Pr̩paration JO 2012 : Japon 2 Р1 Mexique

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Une victoire importante pour les hommes de Sekizuka

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette équipe Espoir ne nous aura pas rendu l’analyse facile pendant ses matchs de préparation. Nous avons pu assister à plusieurs cas de figure ces deux dernières semaines : un match dominé techniquement avec un cruel manque de finition face à la Nouvelle-Zélande, puis une maîtrise dans le jeu, sans réelle occasion face à la Biélorussie, pour finir par une victoire empreinte de réalisme après 90 minutes très difficiles face au Mexique. Peu importe finalement, le Japon termine sa préparation invaincu après trois rencontres face à des équipes qui vont disputer ce tournoi des Jeux Olympiques. Entre optimisme et pessimisme, nous allons essayer, à travers cet article, de tirer au clair les enseignements de ce match et, de manière plus générale, de la préparation, en écho aux débats qui ont agité notre forum il y a peu…

Le résumé vidéo de la rencontre (commentaires en VO)

Un adversaire de taille sur la route de Londres

Commençons par une évidence : distinguer le résultat et le contenu du match est une nécessité impérieuse. La victoire du Japon deux buts à un face au Mexique est un excellent résultat. Dans ce tournoi des Jeux Olympiques, on peut presque classer les équipes de cette manière : tout en haut, les grands favoris que sont l’Espagne et le Brésil, voire l’Uruguay ; à l’opposé, les équipes pour lesquelles passer le premier tour relèverait de l’exploit (sans mépris aucun et uniquement au vu des groupes et des matchs amicaux disputés) comme la Nouvelle-Zélande, la Biélorussie, l’Égypte et le Honduras ; enfin, entre les deux, d’un côté des prétendants affirmés au dernier carré et de l’autre des challengers bien armés dont on attend un résultat.

Le Mexique est un des prétendants au dernier carré et pas un des moindres. De manière générale, les équipes de jeunes mexicaines réussissent bien dans les compétitions internationales : dernier exemple en date, les U17 ont remporté la dernière Coupe du Monde U17, où les jeunes Japonais avaient également brillé. L’équipe qui a joué contre le Japon cet après-midi ne déroge pas à la règle : troisièmes de la dernière Coupe du Monde U20, les Mexicains ont survolé le tournoi de Toulon, battant en finale 3-0 une équipe de Turquie qui s’était imposée en ouverture de la compétition… face aux Japonais.

L’enjeu du match était simple : après des performances assez décevantes lors des derniers matchs amicaux, il s’agissait d’obtenir un résultat face à un adversaire d’un certain standing pour engranger une confiance qui commençait à faire sérieusement défaut, avant une entrée dans la compétition face à l’Espagne. De ce point de vue-là, l’objectif est atteint. S’imposer face à un tel adversaire est inattendu et ce bon résultat des joueurs de Sekizuka doit donc être apprécié en temps que tel.

Le match

Le but marqué par Keigo Higashi après une minute de jeu, consécutif à une erreur défensive du Mexique bien exploitée par Kiyotake et à une passe décisive de Nagai, a complètement changé le déroulement du match. Avec un but d’avance face à une équipe comme le Mexique, impossible d’envisager la rencontre comme un banal match de préparation. Les Japonais jouaient une équipe globalement similaire à l’Espagne dans le style de jeu : inférieurs au milieu de terrain, privés de ballons, ce but précoce a transformé le match en un test grandeur nature, tout en sachant que la défense d’un avantage au score à laquelle on a assisté se transformera sans doute en la défense d’un résultat nul face aux Espagnols. Le Japon qu’on a vu pendant les deux mi-temps est sans doute très proche de celui que l’on verra jeudi contre l’Espagne. Solidarité défensive, explosivité en contre. En première période, les Japonais ont été dominés dans le jeu, la paire Ogihara – Yamaguchi n’étant pas à la hauteur pour imposer son rythme au milieu de terrain. Ils n’ont néanmoins pas concédé d’occasion nette, bien aidés par une ligne défensive au niveau : les Mexicains s’en remettront à une frappe exceptionnelle de Marcos Fabian (39′), l’un des meilleurs joueurs de cette équipe, pour égaliser une minute seulement après que les Japonais soient passés à un sauvetage sur la ligne du 2-0, par un lob de Kiyotake. Cette égalisation s’est accompagnée d’une fin de mi-temps difficile pour les Japonais (44′).

La deuxième mi-temps a vu un Japon, malgré l’égalisation, continuer à « accepter » la domination mexicaine. Dépassés au milieu de terrain, les Japonais ont préféré défendre bas et continuer à exploiter les contres : tactique choisie mais également imposée par la qualité de l’adversaire. Sauf que, s’ils ont semblé plus efficaces dans les phases de contre (bien aidés par un Manabu Saito entré à la mi-temps) et ont même réussi à prendre l’ascendant à certains moments, les garçons de Sekizuka ont concédé plus d’occasions nettes (56′) et semblé plus vulnérables qu’en première période sur leurs temps faibles (dont la fin de match, encore une fois). C’est Yuki Otsu qui a finalement délivré son camp après une succession de frayeurs près du but de Gonda, sur un but qui vaut la peine d’être vu. Dominé, le Japon a gagné.

