Mondial 2014 : Le Japon est prêt

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Côte d’Ivoire – Japon, c’est samedi. En attendant de voir les Samouraïs Blue face à l’un de ses plus grands défis de son histoire, on vous propose une mise au point autour de l’équipe d’Alberto Zaccheroni. 

Un groupe qui arrive à maturité

Au Brésil, Alberto Zaccheroni et son équipe seront attendus. Contrairement au mondial 2010 où personne ne donnait cher de la peau des nippons en raison de leurs piètres résultats lors des matchs de préparation (défaite 3-0 contre la Serbie, 2-0 contre la Corée du Sud et 2-0 contre la Côte d’Ivoire), cette année sera cette fois-ci très différente.

Le groupe Japon est constitué de joueurs issus des générations 85 / 86 / 88 et 89 (Aoyama, Honda, Kagawa, Nagatomo, Yoshida, Morishige, Uchida…). Ayant évolué ensemble pour la plupart dans les catégories de jeune, ces joueurs se connaissent depuis un certain temps aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Ces trois générations ont été habilement intégrées au cours de ses quatres dernières années avec les générations 80 / 82 et 83 (Endo, Hasebe, Okubo, Kawashima…).

C’est ce mélange habile qui a permis à l’équipe japonaise de conserver son identité et sa force de caractère qu’on lui connaît, tout en injectant de nouveaux talents aux profils différents et complémentaires.

Oui cette équipe du Japon arrive à maturité et avec de meilleures armes offensives qu’en 2010. Oui, il s’agit de l’équipe japonaise la plus forte et la talentueuse de l’histoire de la JFA. Mais tout n’est pas rose avant le coup d’envoi de ce samedi face à la Côte d’Ivoire, on vous rassure (note personnelle : et il faut bien que je vende mes slips au passage sur le forum Nippon Ganbare).

Des faiblesses oui, mais pas que

Il faut bien le reconnaître, les départs de Yuji Nakazawa et Marcus Tulio Tanaka se sont faits dans la douleur. Et nul doute que si les deux joueurs cités n’avaient pas perdu leur niveau d’antan, Alberto Zaccheroni aurait de nouveau fait appel à leurs services.

Vous voyez évidemment où cela nous mène pour la 48989830909309 ème fois : la défense japonaise.

Maya Yoshida et Yasuyuki Konno. Deux défenseurs qui en l’espace de quatre ans auront permis à l’équipe japonaise de se qualifier pour une cinquième phase finale de Coupe du Monde, tout en remportant un titre de champion d’Asie. Mais…

Cette charnière centrale très critiquée (souvent de manière abusive pour ne pas dire disproportionnée) pose clairement problème à l’heure actuelle. Yasuyuki Konno ne semble clairement pas à son meilleur niveau tout comme Maya Yoshida qui a peu joué à Southampton cette saison (la faute à un certain Lovren impérial). Et ce ne sont pas les derniers matchs de préparation qui viendront malheureusement dire le contraire. Avec quatre buts encaissés en trois matchs, les nippons n’ont pas encore trouvé l’équilibre entre la défense et l’attaque. Mais ils « travaillent dessus » selon les dires du sélectionneur national.

Toutefois, plusieurs indicateurs sont à prendre en considération dans cette analyse pré-mondial: il s’agissait tout d’abord de matchs de préparation ayant pour objectif de retrouver un rythme de jeu et des automatismes entre les joueurs (la Zambie non qualifiée a clairement joué à son maximum là où le Japon a bien fait attention de ne pas se blesser). De plus,  Konno a occupé un poste qui n’était pas le sien face au Costa Rica (d’où son mauvais placement sur le but encaissé) et n’est responsable sur aucun des trois buts encaissés face à la Zambie. Le groupe est également monté en puissance petit à petit tout en poursuivant sa préparation physique.

N’oublions pas également que le Japon a littéralement « donné » ses derniers buts comme face aux Pays-Bas, la Belgique la Nouvelle-Zelande et on l’a dit, la Zambie (je vous invite à retrouver les résumés de ces rencontres). De telles erreurs sont difficilement imaginables en Coupe du Monde où l’intensité ainsi que la concentration sont d’un autre niveau. 

Récemment, le Japon prends également beaucoup de buts lors de la première mi-temps ce qui est un signe qui ne trompe pas et qui peut symboliser un manque de rythme. Et le rythme ainsi que la condition physique sont les seuls mots prononcés en ce moment par Alberto Zaccheroni. C’est la préoccupation numéro 1 des Blue Samouraïs.

