[Nylon Ganbare] Numéro 1

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Nylon Ganbare

Saison anniversaire de nombreux clubs, 2012 a vu le football japonais défiler à travers un arc-en-ciel de polyester coloré et rarement aussi réfléchi en amont. Ainsi, plusieurs tuniques utilisées cette année ont déjà leur place dans le panthéon des plus belles de ces vingt premières années de J.League. En attendant un tel classement, Nylon Ganbare, la nouvelle rubrique qui décortique les chiffons, peut déjà élaborer un top 10 au sein de ce florilège. Les critères de sélection sont totalement subjectifs et sont arbitrairement élaborés par Nylon Ganbare :

-Numéro 10 : Kyoto Sanga F.C. .

L’uniforme de Kyoto est resté inchangé depuis la saison 2011. Pourtant, on ne se lasse pas de leur combo unique de violet, de rouge et de noir. Il est vrai que cela dégage une aura impériale. Cela dit, cette division radicale du maillot en deux parties symétriques et égales apparaît comme une idée moins subtile que leurs précédents designs. De plus, vu de face, il semble que le rouge devienne une couleur principale pour le club, alors qu’il est bien connu que Kyoto affiche traditionnellement et avant tout du violet. Après tout, leur ancien nom était « Kyoto Purple Sanga ». Cela est rattrapé par la dévotion exclusive du dos à la couleur violette. En tout cas, même si l’ensemble reste unique en son genre et nécessaire dans le paysage de la J.League, l’incorporation un peu grossière du rouge et la coupe un peu carrée du maillot ne permet à Kyoto que de figurer à la dixième place de ce classement. Cela n’enlève rien à sa présence ici !

-Numéro 9 : Gainare Tottori.

Pour fêter son arrivée en J.League en 2011, et surtout parce que son fournisseur n’a pas spécialement envie de payer des designers tous les ans, le club de Tottori a conservé ses uniformes pour une deuxième saison consécutive. La marque Hummel reste dans son habitude de créer des modèles spécialement pour les équipes japonaises, quand bien même elle leur donne à toutes le même. Celui-ci présente la particularité d’afficher, autour d’une base -qui ne change jamais- composée d’un fond bleu nuit et de motifs faisant penser à des plumes, non pas une mais deux teintes différentes de vert clair ! La dualité des teintes d’une même couleur a l’habitude de la mettre en valeur et cela est toujours positif lorsqu’il s’agit de la couleur principale de l’équipe. Ici, cela fonctionne très bien et, pour peu que l’on soit conscient de l’existence du club, on peut alors le reconnaître partout où il joue.

-Numéro 8 : Cerezo Osaka.

La saison 2012 a marqué le retour d’un maillot à dominante rose pour le Cerezo Osaka. Cela ne s’était pas vu depuis le tout premier modèle utilisé par le club, certes pendant plusieurs années consécutives. Dans le même temps, les rayures adoptées dès leur second modèle restent bien présentes. On a donc un mélange d’hommage et de tradition, réalisé par le moyen d’un double dégradé, c’est-à-dire à la fois dans les rayures et entre ces dernières. Mizuno, dont le partenariat avec Osaka remonte à la création du club, a produit là un uniforme très représentatif du club, et ce sans que ça soit son anniversaire. Celui-ci reste tout de même basé, en terme de coupe des différentes parties, sur un des modèles de la collection de la marque qui n’a pas été fait spécialement pour le Cerezo Osaka. Il est juste très bien personnalisé. Le petit pavé bleu sous l’écusson casse un peu la légèreté des rayures et alourdit considérablement la partie haute sans que ça soit forcément nécessaire et c’est un peu le point négatif qu’on peut trouver à l’ensemble.

-Numéro 7 : JEF United Chiba.

Cela fait dix ans que Kappa utilise le même modèle d’uniformes. Bon, en variant au moins le design imprimé sur ceux-ci, la compagnie a réussi à vendre suffisamment pour rester active sur la scène footballistique. Mais les observateurs s’accordent à dire que, venant de Kappa, les créations ayant marqué les esprits se comptent sur les doigts d’une seule main. En fait, on retient juste le maillot de l’Italie de la Coupe du Monde 2002. D’abord parce qu’il a été le déclencheur de la longue période « lycra » amorcée par Kappa et dans laquelle nous nous trouvons toujours, ensuite parce qu’ils en sont tellement fiers qu’ils le vendent toujours. Concernant Chiba, le retour au vert et au rouge il y a quelques années annonçait déjà plein de bonnes choses, le bleu nuit utilisé précédemment n’ayant pas vraiment rendu service au club. Et ce maillot 2012, en plus d’afficher ces fameuses couleurs, reprend le design élaboré par Mizuno pour la première saison du club en J.League en 1993 ! Dans un style tout de même moderne -heureusement- voilà un bel hommage et un beau maillot.

