Naoki Matsuda, le guerrier (1977 – 2011)

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Jeudi 4 août 2011, 13h06 : Naoki MATSUDA décède au CHU de Matsumoto des suites de son arrêt cardiaque dont il fut victime à l’entraînement avec son équipe le mardi précédent. Deux jours durant, personnalités du football japonais et proches se sont succédés à son chevet, pour ne ressortir qu’avec des yeux rougis par l’émotion. L’annonce de son décès a fait l’effet d’une onde de choc au Japon mais aussi dans le monde du sport. Moins d’un mois après la disparition de Takaji MORI, c’est une autre figure respectée du ballon rond qui s’est éteinte, à seulement 34 ans. MATSUDA laisse derrière lui son épouse et sa fille de 11 ans.

Carrière domestique

Né le 14 mars 1977 à Kiryu (préfecture de Gunma), il fit ses premières armes en tant que défenseur au lycée local de Maebashi en 1992. « C’était un garçon qui adorait le football » a indiqué son entraîneur de l’époque, Kosuke YAMADA. « Il dégageait déjà une puissante physique impressionnante pour son âge« .

Il fut repéré puis intégré aux Yokohama Marinos en 1995, où il s’est vu offrir une place de rookie. C’était déjà le plus jeune joueur de l’effectif. MATSUDA se fraya discrètement une place chez les titulaires, apparaissant à plus de 33 reprises pour sa première saison. Ses débuts en J.League furent le 18 mars 1995 contre le Gamba Osaka ; premier but également le 30 septembre de la même année contre Nagoya. Ses prestations en seconde partie de saison lui valurent de prendre part aux deux rencontres de la finale du championnat face à Verdy, remportée par les Marinos.

Sa carrière lancée, il obtint sa place de titulaire à partir de 1998. Sa solidité défensive mais aussi son fort tempérament sont très appréciés des supporters des Marinos ; il fut vite surnommé « le guerrier » pour son abnégation sur le terrain. En 2000, il aida son équipe à retrouver la finale du championnat, mais cette fois-ci sans succès à la clé : Yokohama buta en effet sur Kashima. Mais ce ne fut que partie remise : sous la houlette de Takeshi OKADA, le club l’emporta de nouveau en 2003 puis en 2004 (contre Urawa). MATSUDA a également gagné une Coupe Nabisco en 2001, la première de la formation de Kanagawa. Sa popularité l’a également amené à être sélectionné à trois reprises (2002, 2003 et 2005) pour le match All-Star de la J.League. Il est également gratifié de deux mentions dans le onze type du championnat japonais en 2000 et 2002.

Avec son coéquipier Yuji NAKAZAWA, il aimait bien se tourner en dérision. Il prit le capitanat à plusieurs reprises au cours de sa carrière, qui dura plus de 15 ans, MATSUDA ayant juré fidélité à son équipe. Il décida finalement d’y mettre un terme l’an passé, après 491 matches et 27 buts au plus haut niveau ; il est actuellement le 10e joueur avec le plus de matches en J.League, à égalité avec son ancien coéquipier Yoshikatsu KAWAGUCHI (toujours en activité). Cependant, à l’instar d’autres étoiles du football nippon avant lui, il voulut mettre son expérience au service de Matsumoto Yamaga, modeste formation de JFL aspirant à intégrer le monde professionnel de la J.League. Malheureusement, il n’y aura disputé que 15 matches pour un but, le dernier en date étant face au Honda F.C. (23 juillet, 1-1).

Carrière internationale

Membre de la « génération dorée » du football nippon, MATSUDA a connu toutes les sélections de jeunes du Japon ou presque, qui ont servi de révélateur pour sa carrière de joueur professionnel : moins de 17 ans (où il fut quart de finaliste du mondial 1993), moins de 20 ans (idem pour la World Youth en 1995), Espoirs. C’est ainsi qu’il participa aux éliminatoires mais surtout aux J.O. d’Atlanta en 1996, jouant même la célèbre rencontre de poule contre le Brésil, le « miracle de Miami » (victoire 1-0 des Nippons).

En 2000, Philippe TROUSSIER lui offra sa première cape avec les seniors durant la Carlsberg Cup (2 février, contre le Mexique). Mais les relations ne furent pas au beau fixe entre les deux hommes, à tel point que le défenseur des Marinos claqua la porte de la sélection A. TROUSSIER parvint de justesse à le convaincre de prendre part aux J.O. de Sydney la même année : le Japon termina quart de finaliste. Il remporta dans la foulée la Coupe d’Asie au Liban. Depuis cette expérience, MATSUDA est toujours resté le défenseur clé du système défensif à trois joueurs du sélectionneur français, dite « Flat Three« . Acteur incontournable du Japon, MATSUDA fut un titulaire indiscutable en 2001 (finaliste de la Coupe des confédérations) et surtout incontestablement en 2002, pour la Coupe du monde en Corée du Sud et au Japon (huitième de finaliste).

Alors au sommet de son art, son aventure avec les Samurai Blue toucha à sa fin avec le successeur de TROUSSIER, le Brésilien ZICO : bien que sélectionné pour la Coupe d’Asie en 2004, il fut de moins en moins utilisé, son compère Yuji NAKAZAWA lui étant préféré en défense. Paradoxalement, ce fut durant cette période qu’il marqua son unique but en équipe nationale, contre le Kazakhstan (match amical de Kirin Challenge Cup en 2005). Une ultime bisbille avec ZICO lui valut d’être écarté du groupe au moment où le Japon démarrait sa phase finale de qualification pour la Coupe du monde 2006. Il honora au final 40 sélections en cinq années avec les A.

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