[Nylon Ganbare] Numéro 2

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Nylon Ganbare

Nous sommes dans ce qu’on appelle la meilleure période de l’année, ces quelques mois entre Décembre et Mars où un joueur de plus de quarante ans prolonge dans un club portuaire – ce qui est déjà drôle en soi, alors en polyester je vous raconte pas – mais surtout où les différentes équipes dévoilent tour à tour leurs nouveaux uniformes pour la saison à venir, pour le meilleur ou pour le pire. Autant dire que les nerfs des supporters sont déjà mis à rude épreuve. Nylon Ganbare, la rubrique qui vous fait voir trente-six chandails, vous propose un premier point détaillé sur les sorties du moment.

Nylon Ganbare s’excuse auprès des yeux des lecteurs pour avoir choisi cet exemple.

Kashima Antlers : Les Antlers sont réputés pour faire preuve d’un classicisme digne du Brésil dont ils sont de fervents admirateurs. Parfois même au point de jouer dans des tenues complètement plates et sans intérêt autre que de ne pas voir les joueurs en slip. Pourtant il en faut peu, non pas pour être heureux, mais pour que les rennes présentent quelque chose de sobre et classieux. C’est d’ailleurs ce qu’ils font pour la saison 2013. Bien que les instances dirigeantes du club n’aient jamais fixé une combinaison chromatique « typique » en dehors de l’usage de rouge et de bleu, l’uniforme respecte ici un schéma habituel car déjà vu par le passé, comme en 2004 par exemple : le maillot est donc rouge avec des manches bleues, un short bleu et des chaussettes rouges. Ce qui rend le maillot classieux et innovateur, ce sont ces fines rayures horizontales sur toute sa surface, qui apporte un côté casual et pourrait permettre son usage dans la vie quotidienne s’il n’y avait pas ce pavé qui sert de sponsor. Le modèle extérieur est d’un traditionnel blanc, orné aux extrémités de rayures bleu roi et rouge vif, en référence aux premières teintes utilisées par le club.

F.C. Gifu : La gentille compagnie « gol. », sans majuscule, profite de ce gentil club professionnel qu’est Gifu pour apparaître sur la scène de la J.League. Tomber sur Gifu pour se lancer dans le grand bain, ce n’est pas un cadeau, et on sent que gol. n’a pas souhaité en faire aux supporters. Le maillot domicile, s’il est somme toute moderne et solide, avec ces multiples et fines rayures horizontales en dégradé, devra s’associer avec un short divisé en deux – ce qui ne marche jamais, en fait – et des chaussettes d’une teinte qui peut laisser penser qu’elles ont été achetées à part chez Décathlon. Le modèle extérieur est blanc et noir, combo générique au possible mais adapté à un jeu secondaire. Le motif d’hexagones en haut du maillot et en bas du short fait penser aux panneaux qui composent les ballons ou aux filets des buts ; c’est donc tout aussi adapté et générique. Mais le flocage transforme un set peu gâté par la nature en un premier choix pour mardi gras : d’une forme clownesque, il s’affiche dans une couleur brûlante – jaune à domicile, rouge à l’extérieur – dont le seul mérite est d’imposer sa lisibilité à la rétine du public.

Shimizu S-Pulse : Le record de précommandes survenu la saison dernière grâce au retour du globe terrestre sur le maillot a sûrement incité Puma à continuer la réhabilitation de notre planète sur les tenues du club de Shizuoka. Ici, le globe disparaît du maillot domicile, mais reste sur le maillot extérieur en étant déplacé sur la manche. Les continents, surtout ceux environnant le Japon, restent représentés sur la tunique principale, mais pas sous forme de globe. C’est déjà arrivé de 2002 à fin 2006. Un clin d’œil supplémentaire au passé apparaît sous le col : le nom du club y est caché comme de 1997 à fin 2001. En dehors de ça, de gros changements interviennent : pour la première fois, l’équipe ne jouera pas à domicile en orange de la tête aux pieds, car le short est désormais noir, tout comme les chaussettes principales. Cela donne aux joueurs un aspect plus sérieux, plus menaçant. Pour mieux associer le short au maillot, l’une des deux manches est également noire. Le jaune disparaît totalement, au grand désarroi de la rédaction de Nylon Ganbare. Autre changement de taille : pour la première fois encore, le club jouera à l’extérieur dans une autre couleur que blanc ou gris : il jouera en bleu ! C’est quelque part logique étant donné que le blason du club est composé de rayures orange et bleues. De plus, pour intensifier son attachement à sa région, le Mont Fuji apparaît, dans un style très simplifié, sur le bas du dos. Espérons qu’avec tout ça le club changera aussi sa manie de s’écrouler en fin de saison.

