Japon 1 – 1 Émirats arabes unis (4 t.a.b. 5)

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Shinji Kagawa après le tir au but raté "fatal"...Estomaqué.

Stadium Australia (Sydney), 23 janvier 2015, quart de finale

Japon 1 – 1 Émirats arabes unis (4 t.a.b. 5)

Buts : Shibasaki (81′) pour le Japon ; Mabkhout (7′) pour les Émirats.

Tirs aux buts réussis : Hasebe, Shibasaki, Toyoda, Morishige pour le Japon ; Abdulrahman, Mabkhout, Hassan, Fardan, Ahmed pour les Émirats.

Tirs aux buts manqués : Honda, Kagawa pour le Japon ; Esmaeel pour les Émirats.

Trois jours à peine après sa victoire sur la Jordanie à l’occasion du dernier match du groupe D, qui lui a permis de terminer en tête, le Japon affrontait à Sydney les Émirats arabes unis, deuxièmes du groupe C. Avec ce quart de finale, les choses sérieuses pouvaient enfin commencer, à savoir la compétition à élimination directe. Soit le couperet pour une des deux équipes. Malheureusement, ce ne fut pas celle à laquelle on pouvait légitimement s’attendre…

 Le Japon pris en défaut

Avant même le début de la rencontre, les médias japonais n’ont pas manqué de mettre en avant l’unique avantage des Émiratis : leur fraîcheur physique, obtenue grâce à leur jour supplémentaire de repos après leur dernier match du groupe C contre l’Iran (19 janvier). Le détail avait son importance : pour parer à toute éventualité (dont une élimination improbable), Javier Aguirre avait aligné face à la Jordanie son équipe-type, avec le succès qu’on connaît (2-0), mais sans pouvoir faire tourner ses cadres en vue de l’échéance décisive des quarts…Résultat : ce fut encore la même équipe qui fit face aux Émirats.

Hélas, l’option stratégique choisie ne mit pas longtemps à pénaliser le Japon : après un premier round d’observation ponctué de tentatives rapides de la part d’Inui et d’Okazaki, les coéquipiers de Makoto Hasebe se firent surprendre par le jeu en profondeur des Émiratis. Ce fut ainsi qu’Amer Abdulrahman envoya une lumineuse passe à destination de Mabkhout, qui reprit quasi-instantanément de volée dans la surface pour l’ouverture du score (0-1, 7′). La stupeur était alors totale : la vivacité n’était pas dans le camp où l’attendait.

Dirigés par leur habile meneur offensif de 23 ans, Omar Abdulrahman, aux fausses allures de Fellaini par sa coiffure afro, les Émiratis pouvaient également se targuer d’une belle assise défensive. En effet, après le premier but, la partie s’est résumée à une attaque-défense, la moitié de terrain émiratie étant prise d’assaut par des Nippons couteau entre les dents, mais sans aucune efficacité offensive…Les tirs hors-cadre s’accumulèrent rapidement en première période pour une réussite proche de zéro.

 Shibasaki sauve provisoirement la mise

Conscient que son équipe avait besoin d’un « électrochoc offensif », Javier Aguirre décida de remplacer Inui, qui avait littéralement disparu de la circulation au fil de la première mi-temps, par le joker Muto, pensant que sa fougue allait pouvoir faire la différence. Le coach mexicain avait presque raison : après un premier tir lointain hors-cadre, le jeune attaquant du F.C. Tokyo n’est pas passé loin de l’égalisation avec une tête, malheureusement trop décroisée, une poignée de minutes seulement après la reprise.

Sentant le vent tourner, le staff nippon décida alors de « rafraîchir » sérieusement son attaque en lançant Shibasaki à la place du poussif Endo dès la 54e minute de jeu. S’ensuivit un véritable siège de la cage gardée par Naser, capitaine émirati : ainsi, les Japonais accumulèrent corners et tirs à courte et moyenne distance, plus ou moins bien cadrés, par l’intermédiaire de Kagawa, Nagatomo, Hasebe, Honda et Toyoda (entré également en jeu à place d’Okazaki). Sans succès…jusqu’à une merveilleuse combinaison entre Honda et Shibasaki, conclue en reprise puissante par le second, à moins de dix minutes du terme (1-1, 81′).

Enivré par son sens du but retrouvé, le Japon reprit son siège avec l’espoir de conclure la partie rapidement. Malheureusement, cela donna lieu à un nouveau festival de tirs, corners et occasions ratées, à l’image de l’ultime frappe de la rencontre, celle de Kagawa à bout portant…filant à quelques centimètres du poteau gauche.

Honda et Kagawa, fossoyeurs des illusions nippones

Renvoyés dos à dos à l’issue du temps réglementaire, le Japon et les Émirats durent continuer les hostilités en prolongations. Cependant, la fatigue aidant, les occasions se firent plus rares de part et d’autre : une tête contrée de Morishige et surtout un ultime coup-franc plein axe, frappé astucieusement par Shibasaki à la place d’Honda. La tentative prit complètement de surprise le gardien adverse…mais passa à quelques millimètres du poteau droit !

A égalité après 120 minutes de jeu, les dés étaient jetés pour la séance de tirs aux buts. Or, à ce petit jeu, ce furent les Émiratis qui se montrèrent les plus forts mentalement…Comme un symbole, Honda donna le ton en imitant le tristement célèbre raté de Roberto Baggio en Coupe du monde 1994, et Kawashima n’arrêta aucun tir au but adverse, encaissant même une humiliante « panenka » d’Omar Abdulrahman. Entrée en mort subite avec l’échec d’Esmaeel côté Emirats, la séance sembla d’emblée condamnée pour le Japon par le poteau sortant de la tentative de Kagawa. Une minute plus tard, Ismail Ahmed qualifiait les Émirats pour leur première demi-finale asiatique depuis 1996…Ironie du destin : la dernière élimination du Japon à ce stade de la compétition remonte également à la même date, dans les mêmes circonstances (trois victoires en poule, puis une défaite inattendue face au Koweït).

Au final, que retenir de cet échec ? Depuis le Mondial au Brésil, le Japon semble clairement entré dans une longue phase de transition/reconstruction, que d’aucuns qualifieraient de « traversée du désert »…Avec Aguirre à sa tête ? Rien n’est moins sûr, même si paradoxalement la JFA ne semble pas avoir lâché son sélectionneur, empêtré dans une affaire de matches truqués en Espagne, du moins pour l’instant. Et avec quels joueurs ? Nul ne le sait, mais quelques certitudes émergent : la paire défensive Yoshida/Morishige, Honda, Muto, Shibasaki et même Hasebe, exemplaire capitaine durant ce quart de finale. Qui sait, le Japon aura peut-être l’occasion de se consoler avec un éventuel titre de champion d’Asie de l’Est l’été prochain…

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