La chronique de Keiran : Japon – Canada (amical)

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Japon – Canada : Gotoku Sakai, Havenaar et le système défensif japonais.

Ce soir au Qatar, le Japon s’est offert le Canada comme sparring partner pour son entrainement nocturne. Mieux, il a même eu quelques supporters pour l’encourager. Rythme lent, imprécisions, le match n’était pas des plus folichons et il était clair que les Samurai Blue se réservaient pour le match de mardi contre la Jordanie. Une mince victoire (2-1) pour un match qui n’était pas forcément dénué d’enseignements.

Gotoku Sakai, l’alternative

Nagatomo absent, Zaccheroni s’est enfin décidé à faire confiance à Gotoku Sakai. Bien lui en a pris. Timide au début du match, le joueur désormais incontournable à Stuttgart s’est rapidement libéré pour offrir des solutions et des appels tranchants sur son côté. Après la pause, le replacement de Kagawa à gauche lui a donné encore plus de liberté.

Le joueur de Manchester United se réaxant régulièrement, suivi par son latéral, c’est un véritable boulevard qui s’ouvrait pour Sakai. Espace qu’il a su exploiter avec brio par la qualité de ses appels et ses centres en pleine course. D’ailleurs, toutes les offensives sont passées de son côté, donnant à Inui puis Otsu des airs de champions de cache-cache tant sa relation technique avec Kagawa et Nakamura était évidente.

Défensivement, il a été un des rares à être agressif sur le porteur du ballon (nous y reviendrons) et sérieux dans son placement. Clairement, s’il réédite ce genre de prestation avec l’équipe nationale, il sera une alternative crédible à Yuto Nagatomo et Atsuto Uchida. Un bon point pour le sélectionneur en vue des prochaines compétitions.

Mike Havenaar, et si ?

J’avais été très critique à l’encontre du géant d’Arnhem à l’issu du match contre l’équipe de France, en Octobre dernier. Entré à la pause, il a brillé par deux énormes ratés avant de marquer un but d’une frappe croisée du gauche, peut-être un peu heureuse. Mais cela, finalement, c’en est presque anecdotique.

Si la défense canadienne était loin d’être rigoureuse, Havenaar a montré une palette technique qu’il était loin de posséder il y a six mois. Un jeu en pivot et une conservation du ballon permettant au bloc japonais de remonter, une capacité à capter l’attention du défenseur (et ainsi d’empêcher la défense de monter) grâce à une meilleure volonté au moment de disputer les ballons de la tête et enfin des appels et un positionnement plus intelligents, preuve en est des occasions qu’il s’est procurées.

Décisif mais peu en vue face au Tadjikistan, transparent face à la France, il a été aujourd’hui plus intéressant, avec un vrai rôle dans l’équipe japonaise. Tout cela n’est pas parfait, loin de là, mais j’ai vraiment l’impression que son expérience hollandaise lui est profitable. Il a enfin compris que sa taille seule ne suffit pas, comme ce fut souvent le cas en J.League. Face aux rugueux défenseurs d’Eredivise, il est en train de changer son jeu, d’exploiter ses possibilités. Qu’il ait gagné sa place de titulaire au Vitesse Arnhem tend à le prouver.

Il restera sans doute toujours un peu pataud, mais cela n’a pas empêché certains joueurs d’avoir une carrière des plus honorables. En accumulant du temps de jeu avec son club, il devrait continuer sur cette voie et même améliorer sa finition. De là à être une solution crédible d’ici le début de la Coupe du Monde ? Et si Havenaar se révélait être le Peter Crouch du Japon ? En tout cas, sa prestation m’aura presque fait oublier la non-sélection de Toyoda… « presque » seulement.

Un système défensif traumatisé par le match contre le Brésil ?

On se souvient de ce match. Confiant après une victoire difficile mais méritée face à la France, le Japon avait opposé un pressing tout terrain face aux génies brésiliens. Émoussés physiquement, pas assez rigoureux tactiquement, les Samurai Blue avaient sombré (0-4).

Mais l’idée était bonne, correspondant parfaitement à la fougue des Nippons. Face aux Canadiens, pourtant bien moins talentueux et rapides que les quadruples champions du monde, le Japon a eu une attitude des plus étranges. A chaque perte de balle, l’équipe se regroupait dans sa propre moitié ou reculait, en accompagnant les attaquants plus qu’en essayant réellement de les gêner.

Ce fut notamment le cas dans l’axe du terrain, les latéraux s’étaient, eux, attachés à empêcher les possibilités de débordements et de centres. Le quatuor Inoha-Yoshida-Endo-Hasebe a été lui très en difficulté. D’abord asphyxiés par le pressing canadien dans les premières minutes du match (obligeant alors Kagawa à redescendre pour faciliter la relance), ils ont ensuite fait preuve d’une passivité étonnante, laissant De Guzmàn se balader entre les lignes et orienter le jeu mais, surtout, en laissant les adversaires prendre de la vitesse et frapper au but.

Combien de fois les deux milieux centraux se sont-ils retrouvés les fesses par terre après une tentative désespérée de tacler un adversaire en pleine accélération ?! Consigne du coach pour s’économiser ou simple manque de rythme ? Espérons-le car Zaccheroni a toujours clamé que l’identité du Japon, c’est son pressing. Jouer contre nature n’est pas bon et avoir ce type de difficultés face au Canada est loin d’être rassurant. Souhaitons un prompt retour à la normale et à ce qui fait la force du système défensif nippon, qui semblait s’améliorer avant ce fameux match face au Brésil.

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