[Nylon Ganbare] Numéro 6

Be Sociable, Share!

Nylon Ganbare

Il était une fois un phénomène existant depuis un sacré bout de temps mais qui est chaque année un peu plus d’actualité. A savoir la contrefaçon. Sujet des plus sensibles s’il en est, ses instigateurs et acteurs redoublent tous les ans de précision pour tromper le consommateur et le monde merveilleux des maillots de football est loin d’être épargné. Même, c’est un des vecteurs phares de la pratique ! Nylon Ganbare, la rubrique qui vous apprend les us et coutures, a décidé de faire un petit point sur l’évolution de ce fléau dans le domaine qui nous occupe, ce qui au passage vous filera quelques tuyaux pour voir par vous-même si vous êtes sur le point de vous faire avoir lors d’une acquisition.

Commençons par une indication facile à comprendre : on peut déceler trois catégories de contrefaçons. La première regroupe les maillots entièrement imprimés, d’une seule matière de polyester, imitant grossièrement le design de l’équipe en altérant à la fois les signes distinctifs de la marque originale et/ou son logo (quatre ou cinq bandes sur la manche pour Adidas au lieu de trois, par exemple), ainsi que le blason de l’équipe (on pourra lire quelques chefs-d’œuvre comme Juventus Italia ou FC Paris, ou encore Milan tout court). Tout cela est bien entendu intentionnel. Vous l’avez compris, ce sont ces maillots que l’on trouve sur tout bon marché qui se respecte. Aucun intérêt ici.

La seconde catégorie regroupe ces tentatives qui ressemblent globalement aux originaux par le design et la composition des différents panneaux, ainsi que par le blason de l’équipe, mais qui présentent à la fois de gros défauts de couleurs, de matériaux, de motifs ainsi qu’une absence du logo de la marque qu’ils contrefont. Tout cela est plutôt maladroit et apparaît comme une sorte de prototype de la troisième catégorie car ces maillots sortent annuellement sur le marché du web quelques temps avant les maillots que nous allons décrire ci-après. Toujours est-il qu’ils ne présentent pas vraiment d’intérêt non plus.

Mother of God…

La troisième catégorie regroupe les maillots qui sont fabriqués à partir des patrons officiels, souvent « empruntés » par les ouvriers desdites usines, mais aussi parfois reproduits uniquement par l’œil du faussaire et son savoir-faire acquis grâce à cette merveilleuse invention qu’est la délocalisation en Asie. Ils imitent le design, le matériau, le logo de la marque, les motifs, les couleurs, le blason de l’équipe… Bref, comme contrefaçons, ils se rapprochent le plus possible de l’original. Ces maillots sont, selon toute vraisemblance, fabriqués à une échelle industrielle dans des usines clandestines, par des machines volées. Cela se passe la plupart du temps en Chine et en Thaïlande, ce qui n’étonnera personne. Ce qui est amusant, c’est qu’ils peuvent fabriquer ces maillots à partir de n’importe quelle source et se retrouvent souvent à produire des modèles dessinés et postés par des fans sur internet, en les prenant pour le prochain maillot porté par l’équipe concernée. Faites l’essai : dessinez un maillot du Japon avec Photoshop, faites-le tourner sur des tas de sites, surtout anglophones, en martelant que c’est le prochain modèle et vous le verrez sûrement apparaître en vente sur des sites de ventes aux enchères un peu plus tard.

Cette catégorie a évolué depuis son apparition, qui remonte très exactement à pas mal de temps. D’abord très approximative dans le choix des matériaux, le savoir-faire a par la suite permis aux faussaires de reproduire presque à la perfection ces derniers, aussi nouveaux et innovants soient-ils. Toutefois, et encore aujourd’hui, certains matériaux spécifiques n’apparaissent pas sur les faux maillots. La coupe, souvent mal effectuée sur les copies, essaye depuis quelques années de se montrer aussi équilibrée que celle qu’elle tente d’imiter mais elle reste globalement plus ample et plus « carrée » que pour les produits officiels.

