Que sont-ils devenus?

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Il y a des moments dans la vie d’un footballeur qui marquent un véritable tournant dans une carrière professionnelle. Il y a de cela quelques années, les médias japonais annonçaient que les nouvelles générations de joueurs seraient exceptionnelles, que le niveau technique global serait beaucoup plus relevé avec les nouvelles méthodes de détections et de formation des plus jeunes.  Qu’est-il advenu aujourd’hui de ces anciens grands espoirs du football japonais?

Ils s’appellent Sota Hirayama, Tatsuya Tanaka,  Koki Mizuno et sont tous issus de la génération 82-86. Annoncés comme les futurs piliers de la sélection nationale et de futurs « noms » asiatiques en Europe, que sont-ils devenus?

Sota Hirayama


Intéressons  nous tout d’abord au cas Sota Hirayama, 25 ans FC Tokyo. Très prometteur alors qu’il n’a que 19 ans, Sota Hirayama qui affiche un profil atypique pour un japonais (1m92) tente l’aventure européenne avec le très modeste club d’Heracles (première division néerlandaise) alors qu’il n’a jamais connu le championnat professionnel japonais. En 2005 il joue son premier match dans le championnat des Pays Bas et inscrit un doublé en l’espace de quinze minutes. C’est la révélation,  il terminera la saison avec la bagatelle de 8 buts en 31 apparitions. Malgré l’intérêt porté par Zico à son attention, il ne disputera pas la coupe du monde 2006 en Allemagne.

Néanmoins, le jeune Sota a attiré sur lui l’attention des clubs comme le PSV Eindoven ou encore le Feyenoord Rotterdam. Alors que tout le monde s’attend à le voir progresser dans le championnat néerlandais, l’improbable se produit.  Hirayama décide de rentrer chez lui.

Ce choix de carrière catastrophique signera le début de la fin pour le joueur. La J-League ne lui permet pas de s’exprimer pleinement, laissant s’installer le doute et la médiocrité. Malgré quelques éclats de génie, il ne réussira pas à gagner sa place de titulaire et ne figurera même pas dans le top 10 des meilleurs buteurs en 2006. Au passage, Hirayama n’aura pas réussi à gagner une place chez les A pour la coupe d’Asie des nations 2007  et perdra dans la foulée sa place chez les moins de 23 ans pour les JO de Pékin en 2008. Début 2010, Takeshi Okada fait appel à ses services pour le match controversé au Yemen où le Japon aligna des joueurs issus de  l’équipe espoir pour exprimer son mécontentement au niveau de l’organisation asiatique. Il inscriva un triplé ce soir là, gagnant sa place pour le championnat d’Asie de l’est.  Une fois de plus, il n’arrivera  pas à convaincre le sélectionneur et sera de nouveau écarté de l’équipe nationale.

Tatsuya Tanaka


Le cas Tatsuya Tanaka est sans doute le plus rageant. Recruté par les Urawa Reds en 2001, le petit avant centre se fait remarquer par sa vitesse et sa précision de dribble chirurgicale.  On pense alors enfin tenir un véritable bijou, un joueur ayant tout pour briller sur la scène internationale et réaliser une grande carrière en Europe. En l’espace de trois saisons, il inscrira 23 buts malgré des blessures récurrentes. Il a alors seulement 21 ans et regardera du banc de touche l’élimination du Japon lors des JO d’Athènes en 2004. C’est le début de l’enfer pour le jeune Tatsuya Tanaka. Un enfer qui se résumera à un seul mot : blessure.

De 2004 à 2010, il ne se passera pas une seule saison qui épargnera le joueur d’une blessure ou d’une fracture. Sa fragilité physique l’empêchera de franchir les paliers nécessaires afin de s’imposer en équipe nationale. Tatsuya Tanaka joue toujours pour les Urawa Red Diamonds en J-League et ne semble pas vouloir abandonner l’équipe nationale. Hélas pour lui, il a désormais 28 ans et tout une carrière derrière lui…

Koki Mizuno

Soyons clair:  Koki Mizuno est la plus  grande déception japonaise de ces cinq dernières années.  Brillant en J-League avec l’équipe de JEF Chiba United, Mizuno est l’un des artisans de la qualification du Japon pour les jeux olymiques de Pékin 2008.  Ses bonnes performances poussent même le sélectionneur national de l’époque, Ivica  Osim à le convoquer chez les A en 2006. Il a alors 21 ans et semble promis à un avenir radieux.

