Le Japon sort la tête haute

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Le Japon s’est incliné aux tirs aux buts (3-5) face au Paraguay lors du huitième de finale disputé ce mardi. Crispés par l’enjeu colossal (une première qualification en quarts de finale pour les deux nations), les deux formations n’ont jamais su se libérer pour proposer un jeu passionnant.

Un match à enjeu sans jeu

Tactique oblige, la première mi-temps du match se résume à l’alternance des périodes d’observations et de jeu offensif. Les occasions se succédaient par l’intermédiaire de Daisuke MATSUI qui trouvait la barre transversale et de Keisuke HONDA qui voyait sa frappe frôler le cadre. Les Paraguayens réagissaient par SANTA CRUZ et VALDEZ mais dans un match d’une grande pauvreté technique où le danger provenait essentiellement  des coups de pieds arrêtés, il est difficile de rendre sur papier ce qui était très brouillon sur le terrain. Eiji KAWASHIMA toujours aussi vigilant sauvait le Japon à plusieurs reprises et confirmait une fois de plus son nouveau statut de gardien numéro 1.

Les changements apportés par Takeshi Okada ont néanmoins failli être payants. Sur un excellent mouvement collectif HONDA-TAMADA-OKAZAKI, le Japon manquait une occasion en or à deux minutes du coup de sifflet final…Rageant. Alors oui on pourra faire une analyse tactique du Japon en s’interrogeant sur les absences de Takayuki MORIMOTO ou d’Atsuto UCHIDA, mais il faut constater que ces deux jeunes, bien qu’ils auraient pu apporter un plus indéniable au onze nippon, n’ont pas participé à la remarquable performance du Japon en phase de poule. Si regret il y a , ce sont ceux d’un sélectionneur qui assume pleinement ses responsabilités sur ses choix tactiques adoptés. Mais cette rencontre s’est jouée à si peu de choses qu’il ne peut pas y avoir la moindre place pour afficher quelques regrets, surtout quand on voit que l’homme du match élu par la Fifa est une nouvelle fois Keisuke HONDA.

Et maintenant?

La suite tout le monde la connaît. Pendant que les tireurs paraguayens réussissaient chacun leur tirs aux buts, Yuichi KOMANO trouvait la barre transversale et signait l’arrêt de mort du Japon dans cette compétition. Dans un match très serré et extrêmement tendu, les deux équipes n’ont jamais réussi à jouer véritablement leur football et étaient autant paralysés par la peur de perdre que par la peur de gagner un match historique. Le football japonais est jeune, prometteur et devra encore passer par bien des désillusions pour figurer au top niveau. Le sélectionneur Takeshi OKADA était tout près de réussir son pari osé d’atteindre les demi-finales de la coupe du monde. Lorsque l’on revient sur la performance technique  de son équipe  lors de cette coupe du monde, on comprend mieux désormais son ambition d’avoir voulu atteindre le dernier carré. A l’image d’un HONDA qui a effacé l’image d’un Hidetoshi NAKATA, Takeshi OKADA efface celle de Philippe TROUSSIER dans le coeur des japonais en réalisant le meilleur bilan du Japon en coupe du monde avec deux victoires, une défaite et un nul. Le tacticien japonais devrait néanmoins céder  la place à un nouvel entraîneur. BIELSA du Chili ou encore PEKERMAN, ancien sélectionneur de l’Argentine, figurent notamment sur les tablettes de la fédération japonaise de football.

Cette coupe du monde marquait aussi la fin de l’aventure en équipe nationale pour le plus grand défenseur de l’histoire du Japon, Yuji NAKAZAWA, du meilleur tireur de coup francs, Shunsuke NAKAMURA, du héros de 2002 Junichi INAMOTO ou encore de la « légende » des gardiens japonais Yoshikatsu KAWAGUCHI. Une belle page vient de se tourner.

Le Paraguay, un exemple de perséverance

C’était la quatrième fois que le Paraguay atteignait les huitièmes de finale. La persévérance et le courage de l’équipe sud-américaine, à laquelle il faut rendre hommage, a fini par payer. Cette élimination peut sembler cruelle et injuste tant les japonais auront livré bataille sur le terrain,  mais c’est ce que l’on appelle le haut niveau. Hier après le midi, le Japon a bien failli l’atteindre.

Les déclarations

Gerardo Martino, sélectionneur du Paraguay

Ç’a été un match très fermé, même si nous avons été légèrement supérieurs. Le beau jeu n’a pas forcément été au rendez-vous, mais il y avait du cÅ“ur. Pour un match comme ça, c’est suffisant. Pour d’autres, il faut davantage de qualité. En tout cas, ça n’enlève rien au fait que nous entrons dans les huit meilleures équipes du monde. Mes larmes ? C’était le sentiment de libération. Il y a eu beaucoup de tension, d’angoisse. J’ai souffert car mes joueurs ont consenti beaucoup d’efforts. Les Japonais ont été à la hauteur eux aussi, mais Dieu était de notre côté. Nous avons fait un pas supplémentaire, mais nous n’avons pas encore atteint notre objectif.

Takeshi Okada, sélectionneur du Japon
Eu égard à tout ce que nous avons fait au cours de cette compétition, je dois dire que je me sens très satisfait. Cette équipe a donné au Japon et à toute l’Asie un motif de fierté. Quant à la défaite d’aujourd’hui, j’en assume la pleine responsabilité. En tant qu’entraîneur, j’ai le sentiment que nous aurions dû montrer davantage de choses ce soir. (Keisuke) Honda s’est retrouvé très isolé devant et j’en suis responsable. Pour gagner, il faut marquer des buts.

Oscar Cardozo, attaquant du Paraguay
Ce match a été très difficile car le Japon possède de bons joueurs. Nous avons fait circuler le ballon comme nous le voulions et nous n’avons pas encaissé de but. Il nous a quand même manqué de profondeur. Aux tirs au but, la chance a été avec nous. Nous dédions cette victoire à tout le Paraguay. Cette qualification est historique.

Lucas Barrios, attaquant du Paraguay
Nous avons essayé de jouer au football pendant les 120 minutes, mais nous n’avons pas pu trouver le chemin du but. Mais au bout du compte, c’est une joie immense de continuer dans la compétition. C’est du pur bonheur d’écrire l’histoire avec ce groupe. L’équipe est très bien, très unie. Nous pouvons aller loin.

Makoto Hasebe, milieu de terrain et capitaine du Japon
C’est rageant d’avoir perdu un match comme ça car nous avons travaillé très dur pour atteindre les huitièmes. Nous étions tout près d’écrire l’histoire. Même si nous perdons ce soir, nous avons démontré au monde entier le visage du football japonais. Je suis déçu du résultat, bien entendu, mais fier de notre équipe, qui s’est toujours montrée très soudée pour aborder les défis.

Kengo Nakamura, milieu de terrain du Japon
C’était mon premier match en Coupe du Monde. Je ne peux qu’être reconnaissant pour cette opportunité qui m’a été offerte. Je regrette d’avoir failli dans ma mission d’aider l’équipe à aller chercher la victoire. Cette expérience est très importante pour mon évolution en tant que joueur. Elle va également être très précieuse pour la prochaine Coupe du Monde, dans quatre ans.

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