Les joueurs

Shuichi Gonda n’a pas été tant sollicité que ce qu’il aurait pu (du ?) être au regard de la domination mexicaine. Bien placé sur les frappes  adverses (rarement cadrées), il n’aura malgré tout pas complètement rassuré durant une fin de match très difficile pour l’ensemble de l’équipe, souvent sauvé par la maladresse des attaquants mexicains (84′). Devant lui, Maya Yoshida a réalisé une prestation de classe. De bons tacles (23′), des frappes contrées (77′), il a été propre et serein. Ses quelques errements (42′, 44′) en fin de première mi-temps sont pardonnables au vu de sa récente blessure. A ses côtés, Daisuke Suzuki a impressionné, renforçant cette impression d’une charnière centrale de haut niveau, athlétique et souveraine dans les airs. Il a donné le ton dès le début du match en jaillissant avec autorité (2′, 8′, 14′) et en étant vigilant lorsque ses milieux étaient à la peine (20′). Les deux centraux peuvent légitimement être considérés comme les hommes du match.

Mais le fait qu’ils aient été autant sollicités rappelle que leurs coéquipiers du milieu de terrain ont connu un match difficile. Takahiro Ogihara, comme parfois à Toulon, a semblé couler : son absence d’influence à la récupération et son manque de concentration (9′) se sont accompagnées d’une imprécision dans ses relances (18′, 62′) et d’une défaillance sur coups de pied arrêtés qui aurait pu coûter cher (56′). Si une présence correcte au pressing doit être portée à son crédit, elle est là encore ternie par une propension à intervenir en retard (55′, 63′). Un match à oublier, qui aura soulevé des questions non pas sur son potentiel mais sur son niveau de maturité face à un adversaire de ce calibre. Remplacé à la 66′ par Kazuya Yamamura, lui aussi imprécis (80′) mais qui a eu le mérite de mettre de l’impact au milieu et de sauver l’équipe (80′) sur une occasion mexicaine. Hotaru Yamaguchi a vécu un match complètement différent. Des passes ratées (44′) et des moments de flottement (9′) certes, mais une présence physique et plus d’activité que son coéquipier du Cerezo Osaka, avec un sauvetage déterminant (45′) et également de bons jaillissements dans les pieds des attaquants mexicains.

Hiroki Sakai a réalisé une performance correcte : souvent en difficulté face à Miguel Ponce (il est vrai, très en forme dans son couloir, 17′), il a oscillé entre vigilance (4′, 53′) et manque de concentration (33′ 75′). Il ne faudrait pas que son fort caractère, important dans une équipe, devienne une simple tendance à gigoter et crier dès qu’une contrariété se présente, tel un vulgaire Nani. Yuhei Tokunaga a lui vécu un match très difficile face à Javier Aquino et montré ses limites en tant que défenseur gauche. Souvent à la limite (11′, 48′), en cause sur le but de Marcos Fabian, son expérience a tout de même servi dans quelques moments-clé (55′, 60′). Remplacé à la 77′ par Gotoku Sakai, qui n’a pas eu le temps de se montrer.

Devant, Takashi Usami a été complètement transparent et logiquement sorti à la mi-temps : on l’avait vu meilleur en numéro 10 au Tournoi de Toulon mais sa performance lui a peut-être coûté une place de titulaire pour l’entrée dans la compétition. D’autant plus que l’entrée de son remplaçant, Manabu Saito, a une nouvelle fois été convaincante : un rush impressionnant dès la 50′, de la vitesse et de la percussion sur les contres : l’ailier des Yokohama F.Marinos aura été un joker pendant les matchs de préparation, peut-être ne le ser-t-il plus en ouverture des JO. A droite, Hiroshi Kiyotake a connu un match plein mais encore une fois contrasté. C’est lui qui permet l’ouverture du score des Japonais dès la première minute et qui manque de peu le 2-0 d’un joli lob à la 39′. Il a également imprimé du mouvement sur les contres japonais, en amenant sa vitesse et sa bonne conduite de balle. Une imprécision exaspérante (66′, 44′, 77′) et un grand nombre de ballons rendus à l’adversaire (25′, 26′, 29′, 32′, etc.) contribuent cependant à la multiplication des interrogations sur son état de forme réel. Un tel gaspillage ne sera pas possible contre l’Espagne.

Son but à la  première minute n’aura pas non plus contribué à lancer son match. Aligné dans un rôle de neuf et demi inédit pour lui, presque comme attaquant de soutien, Keigo Higashi a connu des difficultés à se placer. Quelques ratés (30′), notamment dans la finition (76′), peu de ballons touchés, mais toujours cette impression que le joueur d’Omiya est capable de jouer simple et juste : ses qualités de conservation du ballon (21′, 30′) et de centre (56′) ont suffi à amener un peu de simplicité à une équipe qui se complique souvent la tâche en phase offensive. Remplacé par un Kenyu Sugimoto encore une fois déterminant en donnant la passe décisive d’une déviation de la tête pour la frappe de Yuki Otsu. Ce dernier, rentré à la 66′, a rapidement montré qu’il était en jambes (77′). Son but, ses gestes techniques, rappellent le talent d’un joueur qui doit devenir constant dans la performance et arrêter de trop tergiverser balle au pied. Il a remplacé un Kensuke Nagai en grande forme, enfin aligné dans un rôle d’attaquant de pointe. Sa vitesse (32′) et son activité sur tout le front de l’attaque ont fait de lui l’un des meilleurs Japonais sur le terrain. Sorti fatigué, il a rassuré sur un point : Takashi Sekizuka possède un attaquant de pointe de niveau international.

L’avis de Jôsuke

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