[Nylon Ganbare] Numéro 14

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Nylon Ganbare

Ce qu’on aime bien avec le Pays du Soleil Levant, c’est qu’ils s’accaparent vraiment le football et le pratiquent à leur sauce : les tournois des lycées, les journées des supporters en pré-saison, les faux gardiens de but et les contrats bizarres. Parmi tout ça, ce qui intéresse Nylon Ganbare, la rubrique échangée en fin de match, ce sont les contrats bizarres. On entend par là ces contrats signés avec plusieurs équipementiers pour une même période. Et à ça, tout le monde y a eu droit. Les clubs et la sélection nationale. L’intérêt de la manÅ“uvre, c’est de permettre à plusieurs marques de fournir des uniformes en fonction de la section de l’équipe ou de la compétition jouée. En sélection, c’était surtout en fonction de la section (les A, les Olympiques, les Espoirs, etc.) mais le design restait le même (niveau droits d’auteur, c’était super). En ce qui concerne les clubs, cela dépendait surtout de la compétition jouée. Et en général, c’est pour jouer les différentes coupes que la tenue variait un peu de celle utilisée toute l’année en championnat. Et puisque pour les clubs, le design changeait, cela justifie que nous consacrions cette rubrique à regarder un peu à quoi ils ressemblaient jusqu’à maintenant.

Pour clarifier un peu les choses d’entrée, cette semaine, on va classer les différents cas observés en trois grandes catégories : les maillots fidèles, les maillots basiques et les maillots complètement pétés. Les premiers se remarquent par le fait qu’ils pourraient parfaitement être utilisés en championnat sans trahir l’image de l’équipe. Les seconds sont des maillots sortant du catalogue de l’équipementier et produits dans la couleur de l’équipe concernée, sans trop se fouler. Les derniers sont les maillots complètement pétés.

Grand un РLes maillots fid̬les

Un certain nombre des tenues utilisées par les clubs en 1992, c’est-à-dire avant que la J.League ne démarre, figure dans cette catégorie. Ils sont conservés par les équipes pour jouer les coupes jusqu’en 1996 et la fin du contrat d’exclusivité qui liait la marque Mizuno au championnat et qui nous aura permis d’observer pendant quatre années de bien belles horreurs. En effet, les équipes étaient fournies par leurs équipementiers pré-J.League, qui pour le coup venaient d’un peu partout. De ce fait, si on cherchait de la sobriété, celle-ci avait plutôt sa place en coupe, comme on peut le voir avec le Verdy Kawasaki, qui s’est contenté de jouer dans un maillot vert uni et son habituel short blanc, sans fioriture ou autre peau de pastèque. Moui, en fait c’est un peu le même qu’en championnat sans l’effet pastèque, quoi. Il était fait par Puma.

Puma s’occupait aussi du célèbre club des Urawa Red Diamonds et lui a conféré dès 1992 un maillot rouge affublé d’une bande horizontale blanche dont les bordures étaient un peu confondues avec des rayures verticales noires et blanches. Un short blanc et des chaussettes noires, devenus emblématiques, accompagnaient le tout. C’est cette tenue qui a été utilisée en Coupe Nabisco jusqu’à ce que Puma en produise une nouvelle en 1994, qui reprend un peu le même motif sans la bande blanche. Cette bande blanche, au passage, réapparaîtra en 2012 sur le maillot des vingt ans du club. A l’extérieur, les couleurs historiques sont respectées (blanc et noir), même si en championnat le club joue en bleu. Le design reste dans l’esprit des diamants avec ces formes pointues dessinées à l’épaule. Un bel effort vu que ça n’a pas été utilisé beaucoup de fois.

