[Nylon Ganbare] Numéro 8

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Nylon Ganbare

Cette vendeuse à la sauvette tente sournoisement d’écouler sa marchandise.

Pour terminer ce palpitant dossier sur les contrefaçons, cette semaine sera consacrée comme promis à la J.League, qui a bien-sûr été touchée par le fléau. Ici encore, on peut y voir un gage de reconnaissance, puisque si le championnat n’intéressait personne, ces copies textiles n’auraient jamais vu le jour. C’est donc une sorte de témoin. Mais bon. Dans le cadre de cette conclusion, Nylon Ganbare, la rubrique qui vous déballe des tissus mais pas des tissus d’âneries, accueille un invité : la boutique en ligne Gsports, qui, bien que n’étant plus en activité (ce qui n’est pas un mal), présente l’avantage de conserver toutes les images des faux maillots de J.League qu’elle vendait jadis. Cela va nous permettre d’illustrer les descriptions. Pour le reste des illustrations des maillots, nous avons nos sources. Si la contrefaçon a touché la sélection nationale dès les années 90, elle ne s’est intéressée à la J.League que vers la moitié des années 2000, à savoir lorsque les maillots se sont standardisés sur l’archipel et qu’il est devenu plus facile de les copier, en fait. C’est le club local le plus populaire, celui des Urawa Red Diamonds, qui a eu le malheur d’inaugurer le mouvement.

2004 : première tentative.

Urawa Red Diamonds (Home) : La popularité, Urawa l’avait depuis un petit moment déjà. L’élément déclencheur de la création de copies de maillots a peut-être été le gain d’un premier titre en 2003 mais rien ne peut l’affirmer. Le maillot 2004 des Reds fut lui-même assez populaire grâce à son sponsor frontal, Mitsubishi Motors, propriétaire de l’équipe depuis sa création. Et le design était assez intéressant, utilisant plusieurs teintes de rouge. Alors cette première contrefaçon de J.League a t-elle su reproduire tout cela ? Il ne faut pas tourner autour du pot : en apparence, les deux maillots sont très ressemblants. Les couleurs, le design… et même le sponsor manche est brodé et cousu sur le fake, comme sur l’original ! Mais heureusement, il y a toujours des différences qui permettent de s’y retrouver. Le signe le plus facile déjà : l’étiquette du col. L’original a une étiquette tissée et cousue, tandis que la copie se réfère aux modèles européens de Nike et applique des informations thermocollées. Ensuite, les matériaux : ils sont très éloignés de ceux utilisés sur le vrai maillot, qui emploie un tissu à effet lotus rouge clair et une sorte de moustiquaire rouge foncé sur les flancs. Le faux maillot emploie un tissu assez générique d’un rouge moins clair, qui ne repousse absolument pas l’eau, et un mesh aéré rouge foncé qui ne ressemble pas du tout au genre de moustiquaire que l’on trouve sur le vrai. Enfin, les logos : leur finition laisse à désirer et il faut s’attendre à ce qu’ils se décollent après quelques lavages en machine. Le logo de la J.League est littéralement intégré dans la manche alors qu’il est traditionnellement appliqué par dessus sur les vrais maillots.

Mais la vraie curiosité vient de l’édition « Vodafone Cup » du faux maillot et de la déclinaison de celui-ci en manches longues. En effet, ni la version « Vodafone Cup » ni la version en manches longues n’étaient commercialisées officiellement, ce qui est risqué pour les faussaires car on peut facilement se dire que l’on fait face à des faux en voyant ces maillot vendus à des prix défiant toute concurrence. Y avait-il la clientèle derrière ? Pas vraiment, car les Japonais savaient détecter les copies et ne les achetaient pas. On peut supposer que ces versions furent produites en très petit nombre.

2005 : après une première approche discrète, la contrefaçon met les pieds dans le plat lissé et argenté qu’est la J.League. L’année 2005 peut être considérée comme un véritable pic de production et de ventes de maillots japonais contrefaits, le nombre de clubs concernés étant sans précédent. Alors oui, c’était facile de faire mieux qu’un seul club, mais on parle ici de neuf clubs, soit la moitié de la première division !

Du travail facile.

