Shinji Kagawa n’a pas fait d’étincelles contre le Cambodge.
Shinji Kagawa (26), le meneur de jeu du Borussia Dortmund, réalise actuellement une très bonne saison avec son club, tant au niveau des statistiques que dans le jeu. Son compteur s’élève à  7 buts et 8 passes décisives en 20 matches toutes compétitions, sans compter que dans le système de Thomas Tuchel, le japonais est souvent celui qui va donner l’avant-dernière passe, qui n’est malheureusement jamais relevée dans les statistiques.
Toujours est-il que Kagawa a largement contribué au bon début de saison de son club, si bien que Tuchel s’obstine à le titulariser pratiquement chaque semaine, même après une série de matches éprouvants à l’autre bout du monde, avec le Japon.
Une équipe japonaise qui, par ailleurs, réalise des performances et des résultats bien en deçà de ce que l’on est en droit d’espérer d’une des meilleures nations d’Asie. Au vu de la forme de Kagawa avec Dortmund, et sachant qu’il est préféré à Honda en position de meneur de jeu avec la sélection nippone, on pourrait pourtant s’attendre à le voir briller plus que jamais avec le Japon. Comment un titulaire indiscutable dans un des meilleurs clubs d’Europe peut avoir tant de difficultés face à des équipes comme Singapour ou le Cambodge?
Sous Alberto Zaccheroni, sélectionneur du japon de 2010 à 2014, la question se posait déjà , et Yuto Nagatomo (29, qui évolue à l’Inter Milan) pointait du doigt le fait que la plupart des joueurs de la sélection japonaise sont loin d’être au niveau de ceux qui entourent Kagawa à Dortmund. Le Japon ne dispose effectivement pas de joueurs tels que Aubameyang ou Reus capable de créer des espaces à exploiter pour Kagawa.  «C’est aussi notre responsabilité de faire vivre Kagawa en sélection», déclarait Nagatomo.
Interrogé récemment par Soccer King, Shunshuke Nakamura, la star japonaise ayant évolué au Celtic, célèbre notamment pour la qualité de ses coup-francs (dont les supporters de Manchester United se souviendront), et qui a dit adieu à la sélection nationale après la Coupe du Monde de 2010, donne lui aussi son analyse sur la question.
«A Dortmund, les attaquants et les milieux sont tous en mouvement, ils apportent toujours des solutions et la balle circule rapidement vers l’avant. Ça demande une coordination parfaite, et le Japon n’est pas encore capable de reproduire un tel jeu.
Avec le Japon, Kagawa a trop de responsabilités. Il ne peut pas juste penser à marquer des buts: c’est à lui de construire les actions, le reste de l’équipe joue grâce à lui. C’est pour ça qu’on le remarque moins, qu’il marque moins de buts. Quand j’étais à sa place, j’ai pu marquer quelques buts parce que les milieux de terrain me donnaient de très bonnes passes et s’occupaient eux-même de construire les occasions, donc je pouvais me concentrer sur mon jeu. C’est différent pour Kagawa, il doit être partout à la fois, donc c’est plus difficile.
Aujourd’hui, nous n’avons qu’un seul joueur à la pointe de l’attaque. A mon époque, ils étaient deux, donc quand je recevais le ballon, j’avais des options en face de moi. Avec un seul attaquant, c’est plus corsé de faire la dernière passe par soi-même, donc Shinji est obligé de se décaler sur l’aile pour combiner avec le latéral, et bien souvent il ne peut s’appuyer que sur ce joueur pour débloquer la situation.
Mais malgré cela, Kagawa a quand même déjà marqué 23 buts avec le Japon, donc il n’est pas si inefficace que les critiques voudraient le faire croire. Il ne faut pas oublier ça.»
Même si on peut éventuellement reprocher à Kagawa de ne pas faire assez d’efforts pour s’adapter au système de jeu de Vahid Halilhodzic, le problème semble un peu plus profond. Peut-être faudrait-il réaliser que le réservoir de joueurs dont dispose Halilhodzic n’est tout simplement pas aussi bien garni qu’on voudrait le croire. En attendant que des joueurs comme Usami ou Minamino confirment à haut niveau, et que Vahid trouve enfin un milieu de terrain efficace (Shibasaki? Hasebe? Yamaguchi? Endo?), le Japon va devoir se reposer sur un Shinji Kagawa qui fait ce qu’il peut, et un Keisuke Honda qui… marque des buts.