Dans une situation quasiment similaire, Shimizu S-Pulse a aussi utilisé jusqu’en 1996 ses uniformes de 1992. Pour le coup, le maillot domicile affichait plus de jaune que de orange, qui lui était plutôt présent sur le short. Étant donné qu’il s’agit officiellement du premier maillot du club, il est tout à fait normal de considérer le jaune comme une des couleurs historiques de Shimizu. Alors où est-il aujourd’hui ?! En tous les cas, c’est ce set qui a démarré la tradition d’afficher une carte du monde sur le maillot et qui a inspiré Mizuno pour le faire aussi en championnat de 93 à 96 (d’une façon différente, certes). Tout comme Urawa et Verdy, c’est Puma qui s’occupe – encore aujourd’hui – de Shimizu S-Pulse. Et comme Urawa, la tenue pour les matchs à l’extérieur reste, tant dans la couleur que dans le design, dans l’esprit du club : le maillot est blanc mais le orange reste présent à la fois sur le maillot et sur le short et la carte du monde reste présente. Un set qui se complète bien et avec lequel le club a remporté un de ses nombreux (tdlr, troll de la relecture) titres, à savoir la Coupe Nabisco.

Les Marinos de Yokohama avaient, eux, un contrat avec Adidas pour tout ce qui ne concernait pas la J.League. Et portaient, dans ces situations ponctuelles, des uniformes qui arrivaient à être originaux et à ne pas faire penser à l’équipe de France, vu que l’équipe est connue pour jouer dans un maillot bleu, un short blanc et des chaussettes rouges. Le sponsor jaune aidait, bien sûr, mais le motif de losanges sous les bras incarnait vraiment la touche spéciale de ce set. Il était d’ailleurs repris sur les survêtements. Ça ne m’étonnerait pas que la majorité des fans le préfère à celui utilisé en championnat. Mais j’ai cette impression pour à peu près tous les clubs…

Les Antlers faisaient confiance à Ennerre pour habiller Zico lors des matchs de coupe. Les maillots reprenaient les couleurs du club, à savoir ce rouge un peu foncé et du bleu roi, pour les associer en un design dynamique et angulaire qui n’encombrait pas l’avant, contrairement à son alter-ego « liguesque ». L’absence de sponsor et d’un blason font que ces maillots ressemblent, encore aujourd’hui, à de simples t-shirts de supporter et pas mal de personnes s’y méprennent. Le club changera d’uniforme pour les coupes deux ans après le lancement de la ligue, on verra ça plus bas.

Le Gamba Osaka n’a pas commencé son histoire professionnelle avec ses rayures bleues et noires. Non, il a commencé avec des serpentins, des zigzags ou des éclairs. Donc le fait de voir Adidas, son équipementier « annexe », lui filer des maillots bourrés d’éclairs pour les coupes, est assez fidèle à l’image du club de l’époque.

Beaucoup plus tard, en 2007, pour jouer l’Asian Champions League (et la gagner), Umbro a décidé de concevoir des maillots spéciaux pour les matchs à domicile assez ressemblants à ceux utilisés en J.League mais dont les rayures sont alors penchées et concentrées en une grosse bande noire diagonale traversant le tout. Cela sera repris sur les modèles suivants et est toujours en vigueur aujourd’hui. Enfin, c’est impossible à savoir puisque le club est en deuxième division et ne joue pas la Champions League.

A noter que ces maillots spéciaux reprenaient une couleur caractéristique du maillot utilisé en championnat. Si en 2007 et 2008, il n’y avait pas de couleur tertiaire en championnat et donc aucune à signaler non plus en ACL, le doré sera à l’honneur en 2009 et 2010, tandis que le jaune fluo accompagnera l’équipe dans toutes les compétitions à partir de 2011. On se doute bien que si le club avait eu un maillot ACL en 2013, le bleu clair aurait rempli ce rôle.

En ACL toujours, Nagoya Grampus a un peu fait la même chose. Le Coq Sportif a conçu des uniformes différents mais respectant le même code couleur que celui affiché en championnat. C’est quand même plus sympa que ce que font les clubs français, par exemple. En 2011, la forme de V qui compose le design du maillot de championnat revient sur le maillot ACL. Ou du moins sa silhouette, à partir de laquelle un dégradé de jaune bave vers le bas du maillot.

En 2012, pour l’anniversaire du club, c’est le motif composé d’un double carré, que représente le drapeau officiel de l’équipe, qui est repris sur le maillot, tandis que le même design en V est conservé en championnat. C’est juste histoire de changer un peu de temps en temps, en somme. Ça ne portera pas chance à Tulio et ses potes.

