Mondial 2014 : Analyse des attaquants

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L’attaque est un secteur où Alberto Zaccheroni a fait le plus d’essais ces dernières années, mais c’est aussi celui où il a sans doute le plus de certitudes. Entre les milieux offensifs responsables de l’animation, les purs attaquants pour marquer les but et les dynamiteurs, Zach’ a décidé de mixer expérience et fraicheur avec des joueurs plus mobiles que physiques. A nouveau, il affirme l’intention du Japon de jouer son jeu, bien loin de la tactique d’Okada en 2010, basée sur le contre et la conservation de balle de Keisuke Honda. Décryptage.

Les milieux offensifs

 

On compte trois joueurs créatifs. Trois joueurs évoluant en Europe et ayant tous la particularité d’avoir connu une saison difficile, à titre personnel et collectif. Keisuke Honda a finalement rejoint l’Italie et le Milan AC cet hiver après avoir été retenu par le CSKA Moscou au mercato estival. Après une arrivée très médiatisée de l’autre côté des Alpes, le meneur de jeu de la sélection a vite déchanté. Il fut en effet l’une des victimes de l’arrivée de Clarence Seedorf sur le banc milanais à la place de Max Allegri…3 matchs après l’arrivée du japonais.

Le nouvel entraineur arrive avec ses idées, un système en 4-2-3-1 où Honda se retrouve isolé côté droit. S’il dispose d’un temps de jeu conséquent, ses performances, elles, ne sont pas à la hauteur. Bousculé, jamais servit dans le sens du jeu, lent dans ses mouvements, Keisuke ne brille pas. A peine quelques étincelles, à l’image de son équipe, qui ne connaitra pas l’Europe cette saison. On peut parler d’une difficile période d’adaptation pour le patron de l’attaque nipponne, mais son état physique inquiète.

Ce qui a marqué les observateurs pendant cette demi- saison à Milan, c’est la condition physique de Honda. Bien loin de la vivacité, de l’énergie et de la solidité affichée en Coupe des Confédérations l’été dernier, il s’est retrouvé incapable de résister aux défenseurs de Série A. L’explication est toute trouvée : cela fait désormais deux ans que le japonais n’a pas eu de période de repos décentes, la faute à la Coupe des Confédérations, puis à son transfert à Milan qui ne lui ont pas permis de profiter des trêves estivales et hivernales.

Cependant ne soyons pas alarmistes, hormis un petit souci à la cheville en Avril, Honda n’a connu aucune blessure et l’on sait également que l’équipe nationale et le Mondial sont une motivation énorme pour lui. Après un travail spécifique, il devrait à nouveau être au top et mènera l’attaque nipponne !

Dans cette tâche, Honda sera aidé par l’inévitable Shinji Kagawa qui a longtemps été rejeté par David Moyes qui lui préférait Ashley Young, Antonio Valencia ou encore le prodige belge Januzaj pour animer les côtés de l’attaque occupée par Van Persie, Rooney et Welbeck. Le salut du Japonais va venir de l’arrivée cet hiver de l’Espagnol Juan Mata qui obtient très vite les clés du jeu. Pour cela, le champion d’Europe 2012 a besoin d’un compère avec qui il peut combiner.

Kagawa se révèle être le seul avec suffisamment de technique et de mobilité pour soutenir l’espagnol. Mais cela ne suffit pas à redonner de l’élan à l’équipe qui végète en dehors de la zone qualificative à une coupe d’Europe. Indigne pour cette équipe. David Moyes est finalement remercié à la fin du mois d’Avril.

L’entraineur intérimaire, Ryan Giggs a alors soufflé le chaud et le froid avec Kagawa, le japonais alternant passages sur le banc, voire en tribunes, et titularisations dans un rôle de milieu relayeur complètement improbable. Avec une trentaine de matchs dans la saison (toutes compétitions confondues) dont une bonne moitié comme titulaire, Shinji Kagawa ̎s’en sort bien ̎ et pourra arriver au Mondial frais et avec assez de rythme grâce aux matchs de préparation.

De cette saison difficile pour lui et son équipe on peut cependant retenir un point positif pour le joueur : afin de résister à l’intensité anglaise, il s’est épaissi de manière significative, lui permettant de mieux défendre et de mieux résister épaule contre épaule. Une arme qui pourrait être utile face à trois nations puissantes physiquement.

Enfin Hiroshi Kiyotake a connu une saison contrastée avec le FC Nuremberg. Meneur de jeu de l’équipe, sa technique et son jeu de passe (3 buts et 8 passes décisives cette saison) ont fait le bonheur de l’équipe allemande qui a tenté de se maintenir jusqu’à la dernière journée. Cependant, l’ancien joueur du Cerezo Osaka s’est vu régulièrement critiqué pour son manque d’efficacité à la finition et son repli défensif très perfectible.

Ce dernier point a d’ailleurs été mis en avant lorsque Makoto Hasebe, qui jouait juste derrière lui, s’est blessé. Ainsi, sur 32 matchs comme titulaire (3e joueur le plus utilisé de l’équipe), il n’en a terminé que 18, en étant remplacé très tôt dans le match, et même souvent dès la 45e minute. Pire, il resté sur le banc lors la dernière journée de championnat face à Schalke 04, match pourtant capital dans l’optique du maintien (qui ne fut pas acquis).

