Contribution des lecteurs #2 : Japon-Mexique vu par Julia (Bunny Tsukino)

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Terminus, tout le monde descend, le fabuleux doublé n’aura point lieu. Aux portes de la finale, l’équipe masculine a rendu les armes, face à de talentueux mexicains dont la fraicheur physique – nonobstant la demi-heure supplétive jouée contre un Sénégal accrocheur et puissant en quarts de finale – a fait la différence. Pour mon plus grand malheur …

Sans me répandre en analyses tactiques ni écumer la rencontre, sachez que le résultat final a fait naître en moi quelques regrets. Vraiment, je pensais le Japon assez fort et solide pour se frayer un chemin vers la prestigieuse finale. Ce qui lui a manqué afin de surmonter l’écueil aztèque ? Que les joueurs soient au top de leurs formes respectives. Malheureusement, il n’en fut rien. Kensuke Nagai, clairement diminué par la blessure contractée face à l’Égypte il y a trois jours, a incarné à lui seul les maux dont l’équipe a souffert pendant une heure – ou quasiment. Un manque de pressing (lequel s’est avéré trop lâche, atone), de tonicité, d’alacrité, de mordant, des carences techniques (que ce soit dans les transmissions ou dans les contrôles de balle) elles aussi liées à la fatigue, jamais le bolide nippon n’aura pesé sur un match qu’il a traversé tel une âme en peine, un fantôme, un Casper. Or, quand on connait l’immense habileté balle au pied de l’escouade mexicaine, la gêner dès les premières relances, comme le fait si bien l’avant-centre de Nagoya d’habitude, était hélas primordial …

Sa prestation remet en cause le choix de Sekizuka de l’avoir aligné en tant que titulaire, mais avait-il une meilleure option ? Sugimoto fut bon dans les cinq minutes qui ont suivi son entrée en jeu aujourd’hui, moins dans le match de poules contre le Honduras (alors qu’il jouait, certes, au milieu des coiffeurs). Fallait-il prendre le risque de le titulariser ? Une chose est sûre, il a préféré un Nagai à 60% au mieux de ses possibilités, ce qui ramène encore et toujours un seul nom dans mon esprit : Ibusuki, Ibusuki, Ibusuki. Car en effet, sur le front de l’attaque, le Japon manquait tout simplement de profondeur de banc. Dans une compétition où les rencontres s’enchaînent à un rythme échevelé, cela a fini par s’avérer fatal. Nul doute que le géant de Séville, s’il avait été présent, aurait fait le plus grand bien à ses camarades et permis à son coach d’appliquer un turn-over intelligent … Bref !

Contrairement à nous, le Mexique a fait étalage d’un pressing intense, hargneux, incessant, un peu à l’image de nippons qui seraient en pleine possession de leurs moyens physiques. Mais aussi et surtout d’une adresse remarquable au niveau technique, que ce soit dans la conduite de balle, les contrôles, les combinaisons ou encore dans la capacité à jouer entre les lignes adverses. Il a un style propre, épuré et efficace, qui à mon avis le place au-dessus du Japon dans la circulation du ballon et dans la propreté des transmissions. Malgré tout, il apparait évident que la fatigue japonaise a joué un facteur important dans ce match, tant il a rogné la lucidité des joueurs de façon criante au moment d’effectuer le bon amorti, la passe correctement dosée ou encore la frappe cadrée. Nous pouvons, à cet égard, nous demander si la gestion des efforts dans les matchs précédents a été bonne. Si au lieu de s’échiner à presser l’adversaire en toute circonstance, lui confisquer le ballon ne serait pas une meilleure solution. Et, du coup, si le Japon ne souffrirait pas encore un peu d’un certain déficit technique qui l’empêcherait d’imposer son propre rythme à n’importe quelle équipe. Faire habilement et tranquillement circuler le cuir afin d’épuiser le onze adverse, l’astreignant à multiplier les courses dans le vide ; voilà, en substance, l’idéal vers lequel on doit essayer tant bien que mal de se rapprocher toujours plus. A la JFA maintenant de perpétuer le bon travaill effectué depuis deux décennies, et nous reviendrons plus forts encore !

En tout cas, ce revers douloureux ne met pas fin à la belle aventure ; il reste encore un match pour glaner une médaille, et quel match ! Un duel au couteau face au rival et cousin sud-corrén, lequel s’est lourdement incliné en demi-finale face à un Brésil omnipotent et insolent de réussite. De ces deux frères ennemis, un seul hélas empochera le bronze, mais gageons que cette petite finale mettra en lumière une fois de plus les substantiels progrès du football asiatique, qui chaque année s’élève un peu plus haut dans la hiérarchie mondiale. Au point, lentement, de dépasser le continent africain et de titiller européens, comme sud-américains …

Julia (Bunny-Tsukino) du forum Nippon Ganbare

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