[Nylon Ganbare] Numéro 9

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Nylon Ganbare

Même le ballon officiel a un nouvel habit.

Parmi les clubs qui n’ont pas encore eu l’honneur de voir leurs nouveaux uniformes épluchés dans Nylon Ganbare, la rubrique qui évacue la transpiration comme pas deux, il y en a plusieurs qui n’en changent pas. Choix parfois judicieux, parfois traditionnel, parfois paresseux, toujours est-il que vous avez sûrement déjà du vous faire votre opinion sur ceux-ci depuis l’année dernière. Ces clubs sont le Montedio Yamagata, Roasso Kumamoto, Oita Trinita et Albirex Niigata. Ils n’apparaitront donc pas dans ce dernier point sur les nouvelles sorties, avant la reprise. L’excitation est à son comble mais je vais tâcher d’écrire droit. Allons-y :

Ventforet Kofu : Débarrassons-nous d’entrée de Kofu. De façon surprenante, Mizuno a créé un design assez intéressant, basé sur une rythmique horizontale dont les trois variables sont la position, l’épaisseur et la couleur. Ces rayures alternent entre du bleu foncé et du rouge sombre (qui est assez exclusif au club de Kofu, au passage), du très fin et du très épais, surtout autour du sponsor et, bien évidemment, elles peuvent se trouver en bas, au milieu et jusqu’aux épaules du maillot. Le choix de positionner les rayures les plus épaisses sur le torse et à la ceinture élabore une silhouette favorable à la mise en valeur de l’allure athlétique des joueurs. Il y a quand-même un point noir, il ne faut pas déconner : la coupe, la matière et le col sont exactement les mêmes que ceux de leur dernier uniforme et datent en fait de 2006 ! Le supporter peut avoir l’impression gênante de se voir proposer le même maillot avec une simple teinture différente pour le même prix…

Il y a des similitudes.

Kataller Toyama : Toyama abandonne les rayures horizontales et passe aux bandes verticales, ce qui est un sacré changement mine de rien. Il est amplifié par l’ajout de bordures blanches (bleues à l’extérieur) et épaisses autour de ces bandes, ce qui donne un résultat qui n’est pas sans rappeler l’ancienne identité du club sud-coréen des féroces tigres d’Ulsan. Du changement bienvenu qui ne trahit pas les couleurs du club et sa tradition étrange de ne jamais intégrer le rouge présent sur le blason au maillot.

Kyoto Sanga F.C. : Un des partenaires de longue date du club, Wacom, a décidé de concevoir les nouveaux uniformes de l’équipe aux phénix. Ceux-ci abandonnent complètement le rouge, ce qui tranche radicalement avec les derniers qui lui faisaient justement la part belle. L’aspect polo minimaliste est aussi une nouveauté pour le club, plutôt habitué à des designs alambiqués, faits de courbes, de vagues et de pointes en tous genres. Par contre, l’effet de surprise a ses limites étant donné que beaucoup de clubs ont déjà, depuis quelques années, fait la même expérience et que, dans la vitrine mondiale, cela ne surprend plus personne. Il y a même un risque de compter quelques supporters blasés de voir cette tendance toucher leur club violet. D’autres seront ravis, bien entendu.

Gamba Osaka : Devant l’extinction sans sommation des contrats avec Umbro, on pouvait se demander si celui qui lie la marque aux losanges avec le Gamba allait aussi en faire les frais. Et bien non. Et de quelle façon ce partenariat perdure ! Les nouveaux uniformes mélangent avec habileté l’inspiration du passé et l’introduction de nouveaux éléments de design. Les rayures habituelles sont ici en dégradé, ce qui fait facilement ressurgir le souvenir du très réussi maillot Le Coq Sportif de 2002. Ici encore, cela produit un bel effet moderne sans être prisonnier des a priori issus de l’utilisation abusive du procédé durant les années 90. De plus, ces mêmes rayures retrouvent des proportions dignes de la plus belle période vécue par l’équipe (à partir de 2005) et surtout des rayures noires, qui étaient devenues tellement fines ces dernières années qu’on avait du mal à les repérer depuis les tribunes. La nouveauté se situe dans l’usage d’une couleur bleu clair inédite, qui, dans le dégradé, apporte un effet polaire qui glacera le sang des autres équipes de J2. Les deux petites jointures aux épaules sont analogues aux « sparadraps » de Nike et, même si on a du mal à savoir si elles ont la même fonction, elles apportent indéniablement une touche de modernité à un club qui a l’habitude d’être à la page. Ou à la plage, si on parle de la saison 2012.