Mauvais signe.

En parlant de silhouettes, la taille a, durant les années 2000, été un facteur traître facile et évident pour discerner les faux des vrais. En effet, durant cette décennie, les faussaires ne produisaient quasiment que des tailles XL et M, afin de toucher le plus grand nombre sans avoir à prévoir les tailles intermédiaires. Cela dit, ces tailles correspondaient rarement aux XL et aux M officiels et étaient, en comparaison, toujours plus petites ou plus grandes. Depuis la fin des années 2000 et la nouvelle décennie, les tailles S et L se démocratisent mais les mesures réelles restent très relatives et de nombreuses victimes se plaignent de flotter dans leur maillot ou de devoir le revendre car trop petit.

Essayez de dormir après avoir vu ça.

Concernant le design en lui-même, le positionnement des éléments est de plus en plus précis, même si, depuis le temps, certains défauts restent permanents comme une légère asymétrie, des logos placés trop haut, ou trop bas, ou de travers. Certains motifs copiés présentent des erreurs pourtant facilement évitables et qui, malgré ça, ne seront jamais changés après, ce qui est pratique pour détecter les fausses versions des modèles en question. Les coutures ne sont parfois pas très droites et d’une finition bâclée à l’envers du maillot. En regardant cet envers, on pourra noter des résidus de papier journal collés aux logos, ainsi qu’une étiquette intérieure qui n’avait rien à voir avec l’originale dans les années 2000 (et qui était toujours la même selon les marques copiées) mais qui devient plus fidèle depuis peu.

Fidèles en apparence, ces faux maillots le deviennent de plus en plus mais seront toujours décelables pour une bonne raison : leur qualité globale. Les copies sont fragiles, surtout en ce qui concerne les flocages appliqués pour les sponsors, logos et sets de noms et de numéros. Ainsi, si le maillot aura l’air parfait neuf, il pourra complètement se décomposer après quelques lavages et le décollement prématuré des flocages. Cela vient du fait que l’épaisseur du matériau utilisé pour ces flocages est beaucoup plus importante, ceux-ci étant donc plus lourds sur les faux que sur les vrais. Par ailleurs, les faussaires n’arrivent toujours pas à reproduire correctement des flocages brillants et utilisent un plastique lisse repérable à des kilomètres pour obtenir un effet brillant; effet qui ne rend pas du tout pareil que sur les flocages officiels bien entendu. Sans parler du risque permanent d’allergies aux matériaux contrefaits et traités dans des usines rarement aux normes.

Ce Techfit est un faux. Oui, oui.

Enfin, le packaging n’est jamais le même que pour les maillots officiels. Le sachet plastique est généralement sans marque, avec la taille inscrite au feutre. Les étiquettes attachées au maillot ne sont jamais les bonnes et ne sont jamais complètes. Rarement y voit-on un code-barre, comme c’est le cas sur les vrais. Mais en général, avant de voir ça on avait déjà compris que c’était un faux, sinon c’est trop tard. Une petite précision pour finir : les faussaires ont toujours copié les replicas mais, depuis 2010, ils se sont lancés dans la production de copies de maillots authentiques de joueurs. Ces versions officielles sont généralement très près du corps, élastiques, ou les deux. Les copies ne le sont quasiment jamais et sont facile à repérer grâce à ça. Attention, cela tend à changer et certains faux maillots sont aussi coupés près du corps, en particulier ceux de l’Espagne. Les authentiques copiés sont, à l’heure actuelle, ceux de chez Adidas et Nike (reproduisant les technologies Techfit pour Adidas et les aérations et jointures plastiques pour Nike). Ce n’est pas anodin, ils équipent les meilleurs clubs. Enfin, après le meilleur des meilleurs, qui lui a un contrat avec Puma depuis sa création en 1992.

