Rétrospective : Yuto Nagatomo et les projecteurs brésiliens

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Ayakashi, membre du forum, nous offre un nouvel article dans la catégorie « Contribution des lecteurs ». Il s’agit d’une rétrospective sur la saison 2013-2014 de Yuto Nagatomo. On le remercie chaleureusement pour sa contribution et on vous souhaite une bonne lecture !

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Non, ça n’est pas l’histoire d’un réalisateur issu de la diaspora japonaise au Brésil dont je vais vous parler mais bien de la saison 2013/2014 de Yuto Nagatomo. Un exercice riche en belles prestations individuelles qui ne s’est pas terminé comme il aurait dû.

Cette saison là était la troisième pour Nagatomo sous les couleurs nerazzura. Elle voit débarquer Walter Mazzarri sur le banc lombard. Au programme : défense à trois, contre-attaque au mieux, possession stérile au pire. Dans tous les cas Nagatomo a le profil pour jouer dans le système de l’ancien mister napolitain.

Que ça soit à gauche ou à droite, 3-5-2 ou 3-6-1, la tâche de l’international japonais reste la même : animer le couloir. Et c’est ce qu’il fait de manière exemplaire. Nagatomo court encore et encore le long de son couloir. Au Meazza, le Samurai Blue est un rônin solitaire qui enchaine les duels, en phase offensive comme défensive. Et tel un guerrier à la lame affutée, ses adversaires ne résistent pas à sa vitesse, ses dribbles et ses centres. Pied droit, pied gauche, le numéro 55 nerazzuro met plus que jamais en valeur son ambidextrie. Cette Inter là n’est pas folle, mais avec un Palacio adroit, un Icardi en constante progression, quelques coups de génies d’Alvarez et un Nagatomo à qui tout réussit, elle tient le choc. Quand les hommes de Mazzarri se retrouve devant un bloc bas, c’est bien les duels remportés par l’ancien tokyoïte qui sont susceptibles d’allumer la mèche pour réveiller une attaque bien froide.

Mieux encore, au-delà de ses centres décisifs, Nagatomo est occasionnellement buteur. Voir Guarin et consorts prendre la pose le temps d’un ojigi pour fêter le but de leur infatigable homme de couloir n’a pas été chose rare. Un appel tranchant, croisé, une tête ou un contrôle et une frappe et le tour est joué. Nagatomo fait étalage d’un éventail de techniques varié qui lui vaudra d’être décisif douze fois, avec cinq buts et sept passes décisives. Je n’ai pas peur de dire que cette saison là, il était l’un des meilleurs à son poste, non pas en Italie, mais en Europe. Je ne porte pas l’Inter dans mon coeur, loin de là, mais en tant que sympathisant du football japonais et italien, une affiche en Serie A impliquant les nerazzuri était une bonne occasion de suivre sa mobylette nippone. Au final cette Inter, plutôt correcte comme je le disais, retrouvera l’Europe. Si Palacio s’est attiré tous les honneurs ou presque, Nagatomo était incontestablement l’une des raisons de cette progression qui, malheureusement pour la beneamata et son latéral, ne se confirmera pas. A ce moment là peu importe. Ce que je sais, ce que l’on sait, c’est que Nagatomo allait cesser d’arpenter les couloirs italiens, le temps d’un été, pour revêtir la tunique des Samurai Blue et livrer ses derniers combats de la saison au Brésil. Cette fois c’est sûr, avec cette saison, avec cette génération, tous les ingrédients sont réunis pour que Nagatomo ait son rayon de lumière sous les feux des projecteurs brésiliens.

Ce fut finalement la bataille de trop. L’équipe est en manque d’inspiration. Le numéro 5 japonais a beau tenter, rien ne marche. Que ça soit face à des ivoiriens aventureux, des grecs prudents ou des colombiens tout simplement supérieurs. Pourtant, comme avec l’Inter, tout avait bien commencé. Dans une position plus reculée mais toujours sur son couloir gauche fétiche, le voilà déjà en train de délivrer une passe décisive pour son nouveau concitoyen, Keisuke Honda, dès le premier match contre la Côte d’Ivoire. Le reste ne sera que dribbles ratés et centres désespérés, particulièrement contre la Grèce. La lame est définitivement émoussée. Pour une reconnaissance bien méritée, ce ne sera pas cette année. Et peut-être même jamais. Aujourd’hui, Nagatomo n’est plus aussi tranchant qu’en cette fameuse saison 2013/2014. Cependant, les dirigeants intéristes ne l’ont peut-être pas oubliée, cette saison, puisqu’il a récemment prolongé jusqu’en 2019. Preuve de reconnaissance ? Sans doute.

Ayakashi

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