KCC 2010 : Présentation de l’Argentine

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« [Julio] GRONDONA m’a menti et [Carlos] BILARDO m’a trahi » ; tels furent les mots de Diego MARADONA au moment où il apprit que son contrat à la tête de la sélection argentine ne serait pas reconduit par la Fédération (AFA) à l’issue de la Coupe du monde. Il aura duré 1 an et 8 mois. « Le football argentin ne pourra pas progresser tant qu’il y aura des querelles internes » a souligné le milieu Juan Sebastian VERON, qui estime qu’il « est nécessaire d’aller de l’avant », tandis que le capitaine Javier MASCHERANO pointe des dysfonctionnements à la tête de l’AFA : « La nouvelle génération devrait prendre le pouvoir ». Le règne de Julio GRONDONA a effectivement débuté il y a plus de 30 ans à la Fédération. A son tour, Carlos TEVEZ a critiqué la gouvernance de l’AFA en affirmant que celle-ci a manqué à sa parole en ne conservant pas MARADONA.

Dès lors, et avec la reprise du championnat argentin, il n’était pas vraiment difficile de comprendre l’attente des fans et des médias pour le premier match de l’ère post-Maradona le 11 août 2010 contre l’Irlande. Or, la victoire des Albiceleste à Dublin (1-0) a mis temporairement fin au tumulte qui secouait le football argentin. Elle est l’œuvre de Sergio BATISTA, ancien technicien ayant mené les Espoirs à la victoire finale aux J.O. de Pékin en 2008. Nommé sélectionneur par « intérim », il est pourtant décrit comme le « meilleur candidat au poste » par le journaliste sportif Adrian PETRABUENA, qui a couvert tous les matches de l’ère MARADONA : « Son feeling avec des joueurs comme MESSI ou AGUERO est très bon. Bien qu’il ne soit pas parvenu à qualifier l’Argentine pour la World Youth en 2009, son travail avec les Espoirs fut d’excellente facture. De nature calme, sa carrière inspire le respect des joueurs. Il est donc fait pour le job ». Lionel MESSI lui-même a adoubé le nouveau sélectionneur : « Je suis ses instructions en pensant que Checho [son surnom] sera notre entraîneur définitif. Si c’est lui qui obtient le poste, alors tout ira bien ». Il n’en fallait pas davantage aux médias argentins pour se montrer enthousiastes envers le nouveau venu : « La relation MESSI – BATISTA sera indéniablement la clé de Julio GRONDONA pour décider du sort de la sélection » a écrit Martin CASTILLA du quotidien La Nación.

Sergio BATISTA l’a bien compris : il a fait du meneur de jeu de Barcelone la pièce maîtresse de son système tactique. C’est ainsi que le petit Argentin a retrouvé son couloir droit fétiche contre l’Irlande, tout comme deux de ses coéquipiers favoris, Diego MILITO et Andrés D’ALESSANDRO. Deux joueurs qui furent « bannis » de la sélection par Diego MARADONA. Le retour de D’ALESSANDRO est d’autant plus significatif qu’il n’a plus connu d’appel national depuis le 3 septembre 2005, date d’un match des Eliminatoires de la CDM 2006 où il avait évolué aux côtés d’un MESSI encore novice.

Le nouveau sélectionneur ne cache également pas ses intentions de copier le « style espagnol », fondé sur la possession de balle et l’attaque massive. La confrontation du maître DEL BOSQUE avec son « élève » a d’ailleurs déjà eu lieu : elle s’est soldée par une victoire nette des Sud-américains dans leur antre plein à craquer du « Monumental » à Buenos Aires (4-1, 7 septembre 2010). Même si le DTN Carlos BILARDO se refuse à tout classement prématuré, il va sans dire qu’un nouveau succès en terre nippone viendrait conforter la position avantageuse de BATISTA parmi les autres prétendants au poste en novembre. Reste à savoir s’il convaincra définitivement les supporters, les médias et surtout les exécutifs de l’AFA.

— Chizuru DE GARCIA (extraits de Sports Graphic Number n°762 ; traduit du japonais)

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