[Nylon Ganbare] Numéro 23

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Nylon Ganbare

Outre des standards très stricts et professionnels auxquels les équipes japonaises se tiennent résolument en ce qui concerne leurs tenues, il existe divers éléments indépendants de leur volonté qui ont renforcé le caractère unique de ces uniformes, fabriqués, jusqu’à il y a peu, sur l’archipel. Nylon-Ganbare, la rubrique qui ne tient pas qu’à un fil, les passe en revue pour votre gouverne (si elle est d’accord).

Les tissus

Tout d’abord, quelque chose qui ne se remarque pas à l’oeil nu. En effet, même quand les maillots japonais partagent un design avec plein d’autres clubs dans le monde, il y a une forte probabilité pour qu’il soit composé d’un matériau différent. Et par « différent », j’entends « meilleur ».

C’est-à-dire qu’à prix à peu près égal, on n’a pas l’impression d’acheter une nuisette, comme ça a pu être le cas par chez nous. Et plus généralement, ils présentent des avantages divers.

En 2003, le maillot des Kashima Antlers issu de la collection Cool Motion de Nike était composé d’un tissu un poil plus lourd qu’en Europe, mais paradoxalement plus respirant du fait d’une texture faite de mailles plus espacées. Résultat : les Antlers n’ont jamais eu besoin d’une deuxième couche sous leur maillot, au contraire du Barça, de l’Inter ou encore d’Arsenal.

Les Antlers, toujours, ont eu droit à un maillot encore une fois plus « aéré » que la normale en 2012. Y compris plus que la normale japonaise, puisque Urawa et Hiroshima ont utilisé le même matériau que les autres équipes de chez Nike par delà le monde. Un traitement de faveur qui compensa une certaine pauvreté au niveau du design (quand on compare avec les autres équipes nippones, bien sûr).

Puma est aussi coutumier du fait : depuis 2009, le tissu utilisé pour les maillots de Shimizu, du Jubilo, de Oita et du reste de la clique, diffère de ce qu’on peut trouver par chez nous. Entre 2009 et 2012, il était au Japon tissé de sorte à former de minuscules rayures verticales. Il présentait l’avantage d’être bien plus élastique et de s’adapter à la silhouette du porteur, ce qui n’était pas trop le cas ailleurs.

Oui enfin, ce n’est pas une raison pour imprimer n’importe quoi…

Depuis 2012, le tissu a changé, il présente désormais un nouvel avantage : celui de pouvoir y imprimer n’importe quel motif, y compris les sponsors. Cela évite d’alourdir le maillot avec des sponsors floqués. Et cela les empêche de se détériorer après plusieurs lavages. Il y a moins d’élasticité, mais la coupe des maillots concernés suffit à faire en sorte qu’ils soient près du corps.

Pour terminer avec les exemples de tissus exclusifs au Japon, on mentionnera le troisième « gros » larron : Adidas. L’équipementier de la sélection nippone chouchoute le pays du soleil levant, en proposant un tissu extrêmement léger, composé d’une multitude de micro-carrés entre lesquels l’air passe plus facilement. Ce tissu est utilisé depuis la coupe du monde 2010 par le Japon, mais il est possible qu’il change pour la prochaine collection. Certainement pour quelque chose d’encore plus pointu.

Les patchs

C’est en restant inchangé qu’il finira par être connu de tous.

Vous avez du vous en rendre compte depuis le temps, les maillots de J.League sont fabriqués directement avec le patch de la ligue sur la manche. Pendant très longtemps brodé et cousu, il est depuis quelques années floqué sur les maillots de plus en plus de clubs. Mais il est traditionnellement toujours là, inchangé depuis 1993 ! On ne peut pas en dire autant du patch du champion en titre, mais lui aussi fait partie du package de base.

C’est une particularité qu’on ne voit presque pas ailleurs. Là comme ça, je pense uniquement à la Major League Soccer. Elle propose aussi le patch de la ligue par défaut, également sur la manche des maillots.

Autre particularité propre au Japon concernant les patchs annexes, outre le fait qu’ils soient aussi appliqués en usine sur les maillots alors qu’on les paye en plus en France (cinq euros la pub, woohoo !) : beaucoup ont été conçus en broderies et cousus aux maillots. Et on avait vraiment l’impression de faire face à de la belle ouvrage, à un produit de qualité et aux finitions impeccables. Tout comme le patch de la ligue, la majorité est floquée aujourd’hui… mais certains peuvent, ponctuellement, être encore appliqués de cette façon, et c’est toujours une plus-value.

Les flocages

On a vu, les semaines précédentes, que les flocages de numéros affichaient presque systématiquement une personnalisation (logo ou nom du club). C’est déjà en soit un luxe qu’on n’a pas forcément dans les autres pays (même si les plus grands clubs passent aussi par là depuis quelques temps).