Urawa Red Diamonds (Home & « Away ») : nos copains de Thaïlande ayant déjà reproduit le maillot de Manchester United de la saison 2004/2005, il leur est très facile de se baser dessus pour créer celui d’Urawa. Si la différence la plus évidente entre les deux maillots est respectée (les parties blanches sur les épaules), on peut s’apercevoir qu’ils n’ont pas été beaucoup plus dans le détail car il manque la devise « We Are Reds ! » dans le bas du dos. Contrairement à 2004, les logos des manches sont thermocollés mais cela ne vient pas du fait que ce soit une contrefaçon : il y a eu des économies de fil sur les maillots officiels également. Le blason est tout de même brodé sur les deux spécimens. Étant donné que le modèle de Nike est quand même devenu assez cheap cette année-là, le faux n’a pas trop de mal à se faire passer pour son modèle. On peut quand-même le repérer grâce au positionnement un peu trop bas du blason.

Le vrai et le faux. Du grand délire.

La curiosité, car il y en a une, c’est le maillot extérieur. Le club réutilise le maillot blanc et gris de 2004 avec son nouveau sponsor. Pour une raison qu’eux seuls connaissent, les fabricants hors-la-loi ont décidé d’inventer complètement un maillot extérieur à contrefaire, un maillot fictif que le club n’aura donc jamais utilisé : c’est le même que le maillot rouge mais en blanc. Ce n’est pas très beau mais ça aura eu le mérite de faire ricaner la rédaction de Nylon Ganbare. Et puis comme ça, il y a bien moins de risques de se laisser abuser.

Kashima Antlers (Home & Away) : A part ceux des diamants rouges, les maillots de J.League contrefaits en 2005 présentent la particularité de n’afficher que des logos et sponsors en flocage thermocollé, blason compris. C’est bienvenu car ça permet de repérer les faux en toute simplicité. Sur ceux de Kashima, dont le design aurait pu être utilisé pour fabriquer le « vrai » maillot extérieur d’Urawa au passage, il semble qu’on a quand-même tenté de représenter les reliefs sur le blason en utilisant un contour plus foncé. Un artifice bien inutile : il suffit de jeter un Å“il sur les manches pour voir que tout est floqué et de déceler ainsi l’origine douteuse du maillot. Notez que les vendeurs de ces copies proposaient parfois le flocage du numéro huit de l’époque, Mitsuo Ogasawara, assez fidèlement reproduit, quoi que parfois sans le logo du club dans le numéro.

Tokyo Verdy (Away) : Sûrement trop vert pour les machines, seul le maillot extérieur du Tokyo Verdy 1969 a été copié en 2005. Ici encore, le design est bien imité mais, comme toujours, les logos collés trahissent assez clairement sa nature frauduleuse. Autre détail pouvant mettre la puce à l’oreille : le sponsor frontal, d’un vert beaucoup plus fluo et flashy que sur l’original. Pour les jeunots qui nous lisent, sachez qu’il s’agit là du maillot que Verdy a porté pour descendre en deuxième division pour la première fois. Ouh, que c’est mesquin.

F.C. Tokyo (Away) : Pas de jaloux dans la capitale, le second club de Tokyo n’aura, comme son voisin, à subir que la copie de son maillot extérieur. Un maillot très simple mais qui a eu beaucoup de succès auprès des fans. Ici encore, tous les logos sont floqués et c’est pratiquement le seul détail qui peut vous détourner d’une méprise ici. Bien sûr, l’étiquette interne trahit à tous les coups les contrefaçons mais il faut avoir le maillot dans les mains pour l’observer. Pour Tokyo aussi, le maillot domicile aurait pu être copié puisqu’il partageait le même design que le maillot de Niigata, qui lui a été copié. Mais au moins, on nous a épargné un maillot domicile fictif cette fois. A y réfléchir, c’est dommage, on aurait sûrement bien rigolé.