Et le Japon dans tout ça ? Pas d’inquiétude, la seconde partie de ce descriptif vous en parlera plus précisément mais vous pouvez déjà vous dire une chose : si vous croisez un maillot du Japon floqué Komano, c’est un faux. En attendant, voici les réponses du jeu de la rubrique numéro cinq :

1 – Sagan Tosu 2007
2 – Ventforet Kofu 2012
3 – Urawa Red Diamonds 2001
4 – Tokushima Vortis 2007
5 – Roasso Kumamoto 2009
6 – Cerezo Osaka 1999
7 – Gamba Osaka 2002
8 – Albirex Niigata 2004
9 – Oita Trinita 2000
10 – Vissel Kobe 2011
11 – Kyoto Purple Sanga 2000
12 – Machida Zelvia 2012
13 – Montedio Yamagata 2010
14 – Kawasaki Frontale 2001
15 – Bellmare Hiratsuka 1998
16 – Shimizu S-Pulse 1995
17 – Kataller Toyama 2011
18 – Tokyo Verdy 2012
19 – Consadole Sapporo 2005
20 – Ehime FC 2012
21 – Giravanz Kitakyushu 2010
22 РFC Tokyo 2011 (ici port̩ par Naotake Hanyu)
23 – Jubilo Iwata 2006
24 – Nagoya Grampus Eight 2007
25 – Fagiano Okayama 2010
26 – FC Gifu 2011
27 – Vegalta Sendai 2003
28 – Kashiwa Reysol 2007
29 – Gainare Tottori 2011
30 – Thespa Kusatsu 2012
31 – Omiya Ardija 2007
32 – Mito Hollyhock 2010
33 – Matsumoto Yamaga 2012
34 – Yokohama FC 2012
35 – Yokohama F.Marinos 2004
36 – Avispa Fukuoka 2006
37 – JEF United Chiba 2007
38 – Tochigi S.C. 2012
39 – Sanfrecce Hiroshima 2007
40 – Kashima Antlers 2010

Bravo à nos participants, qui se sont toutefois laissés piéger par le Tokushima Vortis, dont le flocage blanc et vert leur a fait penser à Shonan Bellmare. Shonan Bellmare était bien présent mais à travers le numéro 15 de l’ère Kappa (qui utilise toujours la même police de caractères aujourd’hui encore). Il est étonnant que personne n’ait pu identifier le flocage d’Urawa de 2001, réputé pour être le dernier à avoir été porté par Shinji Ono avant son retour en 2006, qui pour le coup aurait pu être le vrai dernier à avoir été porté par Shinji Ono si celui-ci n’avait pas aussi joué en 2007, qui est donc le véritable vrai dernier flocage d’Urawa à avoir été porté par Shinji Ono.

Le mot du jour : FAKE

Ce nouvel anglicisme poursuit la tradition initiée par les replicas, qui auraient très bien pu être appelés « répliques » dans nos contrées. Nous appelons donc « fakes » ce que sont en réalité les contrefaçons. Le terme « fake » désigne littéralement un faux-semblant, une imposture ou une imitation. Et donc, une contrefaçon.

Désormais autant utilisé que la contrefaçon est présente sur Internet, ce mot est souvent employé par erreur par les novices pour désigner les replicas, qu’ils ne pensent pas être officiels. De la même manière, ils pensent parfois que les replicas sont des fakes, ce qui n’est toujours pas le cas depuis la dernière fois que Nylon Ganbare en a parlé. La nuance entre « réplique » et « copie » est parfois difficile à assimiler, il est vrai.

Sont des fakes tous maillots bafouant les droits d’auteur des marques, des équipes et des sponsors. Y compris ceux de la quatrième catégorie secrète non mentionnée dans la rubrique ci-dessus et composée des maillots qui brillent sous la lumière. Vous pouvez débloquer cette quatrième catégorie en tapant Haut, Bas, Gauche, Droite, A et Start à l’écran-titre.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : « Bon, les gars, on fait quelque chose pour se faire du pognon facilement ? » ou encore « J’ai acheté un fake, je l’ai lavé, je suis dégoûté ».

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

Be Sociable, Share!