Jubilo Iwata : Tout comme son voisin et modèle, le Jubilo Iwata continue de jouer la carte de la nostalgie et de l’unicité des designs entamée en 2012. Puma présente pour 2013 deux uniformes intéressants. Le premier est tout simplement un mélange entre les maillots utilisés entre 1998 et fin 2001. Il reprend les manches bleu foncé de l’époque, la séparation des flancs par des liserés blancs et le motif frontal fait de pointillés verticaux et de la répétition régulière du nom du club, sans parler du col plus ou moins classique. Le second est un uniforme très simple qui renvoie aux années amatrices du club, alors connu sous le nom de Yamaha Motors et utilisant le bleu et le rouge comme couleurs. Le rouge étant la couleur fétiche de Yamaha, il était déjà apparu à travers le sponsor sur d’anciens maillots extérieur, ce qui avait généralement pour effet de gâcher un peu ces maillots composés de blanc, de bleu ciel et de bleu nuit. Ici, c’est beaucoup mieux intégré puisque le rouge est une couleur utilisée sur tout l’uniforme. Domicile ou extérieur, le tout est bien-sûr mis au goût du jour et adapté à la nouvelle collection de Puma.

Kawasaki Frontale : A l’inverse des autres écuries équipées par Puma, Kawasaki poursuit son entreprise consistant à foutre en l’air des années de tradition ; entreprise entamée en 2011, justement lorsque Puma s’est vu confier la conception des uniformes de Frontale. Il est l’un de ces rares clubs dont deux designs peuvent être considérés comme étant traditionnels : les rayures verticales ciel et noires bordées de blanc, qui leur vient de Gremio, le club brésilien à qui ils ont également emprunté leur premier écusson, et la division symétrique en deux moitiés ciel et noire. Or ici, et ce comme pour les deux saisons précédentes, il n’est pas question de tout cela. A des rayures horizontales succède donc une grosse bande noire tout aussi horizontale en travers du torse, associée à de multiples fines rayures blanches et noires, le tout sur fond bleu ciel. Sur le bas du maillot apparaît progressivement le motif utilisé par Puma sur l’ensemble de sa collection, apparu auparavant sur le maillot de l’Italie. Short, chaussettes, flancs et manches sont noirs. A l’extérieur, le même uniforme est utilisé, cette fois en blanc. La bande devient bleu ciel, les rayures ciel et noires. Le motif Puma est toujours présent en bas. Le modèle rappelle quelque peu la collection de Nike sortie en 2004 par ses liserés séparant les manches et les flancs de la partie centrale du maillot. C’est également celui utilisé par Shimizu et Iwata. En tout cas, voilà des uniformes qui tranchent avec ce qu’on a pu voir avant chez ce club sympathique au demeurant.

F.C. Tokyo : Si vous ne le savez pas encore, le club de la capitale a commencé sa vie professionnelle dans un maillot à rayures bleues et rouges. Rayures qui ont ensuite été immédiatement abandonnées jusqu’à l’Asian Champions League 2012. Pour la saison 2013, elles sont réhabilitées pour le championnat. Mais plutôt qu’un retour aux sources, c’est en fait une grosse allusion à l’équipe russe du CSKA Moscou (dans laquelle joue la star Keisuke Honda) qui ressort. Cela vient du fait que Moscou est aussi équipée par Adidas depuis 2012 et que son maillot est composé de rayures bleues et rouges d’une épaisseur similaire à celles de Tokyo et dont les manches sont ornées des trois bandes de la marque dans une couleur dorée et brillante, comme sur le nouveau maillot de Tokyo. De plus, la coupure des rayures sur le haut du maillot est similaire à un récent modèle de Moscou. Sur le modèle extérieur, l’incorporation du doré sur les flancs est un changement bienvenu et qui passe comme une lettre à la poste, d’autant plus que le bleu et le rouge sont toujours présents pour la tradition.