Albirex Niigata (Home) : Niigata, le club le plus populaire avec Urawa, a lui aussi été victime de son succès (pas de ses succès, qui frôlent le zéro absolu). Il n’est pas étonnant de voir le maillot reproduit avec facilité et une certaine fidélité, étant donné que d’autres clubs, surtout en Europe, partagent le même modèle de chez Adidas et ont été également copiés. Ce qui peut paraître un peu plus surprenant, c’est que ce modèle ne sera adopté en Europe qu’à la mi-saison de la J.League 2005. Est-ce Niigata qui a inauguré ce modèle chez les faussaires ? On pourrait le croire. Reste que les logos sont toujours collés, y compris sur les manches, et il est donc toujours aussi simple de démasquer les copies.

Cet exemplaire contrefait a plutôt mal vieilli. On pouvait s’y attendre.

Yokohama F.Marinos (Home) : Le maillot extérieur est boudé car il présente des couleurs pas très représentatives du club (gris et noir) et adopte le même modèle que Tokyo et Niigata, qui, comme vous le savez, a été uniquement testé sur le champ des cygnes. Le maillot domicile des Marinos est contrefait. C’est un modèle datant de 2004 et donc déjà étrenné par les faussaires depuis un petit moment avec d’autres équipes (dont le Japon). Les logos collés peuvent ne pas suffire à voir l’arnaque pour celui-ci car ils sont quasiment tous collés sur le maillot original aussi. Alors comment faire ? Il suffit d’observer le sponsor frontal Nissan, dont certaines lettres diffèrent du vrai logo de la marque automobile et surtout dont la taille totale est bien plus réduite que sur le vrai maillot.

Nagoya Grampus Eight (Home) : Pourquoi s’intéresser au maillot de Nagoya ? L’équipe n’est pas particulièrement balèze, son équipementier n’est pas des plus répandus et son maillot n’est pas des plus traditionnels (où est le jaune ?). Je n’ai pas d’autre réponse sous la main que « c’est pour varier un peu la marchandise et toucher le plus de monde possible », autrement j’ai du mal à comprendre, à moins qu’il y ait beaucoup de francophiles parmi la clientèle visée. Le maillot est particulièrement bien imité, au passage, mais les logos collés l’empêchent de devenir un clone parfait.

Shimizu S-Pulse (Home & Away) : Incontournable équipe du championnat japonais, il était presque naturel de voir Shimizu imité… mais pas égalé. Traitement particulier pour cet illustre club au grand cÅ“ur : les deux maillots sont copiés, le orange comme le gris. Traitement particulier donc, car même si le design complexe de carte du monde élaboré par Puma est bien retranscrit et en étonnera plus d’un (bien que légèrement plus brillant), il y a pas mal de signes qui font s’écrouler toute la crédibilité de ces versions non-officielles.

On est loin d’atteindre ce modèle de pureté.

D’abord, tous les logos sont collés. Sans rire. Ils sont quasiment tous brodés sur l’original. Ensuite, il est marqué « AUSTRIA » au lieu de « AUSTRALIA » sur la carte du monde. Il faut aller à l’école, les gars ! Et puis l’absence d’une grosse étiquette indiquant l’usage destiné au maillot (supporters ou effectif pro) et cousue en bas à gauche sur le maillot officiel, saute aux yeux. Puis, la taille indiquée (« XL ») est incorrecte puisque chez Puma, comme chez pas mal d’autres équipementiers, la taille japonaise équivalente affichée est « XO » (au passage, l’extra large est la seule taille éditée pour toute la gamme de contrefaçons de J.League en 2005, ça aide aussi à se méfier). Cette étiquette est d’ailleurs identique aux étiquettes européennes, grise et collée, alors que Puma intégrait déjà en 2005 ses nouvelles étiquettes tissées et rouges aux maillots de Shimizu. Mais surtout, le blason adopté sur les faux maillots est un crime contre l’humanité : le bleu et le orange sont inversés ! De plus, les traits passent à travers le texte central « S-Pulse ». Même de loin, ça se voit. La version en manches longues (car elle existe) est également incorrecte car les bouts des manches sont différents de ceux utilisés par les professionnels auxquels ces manches longues sont, à l’époque, réservées. Et bien entendu, contrairement à l’original, le faux maillot de Shimizu ne guérit pas de la lèpre au toucher.

Les vrais et les faux.

