dans leurs médias et autres produits dérivés. Ce faux maillot n’en contient aucun, il est juste vide et pour ceux qui suivent le Japon depuis longtemps, il n’avait, dès le départ, aucune chance de finir sur le dos de Honda et de ses petits copains. Je tiens à préciser que si je croise quelqu’un avec cette chose sur les épaules, je lui botte les fesses façon Tulio.
Ce qui suit nous rappelle la délicieuse (ou pas) époque des maillots à 50 francs du marché. Ces tenues sublimées reprenant quelques éléments du véritable design, mais pouvant mélanger rayures bleues et rouges avec un logo du Real Madrid par inadvertance. Vous vous souvenez ? Partant de ce postulat, difficile de lui reprocher grand chose. Sauf qu’il est ici présenté dans un magasin de sport. Dans quel pays on vend ça dans un Decathlon ?
On reste dans le même délire, mais puissance dix. Le maillot de droite essaye d’évoquer l’uniforme nippon de la période 1996-1998, à coup de flammes dans tous les sens. Le col est affreux, les couleurs sont horribles, la coupe est immonde, le logo est à l’envers et incomplet, le numéro n’a pas du tout la bonne police et les flammes sont mal dessinées.
Mais comme vous avez été sages, ils ont bien orthographié le nom du joueur (Nakata, évidemment). Si j’étais Nakata, je me sentirais extrêmement offensé à la vue de cette photo. Car si j’étais Nakata, je viendrais lire Nippon Ganbare, cela va sans dire.
Le maillot à droite copie ce que portent en ce moment les joueurs. Il n’est pas fait par Adidas, c’est une évidence, mais reproduit plutôt bien le blason et le motif de rayons de soleil sur le devant. Mais après… le drapeau est trop proche du blason, le col est trop large, et surtout le bleu est bien trop clair.
La confusion sur les teintes de bleu utilisées arrive fréquemment, car le Japon en change souvent. En l’espace de quelques années, nous avons effectivement vu l’équipe porter du bleu clair (2007-2009), du bleu profond (2009-2011), du bleu nuit (2011-2013) et donc à nouveau du bleu profond (2013-2015). Ce qui ressort de tout ça, c’est que Adidas a l’air de bien s’amuser avec son nuancier Pantone.
En 1999, quand Adidas a obtenu l’exclusivité du contrat avec la fédération, on a vu apparaître de nombreuses itérations officieuses du maillot nippon. Celle que vous pouvez observer à gauche ne restera sûrement pas dans les annales. Tissu à motif brillant, logo de la marque Carowa (ou plutôt Carowhat the f**k ?) répété partout (poitrine, étiquettes, le long des manches, dans le tissu…), logo certes cousu mais sans contour blanc… rien de comparable avec l’original.
Le plus drôle étant l’étiquette en bas à droite, qui revendique son statut de « maillot officiel ». C’est à se rouler par terre tant on est loin du compte.
Et l’on termine ce festival de l’improbable par un maillot qui ne serait pas dans cette rubrique si il n’affichait pas le logo de la fédération. A cause de cela, je suis obligé d’en toucher un mot. Il présente toutes les caractéristiques d’un maillot Kappa : coupe serrée, col, coutures, manches… on n’est pas du tout en présence d’un spécimen voulant copier Adidas, mais plutôt d’un maillot de supporter basique, et plus pour les supporters du pays que pour les supporters de l’équipe de football, puisque les couleurs présentes sont celles du drapeau (blanc et rouge), pas celles utilisées par la fédération. Le nom du pays écrit en gros au milieu confirme cette intention. Alors la question c’est : le logo de la fédération était-il vraiment indispensable ici ? Je ne crois pas.
Pour bien se rendre compte de la dimension comique que dégage ce défilé saugrenu, il suffit de se dire qu’il n’est qu’un échantillon. En effet, les dix exemples de copies ratées que vous venez de voir ont tous été observés sur un site d’enchères bien connu au même moment, tout juste hier. Il n’est pas rare de croiser des tas d’autres tentatives différentes chaque année, voire même chaque mois ! Leurs créateurs n’ont aucune limite, et sûrement pas celle du ridicule !
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Tsubasa, le héros de la série de mangas Captain Tsubasa, est régulièrement dessiné avec le maillot du Japon sur le dos puisqu’il joue pour ce pays. On peut observer que le maillot représenté est actualisé par l’auteur chaque fois que Adidas renouvelle le modèle dans la réalité. Il joue donc en ce moment avec le maillot de la coupe du monde 2014. Mais dans les débuts de la série, lorsqu’il était appelé par le sélectionneur des espoirs, lui et ses coéquipiers portaient la tenue de 1984. En se basant sur les uniformes, on peut donc en déduire que Tsubasa a pour le moment une carrière au haut niveau de trente ans. Petit joueur. |
A bientôt les enfants !