L’élève dépasse de loin le maître.

Cerezo Osaka : Cela fut tardif mais le Cerezo a annoncé sont intention de jouer dans de nouvelles tenues. Le maillot extérieur est basé sur le design commun de Mizuno pour 2013, en blanc et bleu. Toujours sans aucune incorporation de rose. Cela ne le rend pas plus unique que les précédents modèles blancs, il n’a donc pas trop d’intérêt. L’uniforme principal, lui, apporte toujours autant de fraîcheur sur la scène du football nippon. Il reste à dominante rose comme en 2012, prolongation d’un retour aux sources, et conserve, en quelque sorte, les rayures bleues habituelles. « En quelque sorte », « habituelles », les guillemets sont de circonstances devant la forme nouvelle qu’elles adoptent car elles sont pour la première fois en diagonale. Leur terminaison en dégradé est aussi une continuité de 2012. Le détail amusant se situe dans l’association de leur positionnement et de leur (grosse) épaisseur, qui renvoie aux designs colossaux de chez Adidas au début des années 90. La coupe, bien évidemment plus actuelle, fait la différence. Heureusement, vous me direz.

Vissel Kobe : L’appartenance du club au Crimson Group commence à se voir jusque dans l’uniforme. En effet, l’abondance de blanc sur les manches et surtout sur le short rapproche le schéma chromatique de celui utilisé par la société Rakuten… et par ailleurs de celui utilisé par l’équipe de baseball des Rakuten Eagles. On peut donc y voir une envie d’uniformité, sans jeu de mot, de la part du groupe parent pour faire la promotion de son entreprise dans tous les sports. Autrement, la simplicité choisie et l’apparition, ici aussi, du petit motif Asics (que l’on a toujours vu sur leurs chaussures) complètent un set qui, en soi, n’est vraiment pas dégueu. De plus, le choix de jouer à l’extérieur en jaune, une couleur qui s’associe bien avec le rouge particulier du Vissel, est vraiment bien vu. Le tout sonne comme un renouveau qui ne dénature pas pour autant l’identité du club ; un renouveau qui aura pour objectif de reconquérir un public forcément déçu par la relégation subie en 2012.

Gainare Tottori : Hummel se sent limite à un seul modèle pour fournir tout le Japon et Tottori reçoit donc le même que Yokohama. Mais si le club du joueur le plus vieux de l’univers s’était contenté de le parsemer de quelques rayures horizontales, tout en retenu, Gainare a lui décidé de plaquer la moitié de son blason sur le fond vert ou blanc. On a donc une aile géante bleu nuit associée aux couleurs habituelles de l’équipe et à cette association de deux verts différents si unique à domicile. Le tout est satisfaisant sur le plan de l’utilisation du maillot, qui semble encore plus limitée à Tottori qu’avant, ce qui est toujours plus sympa que lorsqu’un club voit une autre équipe à la télé (ou même en face d’elle) jouer avec les mêmes maillots. Et le tout est satisfaisant sur le plan du design, les couleurs vont bien ensemble et l’aile est assez bien dessinée, assez détaillée, pour que cela marche à toute distance. Par contre, les sponsors rouges sur les maillots verts, il faut arrêter, hein.