Jubilo Iwata (Home & Away) : Difficile de tester la qualité et le confort du tissu puisque les vrais comme les faux filent de l’urticaire. En tout cas, les teintes de bleu utilisées sont différentes sur les fausses versions et ce n’est pas qu’un problème de lumière. Logos collés (rassurez-vous c’est la dernière fois que je dis ça) et étiquettes différentes dans le col parachèvent l’imperfection. Imperfection, voilà un substantif qui se trouve dans le bon paragraphe, ma foi.

2006 : certaines équipes ne changeant pas de maillot, les faussaires se sont attardés sur leurs « équipes-phare », qui elles adoptaient de nouveaux uniformes, à savoir Urawa et Kashima. Les fakes de Verdy, Niigata et Nagoya pouvaient eux continuer à se vendre tels quels.

Urawa Red Diamonds (Home) : La collection de Nike sortant chronologiquement au Japon après être sortie en Europe, les fakes adoptant le design du moment (le même pour tout le monde, standardisation maximale) est déjà énormément copié au moment où la saison de J.League 2006 débute. Les copies 2006 du maillot des Reds sont impressionnantes tant elles frôlent la perfection. Le design est fidèlement reproduit, les logos sont brodés et cousus ou collés selon la méthode adoptée sur l’original, le tissu est identique à celui utilisé sur le vrai… seule l’étiquette intérieure des instructions de lavage peut trahir le faux maillot. Et aussi le fait que l’étiquette du col s’en aille facilement au lavage. Et bien entendu, le fait que le maillot ne soit vendu qu’en taille M ou XL. De plus, une légère surbrillance formant trois grosses rayures verticales pouvait être observée sur l’officiel, et on ne la retrouve pas sur le fake. Mais il faut avoir l’œil. Le retour de Shinji Ono au club cette année-là pousse les vendeurs à proposer des flocages, tout aussi bien reproduits, accompagnant certaines de leurs contrefaçons. On trouvait principalement celui de Shinji Ono, mais aussi celui de Marcus Tulio Tanaka et celui de Tatsuya Tanaka. Et possiblement celui de Keita Suzuki mais ce n’est pas certain.

Kashima Antlers (Home) : Même design que pour Urawa, donc facile à faire. Les couleurs changent et reprennent bien les coloris du maillot officiel. Ici encore, les logos sont cousus quand ils doivent l’être et floqués quand ils doivent l’être. Il y a le même problème de l’étiquette intérieure, de l’étiquette du col qui se fait la malle et de l’absence des trois rayures en surbrillance sur le devant du maillot. Pour qu’il n’y ait pas de jaloux, les vendeurs proposaient aussi des flocages « officiels » sur leurs maillots de Kashima mais les numéros proposés étaient parfois curieux (quid du numéro 34 ?). Les deux tailles existantes pouvaient toujours aider à savoir si le maillot était faux ou non avant de l’acheter.

2007 : sans raison apparente, cette année 2007 renouvelle le catalogue des faux maillots de J.League avec une ampleur similaire à 2005. C’est le deuxième pic, avec pas moins de dix clubs singés. Et possiblement le dernier avant un moment.

Urawa Red Diamonds (Home / ACL) : Tout auréolé de son premier titre de champion du Japon, Urawa voit (ou plutôt ne voit pas puisque ça se fait en cachette) son maillot à nouveau falsifié. C’est le moment où Nike, avec la Coupe du Monde en Allemagne, décide de partir vers des tendances très rétro et épurées, que seuls quelques micro-détails viennent enrichir. Le maillot d’Urawa est un peu à cheval entre le rétro total et le design par panneaux que Nike prônait jusqu’alors. A la limite du rouge intégral, ses manches sont reliées au corps par un joint épais en mesh respirant. Le bout des manches et le col sont formé de deux bandes, une noire et une blanche, qui n’est pas sans rappeler la principale source d’inspiration de l’équipe : Manchester United. Le design, les deux tissus utilisés, les nouveaux logos (sponsor Savas et badge de « super champion ») sont parfaitement reproduits, de même que la nouvelle étiquette du col. L’étiquette intérieure reste générique et propre aux faux maillot, cela dit. Un grand nombre de flocages était proposé cette année-là. Ono, Tulio, Tatsuya, Keita, Washington, Tsuboi… mais paradoxalement, le flocage était finalement le point faible des copies puisqu’il se décollait facilement. Cela concernait aussi le sponsor frontal Savas.

