JO 2012 : Le Japon bat l’Espagne pour une victoire historique

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« Exploit » est un mot trop fort pour quiconque est familier d’un football asiatique en progression constante mais il est indéniable que le Japon a surpris, voire choqué, le monde en disposant de l’Espagne (1-0) pour son entrée en lice dans les Jeux Olympiques. Retour sur la rencontre.

Le « miracle de Glasgow » selon la presse nippone

 

Le Japon à l’assaut de l’Espagne

Takashi Sekizuka s’est rappelé au bon souvenir de son mentor Takeshi Okada en réalisant un véritable tour de magie : transformer une équipe hésitante et peu inspirée en véritable machine capable d’essorer la meilleure nation du football actuel. Il faut remonter à six ans auparavant (et une défaite fondatrice contre la France au Mondial 2006) pour trouver trace d’une équipe espagnole aussi vulnérable dans une grande compétition. Isoler la prestation ibérique n’aurait pas grand sens car le point cardinal de ce match réside dans la performance des Japonais, la réalisation d’un plan aussi dangereux qu’ambitieux et gratifiant.

Pour affronter l’Espagne, l’ancien technicien de Kawasaki ne dérogea pas à son habituel 4-2-3-1 mais une composition légèrement différente qu’à l’accoutumée dévoilait les grandes lignes de la tactique du jour. Exit Takashi Usami, dont le travail défensif est insuffisant, Higashi lui était préféré pour ses qualités défensives et l’assurance qu’il appliquerait les consignes.

Nagai démarra en pointe pour exploiter sa vitesse sur les contres, une place que lui cédait Otsu, revenu au milieu de terrain pour apporter la créativité qui manquait face au Mexique. En défense, l’expérience de Tokunaga était préférée à la jeunesse de Gotoku Sakai pour faire face aux redoutables ailiers espagnols. Sekizuka proposait ainsi une équipe cohérente, avec une certaine emphase sur la défense, sans oublier de se donner des chances en attaque grâce à la vélocité de Nagai.

Mata cerné par Nagai et Tokunaga

Dès l’entame du match, les Japonais mirent la théorie en pratique. Les Espagnols furent tout de suite pris à la gorge, ce qui ne les empêcha pas de mettre en marche leur jeu de passe signature, le tiki-taka, moins un style qu’un moyen de briser psychologiquement un adversaire épuisé par la poursuite incessante du ballon. Même si leur virtuosité dans l’exercice n’est plus à prouver, il n’en demeure pas moins que les Ibériques sont devenus pour le moins prévisibles et le Japon s’est attelé à le démontrer en défendant intelligemment, coupant tous les angles de passe sans jamais faillir dans le replacement. Mata, Isco et Rodrigo s’étouffaient dans l’étau nippon et ne parvenaient pas à trouver un Adrián López complètement dominé par Maya Yoshida. Alors que le jeu espagnol s’enfermait dans la vanité, les Japonais commençaient à prendre conscience qu’un résultat était à portée de main.

A la récupération de la balle, les Nippons lançaient quelques escarmouches inoffensives mais révélatrices du manque de vitesse de l’axe Inigo Martinez – Alvaro Dominguez- Javier Martinez. Nagai était pratiquement partout, prêt à sauter sur le moindre contrôle trop long ou la moindre passe mal ajustée. Progressivement, il instillait la peur chez des centraux dont la marge d’erreur était devenue trop ténue. Il ne fut toutefois pas l’auteur du but qui débloqua la situation. A la réception d’un corner très bien frappé par Ogihara, Otsu copiait son but bahraïni en échappant au marquage de Montoya pour tacler le ballon dans la cage de De Gea. A 0-1, les Espagnols étaient expulsés de leur zone de confort. Le manqué de Kiyotake, qui rata le but vide après avoir dribblé le gardien, aurait pu constituer le tournant du match s’il n’avait pas rapidement été suivi par une autre mésaventure espagnole.

La Roja n’était pas au bout de ses peines puisque sept minutes plus tard, Nagai obtenait une victoire cruciale sur les défenseurs centraux espagnols en provoquant l’exclusion d’Inigo Martinez, coupable de lui avoir tiré le maillot alors qu’il partait seul au but. Contre tout autre attaquant, le stoppeur de la Real Sociedad aurait pu rattraper le mauvais contrôle qui conduisit à sa perte de balle mais pas face à Nagai dont le coup de rein n’a pas de rival dans ces JO. Menés à 11 contre 10, les choses se corsaient pour les Espagnols, d’autant plus que les Japonais décidaient de passer la seconde.

Yuki Otsu célèbre son but.

Une solidarité nippone à toute épreuve

 

Dans cette configuration plus que confortable, les coéquipiers de Yamaguchi, très bon hier, commencèrent à se libérer et à tirer partie de l’absence d’ajustement de l’Espagne, se muant parfois eux-mêmes en « Espagnols » sur certaines actions à une touche de balle. Les coéquipiers de Mata continuaient de se heurter à la défense japonaise, libérant des espaces que Nagai et Kiyoake, bien lancés par un excellent Higashi en seconde période, empruntaient aisément devant une défense espagnole complètement dépassée par les événements. Les occasions s’enchaînaient au même rythme que les ratés, le tempo implacable d’une mélodie interminable. Les Japonais n’arrivaient pas à inscrire ce but qui les mettraient définitivement à l’abri et restaient jusqu’au dernier moment à la merci d’un retour des champions d’Europe U21.