Alors que plusieurs clubs européens suivent Mizuno, ce dernier refuse catégoriquement de quitter l’archipel, préférant continuer son ascension en J-League jusqu’à l’âge de 23 ans.  Le celtic glasgow engage alors le joueur qui  rejoint un autre compatriote , grande star au Japon : Shunsuke Nakamura.

Tout le monde pense alors au bon choix de carrière, à la future réussite du joueur qui suivra les traces du numéro 10 japonais. Le rêve était en marche…

Mais c’est bel et bien le début du cauchemar pour Mizuno. Il ne jouera pas le moindre match en 2008 avec le Celtic Glasgow. L’excuse avancée? L’adaptation, la fatigue globale du joueur, la barrière de la langue… Le sélectionneur Sorimachi des moins de 23 ans fait tout de même appel à lui pour le Festival International Espoir de Toulon. Nouveau drame pour Koki Mizuno :  il n’arrive plus à s’exprimer sur un terrain de foot et se fait même voler la vedette par un autre « espoir » du football nippon : Tsukasa Umesaki.

Mizuno perdra alors sa place en équipe nationale et ne disputera pas les JO de Pékin. Un revers dont ne se remettra jamais le jeune joueur. Très affecté, Koki Mizuno n’arrivera pas à convaincre Gordon Strachan et sera cantonné aux matchs de l’équipe réserve. C’est seulement en 2009 qu’il jouera son premier match avec le Celtic Glasgow et qu’il inscrira son premier but lors de sa troisième apparition.

Il reprend alors peu à peu espoir mais sombre définitivement avec le départ de Shunsuke Nakamura à l’Espanyol Barcelone. Il ne disputera alors plus aucun match en tant que titulaire, fera quelques apparitions sur le banc de touche et se consolera chez lui en buvant de la bière et en mangeant des chips : « J’ai compris que je ne devais plus boire de la bière et manger trop de chips » avait-t-il alors déclaré. Une promesse que ne semble pas avoir tenu le joueur qui est rentré récemment au pays chez  le club des Kashiwa Reysol en deuxième division japonaise…

Que faut-il déduire de ces expériences calamiteuses?


Les médias japonais avaient parlé de talents, de génies du football qui confirmeront dans les années à venir et auront un rôle déterminant en équipe nationale. La réalité est que le talent est bel et bien présent. Ces jeunes ont tous démontrés à un moment donné un énorme potentiel et de grandes qualités de footballeur. Néanmoins, il y a bien une chose que ne possèdent pas ces jeunes joueurs en perdition aujourd’hui : une bonne orientation professionnelle et de la réussite.  Les choix de carrières sont déterminants pour les espoirs japonais. Les méthodes de détection et de formation permettent aujourd’hui au Japon d’avoir des jeunes de qualité. L’expérience internationale et la gestion des transferts des joueurs vers l’Europe, qui n’est que très récente, montrent en revanche le déficit qu’il y a au pays du soleil levant pour exploiter du mieux possible son réservoir de jeunes talents.

Il faut compter en moyenne deux échecs (Hirayama, Mizuno) pour la réussite d’un joueur japonais en Europe (Honda) aujourd’hui. On se souvient aussi des expériences honteuses de Masashi Oguro ,de Mitsuo Ogasawara mais de  la réussite d’un Daisuke Matsui à la même période. Dans les deux cas, le joueur en réussite avait choisit de commencer en deuxième division afin de s’aguerrir et de s’adapter au niveau européen.  Matsui avait choisi Le Mans en ligue 2 alors que Honda avait signé chez le VVV-Venlo, alors aussi en deuxième division des Pays-Bas. Ces réussites n’en font pourtant pas une vérité générale. Des joueurs comme Makoto Hasebe, Shunsuke Nakamura, Hidetoshi Nakata s’en sont très bien sortis en arrivant directement dans un club de première division. Les japonais doivent aussi faire face au « transfert marketing » servant uniquement à vendre des maillots dans les pays asiatiques afin de remplir les caisses du club. On se rappel du cas Junichi Inamoto à Arsenal, surnommé « T-shirt ». Là aussi, le Japon a payé par sa naïveté sur le plan international.

Enfin, la chance et la réussite sont aussi deux facteurs non négligeables. Tatsuya Tanaka en aura fait les frais tout comme un certain Shinji Ono, aujourd’hui pensionnaire de la J-League avec le club de Shimizu S-Pulse. Les générations se succèdent et commencent tout juste à tirer les leçons de ces expériences passées. Espérons pour les futurs espoirs nippons qu’ils ne commettront pas une nouvelle fois les mêmes erreurs.

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