Un petit comparatif.

Le club ayant eu l’idée de modifier un peu le maillot pour l’Asian Champions League, en signant un contrat avec un sponsor unique et différent pour cette compétition (DHL) et en ajoutant la mention « Japan » sous le blason, cette deuxième version a aussi été copiée. Il faut dire que le club a, au final, remporté la compétition, c’était donc un bon filon pour écouler des faux maillots. Ici encore, le flocage est respecté, avec le nom du joueur positionné dans le haut du dos (en bas pour les matchs de championnat). Mais il manque la mention « Japan » sur les maillots contrefaits.

Shimizu S-Pulse (Home) : J’aime bien Shimizu S-Pulse. J’aime bien les maillots de football. Pourtant je n’ai pas aimé le maillot de la saison 2007. Le maillot officiel hein. Alors la contrefaçon ? Pouah ! Bien sûr, il est orange mais c’est à peu près le seul point commun ; et encore, la teinte n’est pas la même. Il y a un manque flagrant de finition. Le logo du sponsor présente de légères différences au centre, le blason du club a des couleurs un peu pâles et est fabriqué à la façon de blason utilisé entre 1997 et 2006. Mais en 2007, Puma a choisi de le fabriquer autrement et ça ne ressemble plus du tout à la même chose et donc pas du tout à celui présent sur les faux maillots. Les logos Puma sont floqués et pas cousus, il manque le logo « technique » dans le bas du dos et la grosse étiquette en bas à gauche. Les panneaux noirs en forme de… je ne sais pas… d’ailes… ou d’une peau de banane vue de profil, censés être composés d’une matière aérée, sont transcrits par une simple impression noire sur le tissu orange. Sur certains maillots, il manque le sponsor Glico dans le dos. Il manque aussi le sponsor Japan Airlines sur la manche, cette fois sur tous les maillots. Le logo de la J.League, sur l’autre manche, reste ce qui s’approche le plus du vrai maillot mais les bords du logo sont noircis pour une raison inconnue, ce qui là aussi fait en sorte que… bah… c’est raté. Des flocages étaient proposés et, si les numéros avaient une forme assez similaire à ceux portés par les joueurs, le logo du club était absent de ces mêmes numéros et la police de caractères utilisée pour les noms n’avait rien à voir. Un bien beau détritus, n’hésitez pas à tacler sur du stabilisé avec.

Jubilo Iwata (Home & Away) : De la même manière que Shimizu (qui décidément n’a de cesse d’inspirer ce petit club rural), les faux maillots d’Iwata de la saison 2007 étaient assez faciles à distinguer. Motif imprimé, absence d’hologramme, d’étiquette arrière, logos collés, matériau basique, flocage sans logo du club… En réalité, ils étaient si laids qu’une loi a été mise en place sur internet visant à censurer toute photographie où ils apparaîtraient. Du coup, on ne peut vous les montrer.

Gamba Osaka (Away) : C’est le petit nouveau, avec JEF United. Globalement bien imité, la coupe un peu carrée et la taille unique (XL) permettaient de s’apercevoir qu’il y avait anguille sous roche. Les logos s’effilochent au bout d’un moment. Par contre, le flocage proposé accessoirement, celui d’Endo, était à la limite de la perfection, dans la forme comme dans l’exécution. Sans conteste un argument de vente pour viser les fans.

Albirex Niigata (Home) : Niigata s’est contenté cette année de jouer avec un maillot reprenant le design du moment de chez Adidas, sans aucune fioriture supplémentaire sinon un cygne géant sur le devant du maillot des professionnels et un petit cygne bleu sur les fesses… des professionnels. Mais le fake copie le replica. Autant dire qu’il leur a suffit de prendre un faux maillot de l’OM et de le peindre en orange. Du coup, on ne peut pas vraiment trouver de faille sinon la taille unique, toujours du XL, et l’étiquette intérieure, malheureusement invisible sur les photos des vendeurs.