Fagiano Okayama : Il n’y a pas grand-chose à dire puisque, d’une année sur l’autre et ce même s’ils changent, les uniformes d’Okayama restent globalement les mêmes. Le rouge et le bleu foncé, le design asymétrique qui part sur la manche gauche, les rayures en surbrillance… On a l’habitude de voir l’équipe accoutrée de la sorte, alors aucune anomalie n’est à signaler et j’ai envie de dire : « à l’année prochaine ! »

Bon en fait, même de dos on sait que ce n’est pas Hiroshima…

Sanfrecce Hiroshima : On reconnaît l’équipe dans ses nouvelles tenues. Plusieurs violets, un peu de orange saumon à l’extérieur, c’est suffisant. Et heureusement, parce que le design des maillot n’est pas, cette année, franchement personnel. En fait, il s’agit d’un design que Nike a proposé à un certain nombre de ses équipes sous contrat (Paris, Brême, Madrid, Porto). En parlant de Porto, c’est en regardant leur maillot que l’on se rend compte que le design n’est pas propre à Hiroshima, car c’est le même pour les deux équipes. De plus, les mêmes couleurs sont utilisées. Vus de dos, on pourrait presque avoir du mal à les distinguer. Mais comme les deux équipes ont peu de chances de s’affronter cette saison, on peut considérer que le maillot reste de toute façon dans l’esprit du Sanfrecce et que c’est tout à fait acceptable pour les supporters. Et puis il y a une étoile dessus maintenant.

Tokushima Vortis : Mizuno propose pour Vortis son design de l’année, en bleu. Avec un bleu plus foncé pour les panneaux aérés. C’est assez habituel, en somme. De plus, le vert et le rouge sont présents sous forme de liserés sur les flancs et leur simple présence rend l’uniforme adapté au club car l’association de bleu, de vert et de rouge n’est pas commune, à moins de s’appeler Créteil Lusitanos. Et puis la coupe, assez serrée avec ses manches très courtes, est tout à fait dans les tendances actuelles. Pas de problème particulier donc, y compris à l’extérieur, puisque le vert et le rouge sont aussi présents de la même façon et que le reste du maillot est tout blanc, ce qui est à la fois sobre et plaisant.

Ehime F.C. : Le processus reste le même chez les oranges enragées (à moins que ce ne soient des pamplemousses) : le design commun de chez Mizuno est utilisé dans les couleurs du club… et voilà le travail. C’est bien, hein, ça marche. En plus le maillot extérieur incorpore le orange qui sert de couleur principale au club, ce qui peut être vu comme un plus par rapport à Osaka ou Tochigi, par exemple. Après, ça ne casse pas trois pattes à un canard, même à l’orange, ces uniformes ne resteront dans les mémoires que si le club parvient à remporter quelque chose dans l’année, alors que parfois, un maillot peut marquer les esprits par sa seule apparence. Cela sera pour une autre fois.

Avispa Fukuoka : Svolme avait tenté l’incorporation de violet dans la charte de l’uniforme de Fukuoka. C’était assez étrange puisque les couleurs traditionnelles de l’Avispa sont le bleu foncé, le turquoise et le blanc. Et bien le violet revient sur le col et les manches. Et c’est toujours étrange, surtout que le turquoise a, lui, complètement disparu. Choix de la marque ou du club, peu importe au fond, dans les deux cas cela risque de décontenancer les fans. Mais au bout de quelques années, cela sera peut-être considéré comme une couleur historique du club. C’est peut-être le but. Ou bien c’est simplement que Svolme adore utiliser plein de couleurs dans leurs vêtements et qu’ils ne s’en privent pas non plus dans le football.

