[Nylon Ganbare] Numéro 20

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Nylon Ganbare

Aussi incroyable que cela puisse paraître, il y a des gens qui trouvent la J.League peu attractive, qui n’arrivent pas à s’identifier à un club et à se ranger sous l’un des nombreux drapeaux qu’arborent les différentes équipes. Et ces mêmes gens n’ont aucun mal à soutenir activement, c’est-à-dire en laissant quelques neurones à chaque match, des clubs comme Manchester United  ou la Juventus de Turin. Il n’est pas, cette semaine, question de le leur reprocher. Mais Nylon Ganbare, la rubrique qui ne se lave qu’à l’eau froide, tient à montrer que certaines équipes japonaises font des efforts pour se rapprocher de ce supportariat potentiel, par un astucieux mimétisme.

Urawa Red Diamonds et Manchester United

Le plus évident concerne les Urawa Red Diamonds, qui dès sa naissance a choisi la dénomination « M.U.F.C. » pour Mitsubishi Urawa Football Club. Le clin d’œil à Manchester United est à peine caché, voire complètement assumé puisque le schéma de couleurs choisi par le club nippon est le même que celui des diables rouges anglais : maillot rouge, short blanc, chaussettes noires.

En certaines occasions, la ressemblance a atteint son paroxysme. En 1997, Umbro équipe les deux clubs, et leur donne à chacun un maillot rouge à col noir à boutons. Les deux maillots affichent en watermark une vue isométrique du stade où jouent respectivement les deux équipes !

En 2005, Nike équipe aussi les deux clubs, et leur fournit des maillots issus de la collection Total 90, avec cette espèce de virgule sur le bout d’une des deux manches. C’est un peu le jeu des trois différences (logos, symétrie ou non du haut du maillot et liseré noir ou rouge). De plus, les deux équipes sont sponsorisées par Vodafone cette année-là. Habile stratagème pour toucher les fans nippons de l’équipe de Sir Alex Ferguson.

Enfin, pour compléter la liste, le maillot de la saison 2008 des Reds de Saitama possédait un col « bavoir » noir, le même que celui de Manchester à la même période, sauf qu’il était alors rouge. Et les deux maillots avaient pour ornement dorsal une bande verticale coupée au niveau du flocage. Les deux clubs se sont plusieurs fois affrontés, mais c’est bien avec le Bayern Munich que les diamants rouges ont été partenaires.

Le Jubilo Iwata et la Lazio de Rome

Dans un registre un peu plus involontaire, le Jubilo Iwata et la Lazio de Rome ont pendant plusieurs années porté des tenues très proches, visuellement. Cela vient du fait que Puma, pendant un temps, ne développait qu’un ou deux modèles par an, et les donnait à tous ses clubs. Étant donné que les deux clubs sont sous contrat avec la marque allemande et que leurs couleurs sont identiques, c’était relativement inévitable.

Heureusement, de légères différences apparaissaient à chaque fois, principalement l’usage de blanc comme couleur secondaire pour la Lazio, opposé au bleu nuit utilisé par le Jubilo.

Depuis que la Lazio est passé chez Macron, le Jubilo affiche sur ses maillots des motifs originaux et personnalisés. Les similitudes entre les uniformes des deux clubs sont donc complètement dissoutes aujourd’hui.

Le FC Tokyo et le CSKA Moscou

A l’origine, le FC Tokyo et le CSKA Moscou jouent tous les deux en rayures bleues et rouges. Pendant les années 2000, les deux clubs ont décidé d’abandonner ces rayures pour respectivement jouer en bleu avec des touches de rouge pour l’un, en rouge avec des touches de bleu nuit pour l’autre. Mais à la fin de cette même décennie, les russes sont revenus aux rayures sous la tutelle de Reebok, qui appartient à Adidas, avant d’être directement équipés par la marque aux trois bandes. Depuis, les rayures perdurent du côté de Moscou. A Tokyo, elles sont aussi revenues lors de la saison 2012, et sont à nouveau utilisées en 2013.

Les maillots des deux clubs sont donc bleus à rayures rouges, produits par Adidas, qui a en plus eu la bonne idée d’apposer sur chaque des bandes dorées le long des bras. Du coup, il ne manque plus grand chose pour que l’on ait affaire à des clones.

Le Tokyo Verdy et le Werder Brême

Déjà abordée dans la rubrique consacrée au Verdy, cette comparaison n’en reste pas moins légitime : Kappa équipait les deux équipes à la fin de la dernière décennie. Si l’apparition de orange sur les maillots des Allemands est justifiée puisque c’est une couleur qui est revenue régulièrement à travers l’histoire du Werder, elle vient un peu de nulle part dans le cas du Verdy.

Du coup, on se demande si ce n’est pas fait exprès pour faire passer le club de Tokyo pour le Werder japonais (à l’époque, Brême jouait la ligue des champions, je vous assure, donc c’était plutôt flatteur). Ou peut-être une question de réflexe du côté de Kappa, qui ne peut pas voir un maillot vert sans orange…

Les Yokohama F.Marinos et l’équipe de France

Si les joueurs de l’équipe phare de Yokohama sont surnommés les Tricolores, ce n’est pas pour rien : ils utilisent un uniforme qui a pendant un moment été très proche de la célèbre tenue des Bleus de France. Comme quoi, même le surnom est partagé. Maillot bleu, short blanc et chaussettes rouges, cela est suffisant pour sauter aux yeux. Surtout que les trois bandes d’Adidas positionnées sur les manches furent, dans les deux cas, à peu près tout le temps bleues, blanches et rouges.