-Numéro 6 : Gamba Osaka.

Le Gamba a lui aussi utilisé les mêmes uniformes depuis 2011, année de leur vingtième anniversaire. Poursuivant la tradition de l’équipe de jouer deux ans avec les mêmes uniformes, ceux-ci s’étaient faits remarquer pour avoir affiché un prix de vente régulier parmi les plus hauts dans le monde. En effet, à l’instar de la technologie Techfit Powerweb d’Adidas, Umbro avait innové en proposant des matériaux à la fois légers et très élastiques, tout en positionnant des petites bandes de TPU sous les aisselles. Le maillot reste à rayures, même si celles-ci sont quelque peu désordonnées. Elles sont d’apparences si différentes année après année qu’on se demande à quoi ressemblerait un maillot « traditionnel » du Gamba Osaka. Ici, elles sont surlignées au centre par deux fins liserés jaune fluo, couleur secondaire choisie par le club en 2011 pour rendre hommage au Brésil. Et il y a de quoi, ce n’est pas Leandro qui dira le contraire. L’ensemble soutenu par du noir reste élégant comme jamais et la coupe très ajustée fait passer tout l’effectif pour des athlètes accomplis… malgré la relégation. Un bon cru.

-Numéro 5 : Vegalta Sendai.

Ce maillot a marqué, en 2011, la terrible tragédie qu’a vécu la ville de Sendai en recevant de plein fouet le tsunami qui a causé dans tout le pays les dégâts que l’on sait et la paradoxale, quoique logique, ascension fulgurante du club vers le haut du panier de la J1. Ce maillot se démarque aussi par l’usage, non pas d’un design basé sur les couleurs comme ils en avaient l’habitude, mais d’un design basé sur les détails : l’ensemble du maillot est parsemé d’étoiles, symboles du club jusque dans son nom; Vega et Altair sont deux étoiles célébrées lors du festival japonais des étoiles Tanabata, plus spécifiquement célébré à Sendai. C’est non seulement une interprétation directe des origines du club mais aussi un clin d’œil à certains designs anciens qui utilisaient une multitude d’étoiles en surbrillance sur tout le maillot. Ajoutons à ceci une coupe travaillée et un effort de la part d’Asics pour que les logos ne se barrent pas au lavage (en les imprimant directement dans le tissu) et on obtient un excellent uniforme qui mérite bien sa cinquième place.

-Numéro 4 : Jubilo Iwata.

On dira ce qu’on voudra, le bleu ciel emblématique du Jubilo Iwata rend beaucoup mieux sur un tissu mat que sur un tissu brillant, comme celui utilisé durant les deux saisons précédant ce modèle. Ici, la teinte, associée au bleu nuit, est particulièrement agréable à l’œil. De plus, cette saison 2012 a vu les maillots des tchitrecs afficher un design personnalisé, contrairement aux cinq dernières années où Puma se contentait de colorier en bleu ciel ses modèles de base. Ce design personnalisé apparaît sous la forme d’une bande horizontale bleu nuit ornée de plusieurs fines bandes blanches, bleu nuit et bleu ciel, agrémentées du nom du club en surimpression. De plus, le logo même du club est également positionné en surimpression dans le bas du maillot. Ce n’était pas forcément utile mais c’est sympa. En réalité, cette bande horizontale est une reprise d’anciens maillots du club utilisés pour les matchs à l’extérieur de 1998 à 2002. Couleurs, symboles, tradition, clin d’œil, Komano, tout y est. Mais, parce que dans tous les autres domaines le Jubilo Iwata n’arrive pas à la hauteur de son rival local, il finit également ici derrière ce dernier, à la quatrième place. Voilà.

-Numéro 3 : Shimizu S-Pulse.