En 2012, Kashiwa a aussi inauguré ses débuts en ACL et en Coupe du Monde des Clubs par une tenue spéciale qui se démarquait un peu de son uniforme de championnat avec la présence d’un short jaune, quand d’habitude celui-ci est noir. Mais au final, le short jaune a aussi été adopté en championnat la saison suivante donc bon, avec du recul, ça n’a rien d’une extravagance.

Grand deux – Les maillots basiques

Avant de se faire électrocuter, le Gamba Osaka s’était contenté de jouer dans des tenues moins excentriques pour les matchs de coupe. En fait, les maillots utilisés à ses débuts consistaient en un remake des maillots d’Arsenal, où le rouge était remplacé par du bleu. Inutile de préciser qu’il s’agissait d’un modèle « grand public » de la part d’Adidas et qu’il n’avait pas vraiment vu le jour spécialement pour habiller le Gamba Osaka. Bon, je l’ai précisé quand-même. Aujourd’hui, cela fait quand même un peu étrange de voir Osaka sans rayures, surtout quand on sait que c’est avec Adidas que les joueurs ont commencé à les porter en 1997, avant de passer le relais à Le Coq Sportif qui perpétuera la (nouvelle) tradition.

Tout comme le Gamba, Kashiwa Reysol aussi est surtout connu pour sa période chez Umbro et, tout comme le Gamba, il a commencé avec Adidas. Et tout comme le Gamba, il a utilisé en coupes des maillots « grand public ». Alors, à première vue, ça a quand-même l’air d’être des maillots assez personnalisés mais pourtant il s’agit bien d’un modèle de catalogue. Si on ne l’a pas souvent vu, c’est que les clubs à qui il a été proposé ont du le refuser ! En France, l’OM a porté ce modèle pendant une courte période lors de son bail en deuxième division. C’est vrai qu’ici, il y a quand même eu l’effort sur les couleurs et celui d’insérer le R symbolique du club sur le col, un peu à la manière de la fédération allemande avec les maillots de sa sélection au début des années 90.

Le Jubilo Iwata, dont l’identité à son apparition en Coupe Nabisco n’allait pas plus loin que l’association de bleu ciel et de blanc, s’est vu refiler en 1994 un maillot qui aurait tout à fait pu avoir dix ans de plus. Facile. C’est bien entendu Puma qui l’a conçu mais il n’est pas sans rappeler ces maillots à deux rayures sur les manches, que portaient quatre-vingt pour cent des clubs français dans les années 80 et qui alors étaient fabriqués par Adidas et Nike. Je crois que même les fans du Jubilo ne l’aiment pas.

Grand trois РLes maillots compl̬tement p̩t̩s

L’aspect très ponctuel des matchs de coupe a parfois été perçu comme un argument pour tenter des expériences textiles. Effectivement, heureusement que celles-ci étaient tout aussi ponctuelles ! Il suffit de voir les maillots de l’Avispa Fukuoka, une sorte de prototype de leur maillot « code barre » qui sera utilisé en J.League à leurs débuts. Les rayures non finies ni en haut, ni en bas, et taguées avec l’outil « bombe » du logiciel Paint sont certes très originales mais à moins de remonter son short jusqu’au nombril et de constamment porter une écharpe de trois mètres de long autour du cou, l’effet obtenu n’a pas grand chose de positif sinon une économie de teinture.

Que dire de Nagoya, dont le millésime 1993-1996 associe cette même technique de bombe pixelisée à deux couleurs vives qui se partagent le maillot sans savoir laquelle est la couleur principale, à des grosses traces blanches style rail de… sucre en poudre, à des fines rayures blanches finalement à peine perceptibles dans tout ce bordel et à une farandole de parallélépipèdes noirs qui se baladent de la hanche jusqu’à l’épaule opposée ? Personnellement, je sais quel usage a eu le sucre en poudre chez Le Coq Sportif. A l’extérieur, ce n’est guère mieux.