Si le passage chez Nike n’a pas chamboulé les traditions du côté de la ville portuaire, il a quand même pas mal perturbé l’accoutrement de l’équipe de France, qui joue désormais en bleu intégral lors d’une majorité de ses matchs. Où se situe l’exemple à suivre, finalement ?

Le Consadole Sapporo et le Milan A.C.

Tout comme celle du Verdy, cette comparaison a déjà été passée en revue dans une précédente rubrique. Au début des années 2000, Adidas était le fournisseur du Consadole et du Milan A.C., et les deux clubs ont pendant plusieurs années joué avec des uniformes quasiment identiques, même si les modèles ont affiché plus de différences au fur et à mesure des années de contrat.

Principalement, des fines rayures blanches cernant les bandes verticales du maillot de Sapporo. Et certains panneaux rouges dans un cas et noirs dans l’autre. Mais sinon, c’est à s’y méprendre.

Les Kashima Antlers et Flamengo

L’attirance de Kashima pour le Brésil n’est plus à prouver. On peut même affirmer sans trop se mouiller que c’est le plus brésilien des clubs japonais. Pendant deux saisons, en 2008 et 2009, il a joué avec un maillot quasiment identique à celui du club brésilien de Flamengo, le club d’origine de Zico, qui a aussi joué pour Kashima.

Le fait qu’ici aussi, un même équipementier eut les deux clubs sous contrat a bien aidé ! La seule grosse différence réside dans la couleur foncée, qui était bleue dans le cas des Japonais et noire dans le cas des Brésiliens.

Le Gamba Osaka et l’Inter Milan

Beaucoup moins évident que dans les situations mentionnées jusque là dans cette rubrique, Osaka et l’Internazionale jouent tous deux dans des rayures bleues et noires. Ils ont tous les deux été équipés par Umbro, mais à des périodes différentes. Et si l’Inter s’efforce de donner à ses rayures un aspect simple et traditionnel, on ne peut pas en dire autant du Gamba !

Sur les maillots du club nippon, les rayures sont souvent de tailles variables, parfois sur un même modèle, et vont même jusqu’à apparaître en diagonale lors des coupes intercontinentales. Ajoutons à cela la présence de jaune fluo récurrente et vous comprendrez aisément pourquoi la comparaison peut difficilement aller plus loin que ça.

Le Vissel Kobe et la Juventus de Turin

Avant que le Crimson Group ne modifie l’image du Vissel (et son budget) en lui conférant sa couleur rouge foncé sous laquelle il est connu aujourd’hui, le club de Kobe jouait avec des rayures blanches et noires, comme la vieille dame. D’ailleurs, les maillots confectionnés par Asics présentaient des similitudes en termes de largeur de bandes et de col. Comme quoi, le fait que la marque diffère (la Juve était, elle, équipée par Kappa) n’empêche pas toujours les analogies.

La Juve est connue pour laisser un espace plein sur le dos du maillot afin d’afficher le flocage de façon lisible. Elle l’a fait lors de cette saison 2013-2013 et récidive pour la saison 2013-2014. Et bien Kobe l’a aussi fait à l’époque, sans doute en connaissance de cause.

Le Mito Hollyhock et l’Inter Milan, et la Juventus de Turin

Il existe un club qui se paie le luxe de ressembler aux deux équipes italiennes que l’on vient de mentionner : le Mito Hollyhock. En effet, depuis quelques saison, l’équipe joue dans des rayures bleues et bleu nuit à domicile, et dans des rayures blanches et noires à l’extérieur ! Si on observe attentivement l’aspect classique et traditionnel des uniformes de la saison 2013, on peut y voir tout le prestige de la Serie A. Enfin il faut quand même se forcer un peu.

Détail qui ne trompe pas : à domicile, il n’y a pas d’espace plein pour les numéros, mais à l’extérieur, c’est le cas ! Hum hum ! Ce serait donc fait exprès et assumé ? Ce n’est pas à exclure.

De cette façon, tous les clubs listés ci-dessus reconnaissent prendre pour modèles des équipes mondialement connues, jusque dans la tenue. Encore une preuve de l’humilité, voire du complexe d’infériorité propre au football nippon. Ou d’une stratégie marketing mûrement réfléchie mais rarement subtile. Toujours est-il que ce petit tour d’horizon montre qu’on pourra bientôt organiser une ligue des champions rien qu’avec des clubs japonais. Enfin… « sur le papier », quoi.

Le mot du jour : SUBLIMATION

C’est une technique d’impression utilisée par les équipementiers pour intégrer leurs designs directement dans le tissu. Et c’est la méthode de conception favorite de Duarig, si vous voulez tout savoir. Elle n’est possible que sur du tissu synthétique, c’est pourquoi elle est apparue dans les années 90, lorsque l’ère du coton est arrivée à son terme.

Elle présente l’avantage d’éviter un collage supplémentaire sur le maillot, si on intègre aussi les logos au design imprimé. Mais cela n’arrive pas si souvent car devant le risque que le sponsor change en cours de saison, ou même au dernier moment avant que celle-ci ne commence, les équipes préfèrent appliquer les logos séparément au cas par cas, par thermocollage.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : « Ce n’est pas parce qu’un maillot est sublimé qu’il est forcément sublime. Dans le cas de Duarig, c’est même souvent le contraire !« 

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

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