Ce qui ressort de sa saison est que Hiroshi Kiyotake est un bon joueur, un leader technique même, mais qu’il n’a pas le coffre physique pour offrir de la consistance sur un match entier. Pas encore en tout cas. Un palier à franchir pour ce meneur de jeu qui arrivera tout de même au mondial dans un rôle de joker qui lui convient parfaitement.

Les dynamiteurs

 

Ils seront sans doute les joueurs chargés de terminer le travail en fin de match, profitant des efforts de leurs partenaires pendant une heure ou plus. Zaccheroni a fait le choix de la jeunesse et du local en sélectionnant deux joueurs habitués désormais à la sélection, aux dépends d’un Takeshi Inui qui a complètement disparu des radars du côté de Francfort.

Yoichiro Kakitani a été la révélation de l’année 2013, en J-league comme en équipe nationale. Intelligent dans ses courses, doué balle au pied, le joueur du Cerezo Osaka s’inscrit alors dans la lignée des joueurs doués formés chaque année par le club (Kagawa, Inui, Kiyotake, aujourd’hui Minamino). Buteur, un peu égoiste, il détonne en J-league et s’impose petit à petit à la pointe de l’équipe nationale où Keisuke Honda l’adoube, au détriment de Mike Havenaar ou du vétéran Ryoichi Maeda. Cependant, la « hype » est quelque peu retombée depuis.

Sa difficulté à exister au milieu des défenseurs et à se créer des occasions ne lui a pas permis d’être aussi efficace en équipe nationale qu’en club (1 seul but, face à la Belgique, en 7 matchs face à des adversaires non-asiatiques). Cette saison, il subit la mauvaise entame du Cerezo Osaka avec un seul petit but en 12 matchs de championnat. Désormais plus du tout assuré d’être titulaire en sélection, sa fougue et sa vitesse d’exécution pourraient cependant être utiles.

Manabu Saito n’est pas dans la même situation. L’ailier de poche (1m65) de Yokohama s’est fait son trou en profitant des méformes de Takeshi Inui notamment. Très performant avec Yokohama en 2013, il a plus de peine à briller cette saison, à l’image de son équipe qui occupe une décevante 15e place cette saison. Saito n’est pas un buteur. Seul véritable ailier de la sélection, il brille par ses dribbles déroutants et ses accélérations supersoniques. Le Japon s’est parfois montré vulnérable face à un adversaire imposant un faux-rythme à la rencontre, la variété du milieu est une réponse à ce problème, Saito peut en être une autre.

Les buteurs

 

Au Japon, le terme de buteur ne désigne pas forcément un avant-centre, même s’il semble que les trois joueurs sélectionnés par Alberto Zaccheroni seront amenés à occuper cette position…et celle d’ailier droit pour deux d’entre eux.

Shinji Okazaki est sans aucun doute possible la grande satisfaction cette saison chez les japonais évoluant en Europe. A la pointe de l’attaque de Mayence, seul ou aux côtés du camerounais Choupo-Moting, l’ancien joueur de Shimizu S-Pulse a battu deux records. Le premier est personnel puisqu’avec 15 buts en championnat, il dépasse son record de Shimizu, datant de 2009 !

Mieux encore, ses performances cette saison fond de lui le meilleur buteur sur une saison pour un japonais en Europe, dépassant Shinji Kagawa (13 buts en 2012). Appel tranchants, intelligence dos au but, opportunisme, flair, Okazaki a retrouvé des qualités de buteur qu’il avait égarées du côté de Stuttgart. Qu’on se le dise, le danger n°1 pour les défenses adverses, ce sera lui !

Yuya Osako arrive juste à temps. Avec des performances remarquées en automne face à la Belgique et aux Pays-Bas, il signe presque dans la foulée pour le Munich 1860, en 2.Bundesliga. Choix curieux pour certains ? Pas pour Osako qui a surfé sur son année 2013 (19 buts avec Kashima) pour planter 6 buts et délivrer 3 passes décisives en 15 matchs, faisant de lui le meilleur buteur de l’équipe allemande. Une intégration express à l’Europe et une capacité à jouer dos au but et se déplacer entre les lignes qui bonifient une adresse exceptionnelle devant le but. Yuya Osako ne vient pas à la Coupe du Monde pour faire de la figuration.

Enfin, le troisième choix de Zaccheroni est une surprise…sans en être une finalement. Exit les Toyoda, Havenaar et autres Maeda et place à Yoshito Okubo ! A 32 ans (le 9 juin prochain) l’attaquant de Kawasaki Frontale fait un retour fracassant en compétition officielle, quatre ans après sa dernière sélection. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il le mérite. Connu pour sa maladresse qui n’avait d’égale que son agressivité, Okubo a corrigé ses défauts.

Cela se traduit par 27 buts marqués en J1 avec Kawasaki en 2013 et il part sur les mêmes bases cette saison avec déjà 8 buts marqués en 12 matchs de championnat ! Toujours aussi agressif, discipliné tactiquement et expérimenté, Okubo a connu les succès et les échecs. Il est certain que quel que soient les difficultés rencontrées par la sélection au Brésil, Okubo y fera face…et entrainera les autres à sa suite.

Alberto Zaccheroni a donc choisi les 23 samurais qui porteront le maillot bleu de la sélection au Brésil. Si quelques joueurs inquiètent quant à leur condition physique, la sélection est cohérente et possède les armes pour bien figurer et imposer son jeu à ses adversaires. Premier test le 27 Mai, face à Chypre. On suivra tout ça de très près !

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