Sagan Tosu : A l’inverse du Gamba, Tosu n’est pas resté chez Umbro. Qu’allait-il advenir de ce club, dont l’identité visuelle toute récente n’a jamais été retranscrite en uniforme par un autre équipementier ? En passant chez Warrior, qui équipe Liverpool, les couleurs n’ont pas changé et c’est plutôt une bonne chose car ces couleurs vont bien ensemble et sont assez appréciées des observateurs de la J.League 2. Ce qui a changé, c’est le style. Warrior affuble les maillots de symboles plutôt tribaux sur les manches, comme on a pu le voir sur le troisième maillot de Liverpool. Le but est-il de faire croire que les joueurs ont les bras tatoués ? Toujours est-il que ça tranche singulièrement avec le style orthogonal tout en pointes qu’Umbro avait l’habitude de concevoir. Cela va donc demander un petit temps d’adaptation dans l’esprit des aficionados mais, après tout, pourquoi pas.

V-Varen Nagasaki : Le petit nouveau de la ligue a pris son temps et a révélé ses nouvelles tenues en dernier. Penalty, qui fournit en équipements Shonan Bellmare et Fagiano Okayama, a conçu pour le club de Nagasaki quelque-chose qui reste dans leur ligne directrice : les couleurs sont respectées et proportionnées (bleu en couleur primaire et orange en couleur secondaire), un design très football, avec des panneaux de tissu différent autour du col et un motif de courbes progressives en surimpression, ce qui renvoie aux vagues utilisées par Shonan en 2012. Penalty commence à se faire une recette de base pour composer ses tenues en modifiant quelques variables selon l’équipe et cela donne des ensembles très adaptés à la pratique du sport… mais un peu moins adaptés à la vie autour du stade, contrairement à des marques comme Nike, qui en fait même un fond de commerce. Ce n’est sûrement pas le but recherché, de toute façon.

Au final, la ligue présente, comme toujours, une énorme variété de styles et de couleurs à travers les uniformes de ses équipes. Vous pouvez en adorer certains, cracher sur d’autres mais, en ce qui me concerne, il n’y a que les mailles qui m’aillent.

Le mot du jour : THIRD

Je sais ce que vous pensez mais, de toute façon, partez du principe que vous allez encore en manger un sacré paquet avec vingt pour cent offerts, d’anglicismes. On pourrait l’appeler « troisième maillot » mais comme la ligue professionnelle de football les appelle ainsi et que tout bon fan de football ne saurait se résoudre à se plier aux commodités soumises par cette autorité génitrice de la Coupe de la Ligue, on l’appelle, même en France, le maillot « third ».

Il s’agit de l’uniforme utilisé par les équipes lorsque les deux uniformes principaux clashent avec celui de l’adversaire. Sauf en France, où il adopte la fonction délicate de camoufler l’équipe concernée sur la scène européenne, où les clubs tricolores souffrent d’un sérieux complexe d’infériorité. En plus, ils ne peuvent y jouer le maintien, ce qui les déstabilise.

Ces deux rôles sont généralement facilement remplis puisque le maillot third présente l’intéressante particularité d’arborer des couleurs et des designs improbables, sans rapport avec l’histoire du club. Ce qui fait de lui à la fois le sujet d’expérience préféré des designers, habituellement brimés par une charte graphique qui respire bon la tradition et la continuité, et le candidat idéal au concours annuel du maillot le plus laid de la planète. Ce concours existe réellement.

Mais ce n’est pas une règle établie car le maillot third peut également servir à mettre en valeur une couleur secondaire du club ou bien de maillot évènementiel, de maillot « hommage » à une époque bénie de l’histoire de l’équipe, ce qui implique parfois qu’il ait la même couleur que le maillot principal. Son utilisation en J.League est d’ailleurs recensée parmi ces conditions-là et elle sera plutôt ponctuelle. Les clubs japonais voient en lui le « cadeau » idéal pour célébrer leur propre anniversaire, par exemple. Un drôle de phénomène, en grande partie commercial, mais souvent bienvenu parmi les fans.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : « Le troisième maillot n’est pas vraiment la petite sÅ“ur des pauvres.«  ou encore « Comme ça marche bien en football, on a donné des maillots third à nos soldats pour la mission de reconnaissance furtive, ça a moins bien marché. »

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

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