Alors évidemment les problèmes défensifs que nous connaissons tous ne risquent pas de disparaître du jour au lendemain. Mais nous ne sommes pas non plus dupes. Le Japon n’est pas le Honduras. Il enchaîne sa cinquième Coupe du Monde et ne devrait pas répéter l’erreur de la génération Zico en 2006 (manque de jeu collectif sous la pression et manque de combativité en défense). Et c’est précisément dans cette mesure où le Japon peut se sentir prêt pour Brésil 2014.

Si nous avons pu voir les lacunes défensives lors des derniers matchs de préparation, nous avons également constaté autre chose : le Japon a du caractère et… du talent. C’est indéniable. Le jeu collectif dicté par Keisuke Honda et dynamisé par Shinji Kagawa ainsi que Yuto Nagatomo est clairement le point fort des Samouraïs Blue. Là où les équipes stars compteront surtout sur les individualités, les nippons joueront avant tout la carte du collectif (même si les attaquants auront la pression de conclure les actions).

Pour la première fois depuis bien longtemps, les nippons peuvent également se targuer d’avoir des attaquants pour finir ses actions (Kakitani, Osako, Okubo, Okazaki, c’est quand même autre chose que Tamada et Yano présents en 2010 ou Mike Havenaar lors de la Coupe des Confédérations…). Mais revenons rapidement sur la défense car il serait trop facile de réduire le simple problème du Japon sur un simple « c’est la faute de… » « oui mais il faut rappeler Tulio… » « c’est la faute de Nippon Ganbare qui vous cache la vérité et qui n’est pas objectif ».

Que l’on soit bien clair et « objectif » (ce qui n’a jamais manqué chez aucun des rédacteurs du site au passage). Maya Yoshida a emmené les moins de 23 ans en demi-finale des Jeux Olympiques de 2012 et possède par conséquent une solide expérience au niveau internationale. Il évolue en Premier League, même si il a joué un match sur quatre cette saison (8 matchs en tout seulement), et il est habitué à un niveau de compétition bien au dessus de tous les défenseurs de J.League réunis. Ceci est un fait. 

A ses côtés, Konno ne réalise pas sa meilleure saison mais demeure une valeur sûr dans le sens où il connaît parfaitement Maya Yoshida et possède une vision de jeu ainsi qu’une capacité d’anticipation qui a sauvé (si si, on l’oublie trop souvent) le Japon à maintes reprises. Ceci est également un fait.

Sa doublure (Masato Morishige) aura montré de belles choses lors des matchs de préparation mais est loin de posséder une expérience internationale digne de ce nom (à titre personnel, je le préfère tout de même à Konno).

Alberto Zaccheroni se trouve donc face à une interrogation : la jeunesse et la nouveauté à la place de l’expérience ? Le cas « Konno ou Morishige » peut éventuellement être une des interrogations autour de l’équipe type. On doute quand même que le tacticien italien se décide à prendre un tel risque sur la base de quelques matchs de préparation…Changer sa charnière centrale qui a très bien tenue face à la France et durant les éliminatoires semble un poil ambitieux (mais sait-on jamais, aurons-nous une surprise du chef ?).

Et la logique s’applique également au milieu de terrain pour les cas Yasuhito Endo et Makoto Hasebe. Le premier est le joueur le plus expérimenté et le plus capé de l’équipe nationale. Et à 34 ans, il a prouvé qu’il pouvait encore apporter au Japon. Son match face à l’Italie l’année dernière en Coupe des Confédérations ou sa prestation face à la Belgique en sont les parfaits exemples. Aucun joueur évoluant en Europe ou au Japon au même poste n’arrive à proposer la même qualité de jeu.

Aux côtés d’Endo, on retrouve le capitaine Makoto Hasebe qui comme le dit si bien Zaccheroni, est un joueur très, très très important pour le groupe. Il sait trouver les mots juste à la mi-temps et sur le terrain. Il sait également transpercer les lignes adverses de part son jeu de passe et ses accélérations. Et il sait également défendre, lui qui est habitué au jeu rugueux de la Bundesliga depuis maintenant 7 ans. Aucun joueur évoluant en J.League ou en Europe n’affiche également la même expérience au haut niveau. Si Makoto Hasebe se rétablira dans les temps, il jouera aux côtés de Yasuhito Endo.

Alors oui tout ce beau monde arrivera avec des carences au niveau physique (Hasebe en raison de sa récente blessure, Yoshida en raison de sa situation en club, Endo en raison de ses 34 ans et Konno en raison de sa situation actuelle). Mais la véritable question est donc la suivante : qui sélectionner avec la même expérience au même poste pour défendre les couleurs du Japon ? Qui le Japon doit-il appeler pour résister à la pression d’un mondial (Endo en est à sa troisième Coupe du Monde…) tout en s’intégrant dans un collectif très rôdé ? Comment expliquer aux autres joueurs de la sélection un tel choix suréaliste que celui de mettre de côté des éléments qui ont prouvé leur valeur au haut niveau lors des éliminatoires au Mondial 2014 ?