Kashima n’est pas en reste car, après avoir joué les coupes dans les maillots vus plus haut, ils ont ensuite changé la donne en plaquant sur leurs tenues des gros boomerangs blancs sur lesquels une pluie de points bleus et blancs ont été essuyés avec le revers de la manche et ont laissé de grosses traces. Le résultat fait que l’on a du mal à voir la couleur de fond, qui est pourtant la couleur principale du club, le rouge. Il faut le faire.

En 2009, le club s’essayera au doré pour célébrer son troisième titre d’affilée. Le maillot sera réservé à l’ACL et sera identique au maillot extérieur blanc. Sauf que le blanc sera remplacé par du doré, ça ne va pas plus loin. En fait, ça ne va même pas jusqu’au short, qui tout comme les chaussettes restera blanc. Au final, il n’aura célébré qu’un énième échec dans la compétition. Il aura toutefois un certain succès commercial, ce qui était certainement son but premier.

Bellmare Hiratsuka n’a pas donné dans le doré mais plutôt dans le vert fluo radioactif, le tout associé à des formes géométriques festives dont Sega s’est sûrement inspiré pour élaborer les décors de Sonic CD, un jeu vidéo tout aussi hallucinant. L’équipementier est Basic. Ce n’est pas une faute d’orthographe, c’est vraiment le nom de l’équipementier, qui pour le coup n’a pas du tout fait honneur à son nom en sortant ce maillot pour la Coupe Nabisco.

On terminera avec un club dont l’histoire est aussi terminée : les Yokohama Flügels. Oui, le club jouait avec un maillot blanc en championnat. Oui, c’était un club portuaire. Un maillot blanc arborant des vagues, cela n’avait donc rien d’affolant pour la Coupe Nabisco. Mais que faisait cette grosse tâche verte en plein milieu du maillot ?! Cette couleur n’avait rien à voir avec le club, ni avec le sponsor (qui préférait le rouge). Pour le coup, Bellmare aurait pu s’en servir pour les matchs à l’extérieur sans que ça ne choque personne. Enfin bon, c’est du passé.

Au final, aucun de ces maillots de coupe n’avait pour but de camoufler l’équipe dans la compétition pour laquelle il avait été conçu et c’est quand-même un bon point. Concernant le panel observé, on trouve finalement de tout : du bien fichu, du ridicule, du fonctionnel, du creux, du choquant, du qu’on-ne-s’en-souvient-plus-dès-que-la compétition-est-perdue… une grande variété de qualificatifs, tout comme on trouve une grande variété d’équipes au Japon et c’est finalement représentatif de la ligue telle qu’elle apparaît aujourd’hui. Il y en a pour tous les goûts. La preuve, c’est que le Ventforêt Kofu existe.

Le mot du jour : ISSUED

Ce mot signifie ♫ que tu vivras ta vie ♪ que le vêtement concerné vient d’un stock à la base prévu pour l’effectif professionnel. Il a donc soit été inutilisé et commercialisé par le club, soit récupéré avec le reste du stock par un revendeur particulier ou non, soit utilisé par le joueur et récupéré par un particulier ou une association après le match.

De ce fait, il y a plusieurs cas que l’on trouve communément sur les sites internet de ventes de maillots : le « player issue » désigne un maillot prévu pour être utilisé mais qui ne l’a pas été. Généralement, c’est un maillot de match neuf et étiqueté, souvent non floqué. Le « game issue » est un maillot préparé pour un match particulier. Contrairement au « player issue« , il a tous les sponsors et généralement un flocage au nom du joueur qui devait le porter. Il est donc à la taille de ce joueur. Il reste neuf sauf dans certains cas où le terme désigne un maillot porté par un remplaçant non-entré durant le match.

Enfin, le « match worn » est un maillot préparé et porté en match par un joueur. Il n’est donc pas neuf et sent probablement la transpiration. Il peut être orné de traces de boue, avoir quelques fils tirés voire même être déchiré par endroits. Ce n’est bizarrement jamais le cas des maillots portés par Sho Ito mais ceux-ci restent chers car assez rares.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : « Dis-donc, le match n’a même pas commencé qu’y sue déjà des tonnes, ton attaquant, là.« 

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

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