Chronique de Keiran : Zaccheroni tient-il toujours le cap ?

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Si le titre de cet article pourrait paraître exagéré, il n’en reste pas moins que les dernières déclarations du sélectionneur japonais laissent songeur. A la veille du match contre les Pays-bas, les certitudes n’ont jamais été aussi faibles depuis la prise de fonction de l’Italien, la faute à des résultats sur le déclin, mais surtout à une impression qu’Alberto Zacheroni a perdu le fil, et gâche de précieux rassemblements à près de 200 jours de la Coupe du Monde. Explications.

L’ombre du 3-4-3

C’est sans doute le cœur du problème. Depuis son arrivée à la tête du Blue Samurai, le sélectionneur n’a cessé de répéter son désir de voir son équipe jouer dans son système de jeu fétiche, le 3-4-3. On l’a expliqué par le passé, c’est un système qui, en théorie, serait tout à fait adapté aux profils des joueurs japonais, à l’exception d’Endo, cadre indiscutable aux yeux de Zaccheroni.

Ce système a donc été peu utilisé, le 4-2-3-1 lui ayant été préféré à l’exception de quelques timides tentatives peu fructueuses. La qualification acquise, on aurait pu penser que s’il devait y avoir une réforme tactique, elle aurait débuté en août, laissant le temps aux joueurs d’assimiler un système complexe, laissant le temps au sélectionneur de trouver les hommes idéaux. Il n’en a rien été jusque-là, le 4-2-3-1 perdure et il continue à être le système dominant.

« Jouer importe plus que le résultat »

Partant de ce constat, il serait légitime de penser que Zaccheroni aurait décidé de s’appuyer sur ce qui a fait son succès depuis 2010. Les matchs amicaux, qu’il nomme lui-même test-matchs, devraient donc permettre de peaufiner les automatismes, de donner du temps de jeu à un Maya Yoshida qui en manque terriblement, de se confronter à des équipes différentes.

Le calendrier le laisse présager, mais en n’ayant aucune exigence de résultat, comment cette équipe, ce groupe déjà constitué à quelques exceptions près, peut-elle progresser, se jauger ? La notion de test-match s’envole et cela aboutit à des défaites cuisantes face à la Biélorussie et à la Serbie, censées être des équipes qui ne devraient pas poser autant de problèmes à une équipe japonaise en pleine ascension.

Lorsque le sélectionneur déclare que « Jouer importe plus que le résultat », on a l’impression qu’il parle d’une équipe en pleine construction. Du bluff afin de ne pas laisser transparaitre le véritable niveau du Japon ? Peu probable étant donné le niveau (et les carences) montré durant la Coupe des Confédérations, bien réel.

Donc Zaccheroni estime que son équipe est en construction. Mais il sélectionne encore et toujours les mêmes joueurs, exception faite de quelques places en attaque, et le 11 titulaire reste inchangé. Un paradoxe peu compréhensible car, après tout, si le résultat importe peu, quel est le risque d’essayer de nouveau joueurs, voire de les aligner plus régulièrement pour qu’ils s’intègrent au collectif ? Une Coupe du Monde ne se joue pas avec seulement 11 joueurs. On a pu le voir durant la Coupe des Confédérations, les joueurs tiraient la langue lors du 3e match, ce fut le cas en 2010 également, lors des huitièmes de finale.

Une équipe bouleversée en Mars ?

Le sélectionneur le dit, les matchs amicaux permettent aux joueurs de se rendre compte du niveau des équipes adverses. Les Pays-Bas et leur jeu en mouvement, et le jeu physique de la Belgique permettront donc aux joueurs de se préparer au mieux. Logique.

Sauf que, il y a une semaine, Alberto Zaccheroni a déclaré qu’il pourrait bouleverser son équipe en Mars. Donc, si on résume, les matchs amicaux vont servir à préparer des joueurs, dans un système de jeu donné (n’oublions pas le 3-4-3), avec la probabilité de ne pas les voir en Mars et, par conséquent, à la Coupe du Monde. Test-match avez-vous dit ?

Aujourd’hui, ce n’est pas le conservatisme, souvent décrié, du sélectionneur qui est dénoncé mais plutôt le manque de clarté dans ses choix. Le cœur (l’esprit au moins) de Zaccheroni semble balancer entre une confiance aveugle en un groupe qui hormis de récent accros (accident ou signe annonciateur ?) a donné entière satisfaction, et en une refonte importante pour tenter d’élever encore le niveau de la sélection. Les deux idées se justifient, mais il faudrait garder en tête qu’un changement important nécessite une longue période d’adaptation et que, du temps, il y en a de moins en moins.
Et des matchs face à des équipes telles que la Belgique ou les Pays-Bas, le Japon n’en joue pas tous les jours. Alors autant qu’ils soient utiles…

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