Quel message serait alors envoyé sinon celui de l’amateurisme, du doute et de la peur transmise à l’ensemble du groupe Japon ? Tu ne joues pas bien trois matchs en sélection, tu rentres chez toi et on appelle un jeune de 19 ans qui a six mois d’expérience ou des défenseurs vétérans absents depuis 2010 en raison de leurs mauvaises performances en club ? Soyons sérieux quelques instants. Une équipe nationale, ça ne se gère pas comme dans un FIFA Ultimate Team ou un PES. Il y a le facteur humain, l’ambiance globale, les notions de confiance et de crédibilité.

Le fond du « problème » n’est en réalité pas là. Le Japon a eu des défenseurs talentueux dans les sélections espoirs et de jeune (Mizumoto, Aoyama, Fukumoto, Makino pour ne citer qu’eux). Toutefois ces derniers n’ont pas confirmé les espoirs placés en eux durant leur passage chez les professionnels. La faute à un manque de progression,  de mauvais choix de carrière ou de blessures. La réalité est que la JFA a fait ce qu’il fallait dans la formation de défenseurs pour l’équipe nationale. Mais manque de chance (ou destin ?) ce sont les « moins talentueux » (Yoshida et Inoha) qui sont parvenus à tirer leur épingle du jeu au final. Est-ce que Nakazawa et Tulio de 2010 feraient mieux que Yoshida et Konno aujourd’hui ? Oui, absolument. Est-ce que Nakazawa et Tulio de 2014 feraient mieux que Yoshida et Konno ? Nous serions tentés de vous répondre qu’on préfère encore jouer avec Mike Havenaar à la pointe de l’attaque que de revoir ces deux là. 

Quelles sont les chances du Japon ?

Face à la Côte d’Ivoire de Didier Drogba, le Japon ne part pas favori. Mais il ne part pas non plus outsider. Le match sera certes difficile, Kawashima sera certes (très) certainement sollicité à plusieurs reprises et le Japon souffrira. Mais ça ne sera pas la faute de Konno ou Yoshida. Il s’agira du niveau de l’équipe du Japon, point final. Et n’importe quel observateur un peu sensé admettra qu’aucun joueur resté au pays ne pouvait éventuellement faire mieux.

Toutefois, il y a suffisamment de qualité dans cette équipe japonaise pour venir à bout d’un adversaire comme la Côte d’Ivoire. Il faudra voir si la solidarité défensive du groupe suffira à compenser (au bon moment) ses lacunes individuelles et physiques. Il y a autant de raisons d’y croire que de raisons de douter. Ce match servira très certainement d’electro choc dans un sens comme dans l’autre. En cas de victoire, elle boosterait le mental de l’équipe et son capital confiance. En cas de défaite, elle placerait les hommes d’Alberto Zaccheroni dans la même situation que l’an passé avant le match face à l’Italie (avec la réaction qu’on a pu tous observer derrière). Mais je vois davantage un match nul, je ne sais pas pourquoi.

Mon pronostic pour ce match : nul 0-0

Face à la Grèce, le Japon dispose suffisamment d’expérience pour éviter le piège d’un match attaque-défense perdu à la 90ème sur corner et but de la tête. Les grecs joueront la Colombie pour leur premier match. Si ils ont un minimum d’ambition, ils joueront pour marquer et pour la victoire face au Japon. Un atout pour les hommes d’Alberto Zaccheroni qui devront être solides et afficher leur meilleur jeu collectif pour ne pas tomber dans un énième piège. La Grèce a toujours eu du mal face aux équipes asiatiques. Et il n’y a pas de raisons pour que cela change.

Mon pronostic pour ce match : victoire 2-0 

Enfin face à la Colombie, les japonais devront s’arracher. Il s’agira de leur plus grand défi face à une équipe dangereuse mais pas non plus invulnérable. Les nippons auront des occasions et donc leur chance de s’imposer dans ce troisième match. C’est la raison pour laquelle je les vois également l’emporter sur le score de 2-1.

Mon pronostic pour ce match : victoire 2-1

Conclusion

 

La confiance. Il s’agira du mot clef pour les hommes d’Alberto Zaccheroni. Car le Japon est prêt et a prouvé qu’il avait désormais des qualités offensives indiscutables. Il faudra surveiller si celles-ci suffiront à compenser les lacunes légendaires de l’arrière garde, notamment sur coups de pieds arrêtés. Mais vous savez bien ce que l’on dit dans ces cas là. Du moment que l’on marque plus de buts que l’adversaire…

Nous, ça nous va.

Ganbare Nippon.

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