[Nylon Ganbare] Numéro 13

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Nylon Ganbare

Il y a peu, Nylon Ganbare, la rubrique manches longues, vous parlait des apparences des sponsors sur les maillots japonais. Elle en avait conclu que ça gâchait tout, la plupart du temps. Mais il y a une autre caractéristique des sponsors, plus vile, sournoise et fourbe que l’apparence de son logo car elle est souvent inconnue du supporter étranger lambda : leur secteur d’activité. Vous êtes-vous déjà demandé quel type de produit ils mettaient en avant sur tel ou tel maillot, derrière ces noms si pittoresques ? Découvrons un peu ce qui se cache derrière les logos les plus vus du championnat nippon.

Et puis c’est pratique !

Au Japon, et c’est plutôt un coup de bol, la plupart des grosses équipes (et donc des plus populaires) sont la propriété de firmes automobiles, ce qui reste un produit somme toute moderne et souvent assez branché. Sans rire, quand un fan de F1 achète une chemise, il y a deux chances sur trois qu’il y ait un gros « Ferrari » cousu sur la poche avant sans que ça ne choque et que, au contraire, cela donne du cachet à son porteur.

En J.League, il n’y a pas de Ferrari mais nous avons tour à tour Mitsubishi Motors avec Urawa, Toyota et Denso avec Nagoya, Nissan avec Yokohama, Daihatsu avec Oita, Mazda avec Hiroshima ou encore Yamaha avec Iwata. L’avantage de ces firmes propriétaires, c’est que le sponsor est inamovible et ne sera à priori jamais remplacé par une marque de cassoulet tant que les équipes en seront la propriété. Le seul problème, c’est que parfois ce sponsor est relégué sur la manche, dans le dos ou sur le short, laissant la place la plus importante à une autre marque qui, pour le coup, pourrait vendre du cassoulet. Sachez que je n’ai rien de particulier contre le cassoulet mais il me fallait un exemple parlant (si vous n’avez jamais vu de cassoulet qui parle, il faut un peu sortir de chez vous !). Urawa et Iwata n’hésitent pas à céder leur plastron à des marques plus généreuses. D’ailleurs, le Jubilo est certainement plus connu en France avec son maillot Nestlé sur le dos.

Dans un registre assez similaire, il y a les marques d’électronique / électrique. Les clients les plus évidents sont le Gamba Osaka avec Panasonic, Kawasaki Frontale avec Fujitsu, Hiroshima avec DeoDeo, Kyoto Sanga FC avec Kyocera et Nintendo, Omiya avec NTT, Kashiwa Reysol avec Hitachi et JEF United avec Fuji Electric. Rien de surprenant, on parle quand-même du Japon, qui s’est relancé après la seconde guerre mondiale en prenant plusieurs temps d’avance dans le domaine de l’électronique. Et puis tant que ce n’est pas une marque spécialisée dans le lave-linge, on échappe au risque de quolibets ! Ici encore, il s’agit pour ces équipes du partenaire principal et donc de la garantie de n’avoir aucune mauvaise surprise sur le devant du maillot d’une saison à l’autre. Sauf pour JEF, qui a déjà changé de sponsor frontal plusieurs fois mais sans jamais s’éloigner du domaine de l’électricité. Il faut dire que le nom-même du club vient en partie (la lettre F en fait) de la société Furukawa Electric.

Tant que les joueurs ne sont pas bidons, hein…

On se surprend à observer un léger paradoxe chez le FC Tokyo, surnommé Tokyo Gas car il s’agit à la fois de l’ancien nom du club et de son propriétaire (le fournisseur numéro un en gaz naturel du Japon, paraît-il). Le club, sous sa forme professionnelle, a toujours affiché sur le ventre de ses joueurs le sponsor Eneos ou une de ses déclinaisons (Life Val), qui est en réalité la marque commerciale de la compagnie Nippon Oil, une compagnie… pétrolière ! Ce club a de la ressource. Tostem (aujourd’hui par sa sous-marque Lixil) est un partenaire historique du club de Kashima. Il fabrique des menuiseries métalliques, ce qui explique la présence de son logo sur la devanture des bars-tabacs français.