Mais d’égalisation il ne fut pas question car les Ibériques ne se montrèrent jamais en mesure de battre une défense japonaise commandée par un Maya Yoshida exceptionnel. Le Japon n’a pas craqué, maintenant un pressing insensé jusqu’à la dernière minute pour sauvegarder un résultat historique et important. Cette victoire lui permet de virer en tête à la fin de la première journée et de prendre de l’avance dans la course à une première place cruciale qui lui permettrait d’éviter le Brésil en quarts de finale. Si le Japon n’a pas mis son nom sur la carte du football face à l’Espagne, il s’est donné des chances de le faire plus tard.

Le résumé de la rencontre

Les déclarations

(Source : Fifa.com)

 

 

Maya Yoshida (capitaine du Japon)

“Avant d’arriver, nous avons eu une grosse réunion pour décider de tout ce qu’on allait faire. Ce fut d’une grande aide. C’était excellent pour nous de voir la tactique dévoilée et cela a vraiment aidé la confiance des joueurs. Nous avons fini cette réunion en pensant que l’on pouvait battre l’Espagne. »

“Vous avez vu aujourd’hui que les attaquants nous ont aidé à presser très haut. Cela a empêché l’Espagne de jouer son jeu habituel. Cela nous a aussi profité car l’Espagne démarra très lentement et c’était plus facile de les arrêter à cette vitesse. »

“Nous avons aussi décidé avec l’entraîneur qu’il serait plus facile de gagner en faisant beaucoup de passes qu’en se reposant sur les individualités et l’instinct. Ce style de passes a très bien fonctionné. On s’est tous sentis très bien et on a pu se créer beaucoup d’occasions. Je pense qu’on s’est mieux passés la balle et qu’on a plus couru que l’Espagne, quelque-chose dont on peut être fiers. »

“La différence avec les précédents JO (qu’il a disputés) est que nous avons une autre équipe. En 2008, nous avions seulement un faible nombre de joueurs en Europe, alors que maintenant on en a en Allemagne, aux Pays-Bas et dans d’autres pays. Je pense que cela nous a donné de la confiance pour ce tournoi, nous pouvons croire en nous-mêmes. Le tournoi 2008 a eu lieu il y a longtemps, vous allez voir une autre équipe à Londres.”

Takashi Sekizuka (sélectionneur du Japon)

« Ce n’est que le premier match et nous avons encore un long chemin à parcourir pour nous qualifier pour le prochain tour mais j’espère affronter l’Espagne de nouveau plus tard dans la compétition. »

« En première mi-temps, notre plan était de presser haut, notamment les défenseurs centraux, mais après le rouge, c’était plus important de garder la balle, de la bouger et de créer de l’espace, ce que nous avons bien fait. On a pas souvent la chance de jouer contre des équipes de ce calibre donc on fait de notre mieux et on essaie de profiter. »

Luis Milla (sélectionneur de l’Espagne)

« Bravo au Japon, ils ont un joué un très bon match mais c’était dur pour nous avec un homme en moins. Jusqu’au but c’était à peu près égal, puis nous l’avons concédé sur un coup de pied arrêté et avons eu la malchance d’avoir un expulsé. On a dû ensuite pousser et prendre des risques mais ce n’est pas notre philosophie. C’est vrai qu’ils se sont créé beaucoup d’occasions mais ils avaient de rapides attaquants qui pouvaient exploiter les espaces que l’on laissait. »

« Malgré le résultat, jouer les Jeux Olympiques est l’opportunité d’une vie et nous devons en profiter. A ce niveau on sait que les petits détails comptent et nous devons travailler dessus et préparer le prochain match contre le Honduras. Nous avons désormais deux finales pour essayer de nous qualifier pour le prochain tour. »

 

Les compositions

Match
Date
Ville / Stade
Heure Affluence
1 26 Jiuillet 2012 Glasgow / Hampden Park 14:45

Japon 1 – 0 Espagne

Yuki Otsu (33′)

Japon : Gonda – H.Sakai (Sakai73′), Yoshida (c), Suzuki, Tokunaga – Ohgihara (Yamamura 85′),Yamaguchi, Kiyotake, Otsu (Saito 46′), Higashi – Nagai

Espagne : De Gea – Montoya, I.Martinez (expulsé 41′), Dominguez, Alba – Koke (Tello 80′), Mata, J.Martinez (c), Isco (Romeu 62′), Rodrigo -Adrian

La fiche de match officielle

Dans l’autre rencontre

Maroc 2 – 2 Honduras
Barrada (39′), Labyad (67′) pour le Maroc, Bengtson (56′, 65′ pen) pour le Honduras

Le classement
1. Japon 3 pts (+1)
2. Honduras 1 pt (0)
3. Maroc 1 pt (0)
4. Espagne 0 pt (-1)

A venir

Japon – Maroc, 29 juillet à 18 heures à St James’ Park, Newcastle
Espagne – Honduras, 29 juillet à 20h45 à St James’ Park, Newcastle

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