Mais les flocages, ce sont aussi les sponsors. Et si le matériau des sponsors a aussi longtemps été particulier au Japon, ça ne lui a pas rendu service. En effet, un matériau a été utilisé pendant de longues années pour fabriquer les diverses pubs plaquées devant, derrière, et sur les manches des maillots, et ce sans distinction aucune des équipementiers. Et ce matériau s’est révélé extrêmement fragile ! Après quelques passages à la machine, il se désagrégeait littéralement et laissait l’impression d’avoir brûlé.

Autant dire que beaucoup de supporters ont du tirer la tronche après avoir payé leur maillot plein tarif pour le retrouver dans un état de décomposition avancée, après quelques lavages seulement. Car oui, la lessive, ce n’est pas de l’électronique, donc même au Japon, elle n’est pas suffisamment élaborée pour contourner le problème.

Nagoya 2007. Une tragédie.

Ce problème a quasiment disparu, et les maillots récents peuvent être lavés sans souci (enfin, cette observation est basée sur les essais réalisés par la rédaction de Nylon Ganbare sur les pièces qu’elle possède, ce qui représente malgré tout un faible pourcentage par rapport aux quarante équipes qui chaque année renouvellent leurs paletots). Mais il n’y a pas si longtemps, en 2010, les maillots du Nagoya Grampus étaient encore atteints par ce fléau. Comme quoi, on est en droit d’émettre encore quelques réserves à ce sujet.

Les designs

Le plus évident, ce sont les maillots qui sont eux-mêmes conçus par les branches nippones des différentes marques, et qui présentent une apparence globale qui n’est partagée par aucun club d’un autre pays. Bon, avant les années 2000, à peu près tous les clubs avaient des designs propres… c’est surtout quand la standardisation des modèles a commencé que ce phénomène a vraiment été mis en valeur. Et c’est ce qui nous intéresse.

On pourra citer le cas des maillots Nike de la saison 2004 : Urawa et Kashima ont utilisé des maillots dont le design rappelait un peu la collection Total 90, mais celle-ci était concrètement prévue six mois plus tard, et les clubs japonais eux-mêmes allaient s’en servir pour la saison 2005. C’était donc bien une série à part, produite spécialement pour le Japon. On en avait déjà parlé ici mais ça reste un cas intéressant.

Kobe vs. Genoa

Asics, compagnie locale, fabrique tous les deux ans un ou deux modèles d’uniformes qui ne sont utilisés qu’au pays. On les voit surtout portés par les joueurs de Kobe et de Sendai. En Italie, où Asics est partenaire de plusieurs équipes de l’élite, les modèles sont très différents, souvent plus simples dans leur composition, et à la finition moins minutieuse.

Puma a, avant 2007, toujours proposé à Shimizu des designs uniques, quand les autres équipes japonaises utilisaient des modèles que l’on pouvait trouver dans d’autres pays. Entre 2007 et 2013, cela s’est estompé. Mais en cette année 2013, les clubs japonais se servent tous d’un design réalisé au Japon, et dont la seule équipe étrangère à en profiter est la sélection italienne, qui, en guise de promotion, n’a pas manqué de mentionner le pays d’origine de sa tunique.

Nul doute que ces caractéristiques perdureront, d’une manière ou d’une autre, dans le futur. Certaines disparaîtront peut-être, mais seront remplacées par d’autres, car le Japon est connu, dans plusieurs domaines, pour aimer les exclusivités. Dans le domaine du textile sportif aussi, visiblement !

Le mot du jour : ASYMÉTRIQUE

C’est une méthode de conception de design très courante, et ce depuis la nuit des temps (à une vache près). Comme son nom l’indique, elle consiste à présenter des différences de motif, de panneaux, ou plus simplement de couleurs entre les deux côtés de l’uniforme.

Elle est assez risquée, car elle a tendance à inciter le designer à s’affranchir des contraintes habituellement liées à l’équilibre visuel de l’ensemble : il peut en arriver à complètement craquer son slip. Beaucoup de designs asymétriques sont ratés à cause formes inadaptées à la silhouette de l’athlète (aplats gigantesques, pointes, serpentins…) et qui du coup provoquent un énorme déséquilibre. On échappe pourtant au pire, car cette méthode se limite généralement au maillot. Certains essais ont eu lieu sur le short et les chaussettes, et c’est précisément ce qui a incité les designers à en faire le moins possible depuis.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : « Ah, si mes tricots pouvaient se vendre aussi bien que les maillots du Barça… j’essaye de les faire aussi moches, pourtant. »

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

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