Le meilleur club du monde et de l’univers donne tout ce qu’il a pour son anniversaire. Après cinq années de lamentations, de pétitions à l’échelle planétaire et de grèves de la faim en masse, les vingt ans du club ont fait fléchir Puma, qui a enfin réhabilité la tradition de Shimizu consistant à arborer un globe terrestre ou une carte du monde sur ses maillots. C’est-à-dire que, les résultats n’ayant jamais aidé, l’équipe, qui a justifié en 1997 le choix de son symbole par son ambition de devenir réputé dans le monde, l’était surtout grâce à ses maillots originaux et souvent bien réalisés. Ici, le globe terrestre est certes plus sobre que par le passé mais cela est en phase avec les tendances du moment et cela permet tout de même de réintégrer le jaune dans les couleurs utilisées par le club. La coupe élégante, le col montant et l’impression directe des sponsors font le reste. La rédaction de Nylon Ganbare en a eu les larmes aux yeux.

-Numéro 2 : Sanfrecce Hiroshima.

Le partenariat entre Nike et Hiroshima a brisé la routine du club en matière d’uniformes. Équipé jusqu’en 2010 par Mizuno, le Sanfrecce s’est vu conférer des tenues gardant la pluralité des teintes de violet qui faisait déjà merveille avant, tout en affichant des designs monumentaux et largement inspirés par les premiers uniformes du club. Après la réinterprétation du maillot « vitrail » de ses débuts, c’est avec une nouvelle réinterprétation, cette fois du maillot « tartan » de 1996, que l’équipe a brillamment remporté le titre de champion du Japon en 2012. Si le design en lui-même a mis un peu de temps à faire l’unanimité, l’association des différentes teintes de violet, le sponsor sobre et local et les excellents résultats ont propulsé ce modèle vers une place privilégiée dans le cÅ“ur des fans de football japonais. Et aussi vers le haut de ce classement. En plus, il enterre complètement le maillot de Manchester United.

-Numéro 1 : Yokohama F.Marinos.

De l’avis général, c’est le grand gagnant de la saison 2012. Contrairement à Hiroshima, le maillot de Yokohama a été adopté immédiatement par le public de connaisseurs qui peuple la communauté francophone du football japonais. Il faut dire que l’annonce d’un retour chez l’équipementier historique du club, Adidas, après avoir passé quatre ans chez le grand rival Nike, avait déjà excité les foules et causé un certain nombre d’arrestations pour trouble à l’ordre public. Autant dire que l’uniforme des Marinos, qui plus est à l’occasion des vingt ans du club, était attendu au tournant. Et bien le contrat fut rempli : la couleur adoptée, un bleu légèrement plus foncé qu’avant, est un régal pour les yeux. L’incorporation du rouge, dont le dosage peut faire débat, reste globalement maîtrisé. Et le motif frontal stylisé mêlant vagues, rochers, mouettes et initiales du club parachève l’ouvrage d’une belle manière. Même le logo des vingt ans du club, placé sur la manche, est sympa. Bref, les mouettes remportent la palme.

Si vous n’êtes pas d’accord avec ce classement, vous pouvez proposer le vôtre dans les commentaires, ça sera plus utile que des insultes qui, elles, ne peuvent pas être habilement recyclées pour des prochaines rubriques.

Le mot du jour : TEAMWEAR

Dans le jargon du textile sportif, il s’agit d’un anglicisme, littéralement traduisible par « vêtements pour toute équipe », désignant les uniformes génériques prévus par les fabricants pour fournir tous les clubs dans le besoin, sans que ceux-ci aient besoin d’un contrat. En effet, ce type d’uniforme, qui peut être prévu pour l’entraînement ou pour les matchs, constitue généralement l’essentiel des catalogues accessibles à tous, amateurs comme professionnels. Reprenant les designs et matériaux de la collection du moment, ils sont déclinés en quelques coloris primaires et souvent exhaustifs.

A noter que certains contrats d’un équipementier avec des clubs professionnels des plus hautes divisions mondiales n’offrent à ceux-ci que des équipements teamwear. Cela permet aux équipementiers de fournir un nombre important de clubs professionnels sans perdre de temps à créer un design personnalisé. Les clubs concernés sont généralement des clubs « secondaires » dans leur pays et ont l’avantage par ce contrat d’obtenir des équipements en phase avec les évolutions textiles et de pouvoir, dans le meilleur des cas, choisir un coloris correspondant à leurs couleurs si celles-ci sont vraiment trop éloignées des couleurs proposées dans le catalogue.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : « Montpellier est champion de France mais ne se voit octroyer que des uniformes teamwear, ils sont donc sous-estimés et pas pris au sérieux. » (Toute ressemblance avec une réflexion faite sur le forum est parfaitement faite exprès.)

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

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