[Nylon Ganbare] Numéro 12

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Nylon Ganbare

Régulièrement, on a droit à quelques bizarreries lors des sorties des nouvelles collections. Celle qui a sûrement marqué le plus les esprits lors de la dernière décennie est la double couche. Cette semaine, Nylon Ganbare, la rubrique rentrée dans le short, n’est pas sponsorisée par Pampers.

La double couche, dual layer en anglais, a été utilisée pour la première fois en 2002. En France, on retient surtout que c’est Adidas qui en est à l’origine, simplement parce que l’équipe de France a joué avec. Mais dans les faits, et c’est une sacrée coïncidence, Nike l’a incorporée dans ses maillots à la même date ! Et d’une façon relativement similaire.

En effet, dans tous les cas, le principe est le même : le maillot est composé d’une couche extrêmement légère du fait qu’elle présente des mailles plus écartées que sur les maillots habituels, afin que l’air puisse, en passant à travers, sécher le corps de manière efficace. Cette couche est interne, au contact de la peau. Par dessus se trouve la seconde couche, extérieure, qui remplit le rôle habituel d’afficher les couleurs de l’équipe, mais qui par endroits (stratégiques) possède aussi des parties ventilées afin de rendre encore plus efficace le processus initié par la couche interne en ces endroits « prioritaires ».

Dans la plupart des cas, ces endroits ne se trouvent pas là où on positionne généralement l’essentiel du design, à savoir les flancs ou le bas du dos. Mais dans certains cas, moins fréquents, les zones aérées se trouvaient sur toute la surface frontale et restreignaient assez la présence de design. En 2002, cela s’est vu uniquement chez Adidas avec la France, le Japon et le Milan AC. Mais de toute manière, les maillots ayant incorporé cette technologie étaient généralement assez sobres, voire vides de design. En fait, c’est la combinaison entre la couleur de la couche externe et la couleur de la couche interne, laissée entrevue par les zones aérées, qui formait l’essentiel du design sur ces modèles, l’atout commercial résident principalement dans la simple présence de cette technologie. Globalement, ce n’était pas désagréable à l’œil.

Parlons-en, de la présence de cette technologie : si elle était effectivement incorporée efficacement sur les maillots des joueurs et vantée ainsi dans les publicités, il en était autrement sur les replicas. Chez Adidas, la couche interne était présente mais moins légère et moins aérée, donc moins efficace, et surtout seulement sur les flancs, sauf pour les trois équipes mentionnées ci-dessus. Pour le Milan AC et la France, la couche interne était présente pour toute la partie frontale. Pour le Japon, elle était complètement absente.

Chez Nike, elle était présente uniquement sur le c… bas du dos, et encore c’était uniquement le cas pour Arsenal, Manchester United, et quelques autres dont la liste reste un peu floue. Pour des équipes comme Paris ou l’Inter Milan, elle était complètement absente.

« … Help ? »

Après la saison 2002-2003, elle restera en vigueur chez Adidas jusqu’en 2005 mais sera remplacée chez Nike par un baselayer séparé. Le fait qu’elle soit restée pendant plusieurs années malgré la disparition quasi-immédiate de l’effet de surprise mercantile indique que ça devait fonctionner un minimum pour les athlètes et que ce n’était pas juste un gadget fashion. Surtout que côté fashion, ça a plus été moqué qu’approuvé par les médias divers. On reprochait au système d’être difficile à enfiler et à risquer l’étouffement du joueur à chaque tentative (ce qui est un peu vrai) et le surnom affectueux (mais pas trop) de « moustiquaire » lui a rapidement été conféré. Quand il s’agit de critiquer, la France peut faire preuve de beaucoup d’imagination à travers les termes employés, il est vrai.

Par ailleurs, la volonté que la couche interne soit, à la fois chez Adidas et chez Nike, désolidarisée au maximum de la couche externe afin que le mouvement favorise la circulation de l’air entre les deux, a amené à utiliser pour la première des blasons thermocollés de façon systématique. Ce sera par la suite un peu plus chaotique, ceux-ci étant parfois utilisés chez les pros mais pas sur les replicas, qui préfèreront un blason brodé durable, ou le parfait contraire comme on peut le voir chez Niigata en cette saison 2013.