F.C. Tokyo (Home) : Cette fois, c’est le maillot domicile qui est copié. Mais c’est un peu la même problématique que pour Niigata : c’est surtout parce que l’un des trois modèles principaux d’Adidas qui est utilisé par le club et qu’il fallait bien qu’il soit copié pour certains clubs européens. Il est bien copié, tout comme Niigata. Le « T » enflammé présent dans le bas du dos n’a pas été oublié et les éléments permettant de déceler la supercherie sont les mêmes que pour Niigata : la taille unique et l’étiquette intérieure.

Yokohama F.Marinos (Home & Away) : Yokohama utilise le même modèle de maillot que Niigata, aussi bien à domicile qu’à l’extérieur. Il n’est pas surprenant de voir les deux maillots copiés avec un certain degré de précision. De plus, la taille Medium a été éditée pour cette équipe. Ce qui la met dans le cas classique « M & XL », tout aussi bien révélateur de faux maillots. Avec, bien-sûr, l’étiquette intérieure. Comme ça a été le cas pour Tokyo, quelques flocages sont proposés (Nakazawa et Suzuki). Les numéros n’incorporant pas l’ancre, symbole du club, comme c’était le cas sur les officiels, cela aidait également à savoir à quoi on avait affaire.

Tokyo Verdy 1969 (Home & Away) : Le design quasi-inexistant des maillots Kappa font de la plupart de leurs tenues des cibles faciles. Certains clubs européens en avaient déjà été victimes auparavant, comme la Sampdoria de Gênes, et voilà que c’est au tour des clubs japonais. Pas de Sapporo, cependant, pas assez intéressant sportivement. A première vue, le maillot est bien rendu, mais les matériaux utilisés sont similaires aux maillots européens, alors que Kappa utilise des matériaux différents au Japon. Cela se voit à l’oeil nu. Un positionnement approximatif des gros logos Kappa sur les épaules et l’absence totale d’étiquette dans le col confirment qu’il s’agit d’un faux. Pour Verdy aussi, un flocage « star » était proposé, celui de Hiroshi Nanami. Pas grand chose à dire sur ce flocage, qui était très bien imité et en lui-même impossible à qualifier de faux. Sauf dans certains cas où le logo du club était oublié dans le numéro. Les maillots de Verdy étaient fabriqués en taille M et XL.

Le suspect numéro un.

JEF United Chiba (Home & Away) : Un maillot Kappa tout jaune ou tout blanc, du gâteau. Ici aussi, le problème des matériaux et de l’étiquette du col est visible. Ici aussi, un flocage était proposé et plutôt bien fait, celui de Seiichiro Maki. Même la devise du club, « Win by All ! », était ajoutée sur les maillots contrefaits floqués. Par contre, seule la taille XL était fabriquée pour JEF United.

Nagoya Grampus Eight (Home & Away) : Nagoya a aussi eu droit à ses fakes cette année-là. Mais comme les maillots officiels étaient déjà sans intérêt, personne n’a acheté les contrefaçons et il n’y a plus aucune image sur internet de ces spécimens. Mais pour les avoir vus en vente à l’époque, Nylon Ganbare vous certifie leur existence.

2008 : la tendence minimaliste et rétro de Nike s’attire les faveurs des fabricants malhonnêtes, qui se concentrent sur les clubs de la marque au swoosh. Cependant, JEF est toujours présent sur le marché car les maillots du club changent peu avec Kappa (comme c’est étrange) et restent faciles à reproduire. On pourrait se demander pourquoi Verdy n’a pas eu le même traitement mais baste, passons.

Urawa Red Diamonds (Home & Away) : Les maillots sont calqués sur le design de celui de Manchester United, copié depuis plusieurs mois. Donc, le savoir-faire est là et les deux exemplaires sont, en apparence, fidèles. Mais la coupe est trop ample, le col trop large, les sponsors et la rayure verticale du dos peuvent se décoller, l’étiquette intérieure est toujours mauvaise. Pan. D’un autre côté, on pouvait cette fois demander n’importe quel flocage, assez bien reproduit au passage. Les tailles proposées étaient M et XL, la routine. Voilà c’est à peu près tout.