Sûrement la catégorie « poussins ».

Kashiwa Reysol : Yonex, un équipementier japonais, entame sa troisième année comme fournisseur de Kashiwa et produit là son deuxième jeu d’uniformes pour le championnat après avoir offert au club un set spécial pour les compétitions continentales en 2012. Si Nylon Ganbare n’a pas encore d’informations quant à la couleur choisie pour les matchs à l’extérieur, l’uniforme principal est entièrement jaune. Cela marque une rupture avec la tradition du club de jouer avec un short noir. Alors vous allez me dire qu’ils ont justement joué entièrement en jaune en Champions League en 2012. Mais la Champions League, ça ne compte pas dans la tradition, regardez les clubs français pour vous en convaincre. Le nouveau maillot de Kashiwa est parsemé d’une sorte de vagues jaunes et rouges destinées à rappeler l’idée de flammes, vous savez, en rapport avec les rayons du soleil. Si le motif s’affiche sur tout l’avant du maillot, son exécution en fait un apport pourtant dosé, sans entrer dans le gigantisme. Cela propulse l’ensemble dans la catégorie des tenues qui se démarquent des habitudes, tout en produisant une nouvelle forme d’identité.

Exotiques, les mannequins de chez H&M.

Omiya Ardija : Depuis le début de son contrat avec Under Armour, le club de Saitama s’était fait une réputation en jouant dans des tenues très modernes aux designs audacieux et uniques. Pourtant, depuis 2012, il semble que la tendance change : le set de la dernière saison puisait sa force dans ses matériaux plutôt que dans l’originalité de son design. Les maillots s’apparentaient plus à des t-shirts technologiques, élastiques et près du corps. Pour 2013, on est dans la continuité : une variation du col et du bout des manches démontre un changement mais l’apparence globale reste celle d’un simple t-shirt, certes pour sportifs. Les couleurs de l’équipe sont respectées et nul doute que l’ensemble remplira son rôle. Il aura aussi le mérite d’être moins distrayant qu’avant. En ce qui concerne le ressenti par rapport à la direction empruntée depuis 2012, les avis seront quant à eux toujours partagés, c’est bien normal. Personnellement j’ai la haine.

Au passage, notez que la saison 2013 est la saison anniversaire du championnat professionnel. En effet, la J.League fête ses vingt ans et, pour l’occasion, le traditionnel badge porté par tous les clubs sur la manche sera modifié en conséquence.

Le mot du jour : REPLICA

Le replica n’est pas une espèce de bois pour fabriquer des meubles. C’est un terme utilisé pour désigner les répliques des maillots des joueurs, fabriquées avec des différences visant à en privilégier l’usage par le supporter moyen. En effet, les replicas n’existent que pour être vendus aux fans et représentent la quasi-totalité des recettes des clubs en ventes de maillots. Leur distribution est à l’échelle industrielle, contrairement aux maillots des joueurs, même si la vente de ces derniers commence à se démocratiser.

Concrètement, le replica a généralement une coupe plus ample pour contenir le réservoir à houblon qui sert de ventre à son propriétaire, des logos et emblèmes brodés et cousus pour une meilleure résistance au temps et à Le Chat Machine, des coutures plus grosses et une matière plus épaisse pour pouvoir survivre plus de quatre-vingt dix minutes, l’absence de la totalité des technologies textiles pourtant vantées par les marques dans les pubs et des étiquettes conventionnelles parce que les frottements contre la peau, le supporter s’en fiche. Beaucoup de gens pensent que replica est synonyme de « contrefaçon ». A ces gens-là je dis qu’il n’en est rien : les replicas sont des marchandises officielles, licenciées par les clubs et les fabricants. Mais il est vrai que les replicas sont généralement les versions des maillots les plus copiées par les faussaires. Enfin, notez que le terme est utilisé dans à peu près tous les sports et pas seulement dans le football.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : « Je vends un replica porté par Nakata contre l’Australie en 2006. Ce que je ne vous ai pas dit c’est que c’était Marcel Nakata, bloc C, rang 14, siège 23. » ou encore « Le client répliqua au vendeur que quatre-vingt cinq euros, pour un prix standard, c’était la meilleure de l’année.« 

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

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