La double couche a fait un retour discret avec Puma en 2008. Cette fois, les deux couches étaient complètement ventilées, à l’exception du haut du dos afin que les flocages soient bien collés, mais cela n’empêchait pas l’impression de design sur la couche externe. D’une équipe à l’autre, cette couche externe pouvait être plus ou moins souple selon le design qui devait y être imprimé. Des équipes comme Bordeaux ou Monaco ont utilisé deux couches d’une matière identique et très souple pour pouvoir y imprimer le scapulaire et la diagonale traditionnels. Shimizu, Iwata et Oita ont utilisé une couche externe plus rigide puisque celle-ci ne devait accueillir qu’une couleur unie et aucun motif particulier.

Au passage, si habituellement la couche interne était de la même couleur que la couche externe, ce n’était pas le cas au Japon, où la couche interne était plus foncée et la vue de l’ensemble s’en trouvait affectée. Le fait que la couche interne du maillot de Shimizu S-Pulse était plus proche du rouge que du orange donnait l’impression que le maillot était d’un orange bien plus foncé que lors des autres saisons. A l’inverse d’Adidas et de Nike, Puma a incorporé la couche interne de la même façon sur les replicas et sur les maillots des pros; les différences se trouvant dans les coutures et dans l’application des différents logos. De plus, et dans les deux cas, la double couche était cette fois cousue à toutes les extrémités du maillot, contrairement à la première expérience de 2002, l’air pouvant de toute façon parfaitement circuler à travers la couche externe.

Depuis la fin de la saison 2008-2009, ce système n’a plus été réutilisé. L’équipementier Puma s’en est-il servi uniquement parce qu’il n’avait pas encore utilisé ce côté gadget commercial, ou pensait-il vraiment la double couche comme une technologie textile efficace ? C’est un mystère mais le retour à une couche unique dès 2009 nous oriente plutôt vers le premier cas de figure. Jusqu’à la prochaine fois !

Le mot du jour : ARTOOHEY

Phonétiquement en tout cas. Mais cela s’écrit R2A. Qu’est-ce donc que ce R2A ? Tout simplement une nouvelle pierre à l’édifice de l’ânerie mercantile, édifice qui commence à battre des records de hauteur. Il est né de l’esprit machiavélique du département en charge d’élaborer les maillots de football chez Nike. Sachez qu’aujourd’hui ce département est présumé dissout.

Son principe est simple : proposer un maillot qui intègre les qualités de durabilité du replica et les textiles et jointures lasers plus élaborés des maillots authentiques. Le maillot est donc un intermédiaire entre le replica et l’authentique, d’où son nom : R2A signifie « Replica to Authentic ». « De la réplique vers l’authentique ».

Si l’intention paraît louable, la proposition n’est pas exempte de défauts. Premièrement, il n’est mentionné nulle part sur les étiquettes que ce n’est ni un replica, ni un authentique et cela peut tromper l’acheteur lambda cherchant à obtenir le même maillot que ses héros millionnaires. Il faut donc être un minimum connaisseur pour repérer à la composition du maillot qu’il s’agit d’un modèle hybride. Deuxièmement, son prix est le même que le prix habituel d’un authentique maillot de joueur. Sachant cela, on peut être un peu frustré de n’avoir que la moitié des caractéristiques du maillot des pros pour le même prix. Dernièrement, il remplace dans le commerce le maillot authentique et, à cause de son existence, le maillot authentique disparaît complètement des boutiques. C’est dégoûtant.

Le concept a été utilisé par Nike lors de la saison 2005-2006 et lors de la saison 2008-2009. Seulement à deux reprises donc. C’est peut-être mieux comme ça.

Emploi du terme dans la vie de tous les jours : « Des maillots comme ça, heureusement qu’on n’en voit pas partout, ouais. »

A bientôt les enfants !

Nylon Ganbare

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