Kashima Antlers (Home) : Le style Flamengo plaît aux fans, et ce n’est pas tombé dans l’oeil d’un aveugle. Ça n’aurait pas changé grand-chose pour lui, de toute façon. Le maillot est là aussi facile à reproduire, toute l’essence du design résidant dans les rayures horizontales imprimées et pas dans un travail en panneaux complexes et en coutures alambiquées. C’est vrai que Nike fait depuis quelques temps dans ce qu’on pourrait qualifier de Malevitch textile. Certains aiment, d’autres pas. Les faussaires aiment. Comment repérer le faux ? Il est moins confortable à porter que le vrai, le flocage est un peu plus lourd. Les couleurs sont un peu différentes selon la lumière et l’étiquette intérieure est incorrecte. C’est à peu près tout.

Yokohama F.Marinos (Home & Away) : C’est un peu le même problème qui frappe Yokohama. Une fois passés chez Nike, les maillots sont devenus vraiment très simplistes et la principale difficulté devient le découpage des panneaux latéraux, légèrement angulaires, sans plus. En plus, en dehors du logo du club, le flocage est le même que pour Kashima et Urawa. Il était donc proposé sur les contrefaçons. Ici encore, difficile de distinguer le vrai du faux, il faut pouvoir toucher le tissu pour se faire une idée ou regarder l’étiquette à l’intérieur du maillot. Ou sinon, on regarde s’il y a un code-barre sur l’étiquette attachée à la manche, c’est vieux comme le monde.

JEF United Chiba (Home & Away) : Si ces maillots de JEF sont identiques aux originaux, c’est que Kappa l’a bien mérité. Voilà. A part la qualité des logos et les tailles manquantes dans le catalogue (toujours les mêmes), il n’y a pas vraiment de différence. A croire que la lutte contre la contrefaçon ne fait pas partie des priorités de Kappa. En fait, à ce moment-là, ils doivent être tellement surpris de voir leurs maillots singés qu’ils sont pris un peu au dépourvu. Il faut dire que la fabrication, inchangée depuis 2000, est restée tranquille pendant cinq ou six ans, et rien ne laissait présager que ça allait changer. Mais certaines équipes sous contrat, comme le Werder Brême, ont connu une réussite passagère entraînant de la demande. On connaît la conséquence pour Kappa. Et c’est bien fait pour eux.

2009 : ça se calme sérieusement du côté des fakes. Il faut dire que Nike n’a renouvelé que l’équipement d’Urawa. Et encore, seulement à domicile. Urawa est donc au rendez-vous des sorties officieuses et s’affiche comme la victime préférée de ces producteurs de l’ombre. Mais 2009 réserve une surprise : le Gamba Osaka. Bien qu’Umbro ait encore une fois élaboré un équipement complexe pour Osaka, celui-ci a quand même été copié.

Urawa Red Diamonds (Home) : Le tissu est réminiscent  des années précédentes et déjà bien ancré dans le catalogue des faussaires. Le design est assez simple, les panneaux composant le maillot étant très angulaires. Aucune difficulté à être reproduit. On peut détecter la contrefaçon en observant la coupe, bien plus ample chez les faux, et l’étiquette attachée au maillot, qui est rouge et affiche un code-barre sur les vrais et qui est blanche, sans code-barre et pas toujours fixée au bon endroit (officiellement la manche droite). Tout l’effectif est proposé en flocage, ce qui tentera un certain nombre de fans, y compris chez les Japonais.

Gamba Osaka (Home) : De loin, le maillot est fidèlement reproduit, on le reconnaît, on est intrigué, on s’approche pour voir de plus près. Et là, ce n’est pas le drame mais ce n’est pas terrible malgré tout : le tissu utilisé pour le mesh repisrant sur les flancs est le même que pour les panneaux principaux accueillant le motif et le mesh y est imprimé en trompe-l’œil ! Ce n’est pas une façon de faire complètement nouvelle, car Kappa le faisait officiellement pour ses replicas à la fin des années 90. Ça reste cheap. Les logos sont plutôt habilement réalisés mais les étoiles situées au-dessus du blason sont ratées. Toutes les étoiles se touchent, l’année et le trophée censés être affichés en hologramme au milieu de l’étoile correspondant à un titre remporté sont, sur les faux maillots, simplement imprimés, dans une couleur grise dégueulasse. Le col est trop large, la coupe aussi. Les flocages proposés sont fabriqués en plastique, faute de pouvoir reproduire un flocage brillant autrement, du coup l’apparence métallique obtenue trahit vraiment l’ensemble, sans parler du nom du club marqué en noir sur les faux numéros, alors qu’il était d’un léger gris sur les vrais. C’est bien pour se taper un match entre copains sans craindre d’abîmer son maillot mais aller au stade avec ça, c’est le risque de passer pour un charlot.