Dans les partenaires dont on ne doute de rien, le célèbre sponsor du Vegalta Sendai, nommé Iris Ohyama (surtout connu pour placarder tous les ans un cÅ“ur géant sur le maillot jaune du club) fabrique du mobilier en plastique. Tout simplement. En plus, ils commencent à s’implanter en Europe, comme le football japonais. Rakuten (Kobe) et Bridgestone (Tosu) sont des marques un peu plus connues à l’étranger, respectivement groupe de sites web marchands et concepteur de pneus. Rohto, partenaire de longue date du Gamba Osaka, est une compagnie pharmaceutique (santé et cosmétiques). Yanmar, fabricant de moteurs principalement marins, vient de passer un contrat avec Manchester United, sans doute grâce à la présence dans l’équipe anglaise de Shinji Kagawa, ancien joueur du Cerezo Osaka, équipe majoritairement sponsorisée par la marque. On passera rapidement sur le fait que le Consadole Sapporo est soutenu par la bière du même nom. Mais son sponsor principal, Ishiya et son rectangle bleu disgracieux, est un spécialiste de la langue de chat ! Le biscuit hein.

Et c’est là qu’on peut parler des sponsors alimentaires… c’est principalement dans cette catégorie que l’on trouve à rigoler un peu. Vous vous souvenez de l’Olympique Lyonnais et de son superbe paletot Justin Bridou ? On peut se demander si on trouve des équivalents en J.League.

On peut penser assez rapidement au Montedio Yamagata et son partenaire Hiraboku, spécialiste de la viande porcine. Mais comme le porc pané ça a plus de gueule que le saucisson, on peut l’épargner. D’ailleurs c’est pas plus mal, comme ça on peut faire un repas complet grâce à leur sponsor frontal, Tsuyahime, spécialiste du riz. Tout est prévu. Chez Niigata, Kameda Seika s’occupe d’élaborer divers plats à base de pâte (de riz, à priori) en plus de pourrir le maillot de l’équipe depuis plus d’une décennie. Trop fort.

On revient vers le Cerezo avec Nippon Ham, qui au moins a rendu son logo moins nocif pour les yeux. Vous vous dites, à première vue, que c’est une marque de viande ? Et bien c’en est une, en effet. Toujours à Osaka, le losange jaune un peu penché et fidèlement placé sur la manche du maillot du Gamba est une marque de nourritures diverses, Sumibiyakinikuwhaaa… ? Glico, le fabricant des célèbres biscuits Pocky (Mikado en Europe) qui se déclinent aujourd’hui en un million de goûts différents, dont les très fameux au gruyère râpé et à l’amanite phalloïde, apporte son soutien à Shimizu S-Pulse depuis la création du club, sans pour autant être son propriétaire. Globalement, on peut constater que les sponsors alimentaires restent assez discrets sur les tuniques nippones et ne renvoient de toute façon pas à des denrées aussi loufoques qu’un saucisson.

Au final, pour nous autres Français, les sponsors de J.League les plus amusants resteront sans doute le désormais légendaire « La Parler » de Shonan Bellmare (une chaîne de salons de beauté, un truc bien de chez nous…), même s’il n’a pas duré (comme tous les partenaires de Shonan) et le simple mais efficace Toto de Kitakyushu (concepteur de salles de bain, de cuisines, « et surtout de toilettes ! », me dit mon compère Oldguy qui a enquêté). Des valeurs sûres dans le domaine du nom qui claque, à n’en pas douter !

Le mot du jour : TRAINING

Le training, c’est le nom que l’on donne communément au maillot d’entraînement. Une fois encore, même en France, on emploie le plus souvent le mot en anglais. Du moins à l’écrit. Tout comme les uniformes de match, c’est un vêtement qui se renouvelle chaque saison. En fait, même quand une équipe conserve ses maillots de match pendant deux saisons, le maillot d’entraînement est quand-même renouvelé. Il change donc encore plus souvent que les tenues de match.

Dans le commerce, il se présente souvent sans la flopée de sponsors que les joueurs portent chaque jour pour faire leur footing et coûte assez cher pour ce qu’il représente. Mais il est vrai que contrairement au replica, le training incorpore généralement la totalité des caractéristiques techniques (matières, coupe, etc.) utilisée par les joueurs (vu qu’il s’agit généralement du même maillot avec une différence de sponsors donc). Ces caractéristiques sont la plupart du temps similaires à celles des maillots de match de la collection en cours.

Au final, c’est le maillot le plus rapidement démodé de la panoplie d’une équipe.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : qui s’entraîne tous les jours ? Allons…

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

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