2010 : le mouvement s’essouffle complètement et Urawa en est le dernier survivant. Nike a mis en place une fabrication de blasons plastifiés et souples difficiles à reproduire. Pourtant, les faussaires y parviennent mais cela leur a pris du temps et les faux maillots des Reds mettent plusieurs mois à arriver sur le marché de l’internet. Tout les supporters ont déjà leur maillot officiel à ce moment de l’année et ces copies n’ont sûrement pas trouvé de clientèle, malgré l’offre de flocage à volonté.

Urawa Red Diamonds (Home) : Une coupe trop large est principalement ce qui laisse transparaître l’origine de la copie. Le reste est assez bien reproduit et des efforts ont même été faits pour réussir à copier le blason plastifié censé contrer… la contrefaçon. C’est sûrement cela qui a « retardé » la mise en vente de ces faux maillots. La mise en page des annonces de vente et le prix demandé par les vendeurs sont les autre facteurs cruciaux pour repérer ces maillots frauduleux. Encore une fois, tout l’effectif était proposé en flocage mais, globalement, les gens doutaient suffisamment de la qualité du machin pour ne pas se laisser tenter. Ça a dû participer à freiner la pratique au point de l’annihiler sur le territoire de la J.League. En plus, le club jouait mal.

Depuis, c’est le calme plat. Même les maillots des diamants rouges ne sont plus apparus sous forme non officielle depuis 2010. Mais Nike produit des maillots tellement épurés depuis la saison dernière que ça pourrait bien encourager cette « industrie alternative » à se remettre en marche au pays du soleil levant… même si c’est déjà le cas en permanence avec la sélection nationale.

Le mot du jour : TECHFIT

Contraction de « Technical Fit » ou « Technological Fit » (du diable si je sais lequel est le bon), le terme désigne toute une gamme de produits de la marque Adidas, celle aux trois bandes. On préfère utiliser la contraction principalement parce que le terme complet est encore un anglicisme (et au bout d’un moment c’est gonflant) et parce que c’est le nom officiellement utilisé.

Alors le nom, c’est bien joli, mais il faut aussi un peu regarder ce qu’il désigne. La gamme concernée se décline majoritairement en t-shirts et maillots, ceux-ci présentant la particularité d’être très près du corps, très élastiques et affublés par endroits « stratégiques » de bandes en TPU, du polyuréthane thermoplastique. Je ne l’écrirai qu’une fois. Non, pardon, je ne ferai le « copier-coller » qu’une fois. Le but de la manÅ“uvre est d’offrir toujours plus de confort, de liberté de mouvement et en plus il paraît que le TPU récupère l’énergie des muscles quand on trottine gentiment et la redistribue quand on essaye de mettre une lucarne. C’est super intelligent.

Deux façons de repérer un Techfit dans la nature sauvage et pleine de dangers. Premièrement, les bandes en TPU forment un « X » dans le dos du maillot, sujet à de nombreux quolibets venant d’amateurs d’uniformes un brin conservateurs. Deuxièmement, je l’ai déjà mentionné, les Techfit sont vendus très cher. Quand on connaît le nom complet du TPU, on peut se dire que ça vient de là mais on ne peut pas s’empêcher de penser qu’Adidas se fait une marge indécente en jouant sur un effet de mode plutôt que sur un réel effet technique.

Bizarrement, la Premier League refuse la présence de ce TPU sur les maillots de ses clubs mais le prix à la vente reste le même. Au passage, les joueurs ont le choix, lors des matchs, de porter un maillot Techfit ou un maillot traditionnel. On peut ainsi s’apercevoir que les avis sont partagés.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : « Le drapeau de la ville d’Amsterdam, avec ses trois « X », il ne doit pas être donné.«  ou encore « Ça t’exfite ce maillot moulant hein ? »

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

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