Mondial 2014 : Le fantôme de 2006 ?

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Deux semaines après l’élimination du Japon dans cette Coupe du Monde 2014 et en attendant le prochain Podcast qui s’annonce d’ores et déjà explosif, nous vous proposons un premier bilan du fiasco des Samouraï Blue. 

Lamouchi 2-1 Zaccheroni

Mais qu’ont-ils fait ? Mais où est passée cette équipe du Japon au style de jeu si vif et si tranchant ? Nombreuses sont les interrogations des fans de l’équipe nationale suite à l’élimination dès le premier tour des Samouraïs Blue. Comment expliquer l’inexplicable serais-je même tenter de dire ?

Il y a tout d’abord ce premier match face à la Côte d’Ivoire où un Japon méconnaissable mène pourtant au score 1-0 dès la 16ème minute de jeu. On pense alors que cette équipe japonaise possédait suffisamment d’expérience pour pratiquer son jeu face à une équipe aux aptitudes physiques et athlétiques nettement supérieures, il n’en fut rien.

La faute au coaching d’Alberto Zaccheroni dirons certains, qui lança Endo à l’heure de jeu à la place d’Hasebe au milieu de terrain.  Peut être bien, même si son choix réalisé avec la volonté de reprendre la possession du ballon aux Ivoiriens pouvait se comprendre…. Ah, si seulement Makoto Hasebe ne revenait pas de blessure, peut-être aurait-il pu tenir jusqu’à la fin ? Nous ne le saurons jamais.

Le premier match, il faut bien l’avouer, le Japon l’offre sur un plateau d’argent à Didier Drogba et ses copains. Même si sur les buts, Nagatomo et Kagawa sont beaucoup trop en retard pour pallier au mauvais positionnement d’Endo, remettre la faute sur quelques joueurs seulement me semble un peu trop facile. La bataille a été avant tout tactique avec une victoire par K.O de Sabri Lamouchi (qui lança Didier Drogba au moment opportun dans ce match) sur Alberto Zaccheroni.

Mais il faut tout de même souligner que les cadres de cette équipe n’ont pas tous répondu présents. Si Keisuke Honda a une nouvelle fois confirmé qu’il était le patron et leader de cette équipe sur le terrain et si Uchida s’est enfin affirmé comme le titulaire indiscutable au poste d’arrière droit, d’autres comme Nagatomo, Okazaki et Kagawa n’ont pas eu les épaules suffisamment solides pour faire face à la pression et au défi que représentaient ce mondial brésilien aux yeux des supporters de cette équipe. Une descente aux enfers qui a malheureusement coûte cher au football japonais qui avait tant progressé depuis dix ans.

Ce premier match manqué face à la Côte d’Ivoire aurait du servir de déclic à l’équipe d’Alberto Zaccheroni. Il aurait du servir de révolte pour une réaction face à la Grèce…

Ils étaient dix…

La Grèce est une équipe réputée solide et encaissant peu de buts, il est vrai. Et il est également vrai que celle-ci évolue dans son élément lorsque l’adversaire a une possession du ballon stérile au milieu de terrain. Ce match ne s’annonçait pas facile. Toutefois, les japonais avaient toutes les cartes en mains pour le rendre plus « simple » avec cette exclusion de Katsouranis à la 38ème minute de la première période.

Il n’en fut rien. Apathiques, effrayés, fébriles, lents, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire l’équipe japonaise lors de la seconde période face à la Grèce. Possédant tous les atouts techniques et tactiques pour contourner le problème, les japonais manqueront de réalisme mais aussi d’engagement, de vitesse, d’intensité. La faute à un faux rythme bien aidé il faut le dire par un arbitrage un poil exigeant.

Mais n’importe quel coach vous le dira : lorsque votre adversaire est à dix et que vous ne profitez pas de cette supériorité numérique pour faire la différence, vous êtes défaillant. Et l’image qui illustre le mieux cette défaillance reste ces longs ballons balancés dans la surface de réparation grecque, du pain béni pour l’adversaire du jour qui n’en demandait pas plus.

Ce match face à la Grèce est le tournant de la compétition pour le Japon. Ce match aurait dû se solder par une victoire des nippons qui auraient alors abordé leur troisième rencontre dans un autre état d’esprit. C’est lors de ce match que le Japon a été éliminé du mondial 2014.

Le réveil cruel et tardif face à la Colombie

Une fois n’est pas coutume, c’est face à l’impossible que le Japon tentera de pratiquer son meilleur jeu. Contre une équipe de Colombie remarquable et ayant affiché l’un des jeux offensifs les plus séduisants dans ce tournoi, le Japon domine et prends la possession du ballon. Une entame de match encourageante face à une équipe A’ de Colombie remaniée pour l’occasion, il est important de le préciser. Mais si le milieu de terrain ainsi que l’attaque semblent cette-fois ci répondre présent, c’est en défense que le Japon pêchera.

Un Konno vieillissant et clairement en fin de carrière internationale offre le but du 1-0 sur une faute grossière commise dans la surface de réparation. Et là, on ne peut s’empêcher de repenser à Masato Morishige pourtant solide face à la Côte d’Ivoire lors du premier match et laissé sur le banc pour ce match. Nouvelle faute d’Alberto Zaccheroni ? Certainement oui.

Mais malgré ce cadeau offert à l’adversaire, le Japon répondra par l’intermédiaire de Shinji Okazaki qui égalisera quelques secondes avant la pause. Première frappe pour l’attaquant nippon dans ce tournoi et premier but. Taux de réussite maximal pour l’attaquant de Mayence. A la mi-temps, les nippons sont à un but de la qualification en huitième de finale. Une chance inespérée que les Samouraï Blue ne pourront jamais pas saisir.

Car la suite, on la connait. L’entrée de James Rodriguez viendra affoler un collectif nippon dépassé dans la maîtrise du jeu. Les trois buts anecdotiques viendront simplement alourdir un score cruel ne reflétant pas forcément la physionomie de la rencontre. Un classique là aussi vous avez dit ? Huit ans après le mondial 2006 et la lourde défaite 4-1 face au Brésil dans son troisième match de poule, le Japon vit un nouveau « fiasco ». Le fantôme de 2006, après être apparu brièvement lors du premier match contre la Côte d’Ivoire, prouve qu’il est cette fois-ci définitivement de retour. Au plus mauvais des moments.

Conclusion

Dans une coupe du monde jouée avec énormément d’intensité et d’engagement physique, le Japon n’était tout simplement pas au niveau. L’équipe a été mal préparée. Il ne s’agit pas d’un point de vue personnel mais des déclarations d’Alberto Zaccheroni. Serait-ce là un aveu de la part de l’ancien tacticien de la sélection japonaise qui aurait peut être dû privilégié les hommes « frais » et disponibles aux cadres en manque de temps de jeu ?

Nul doute que cette Coupe du monde aurait en tout cas dû être celle d’un certain Hajime Hosogai (à la place de Yamaguchi pas assez mûr) au milieu de terrain et d’autres joueurs d’expérience. Car l’expérience est ce qui a fait la différence sur ce mondial nippon. Et ce n’est pas pour rien si l’un des meilleurs atouts offensifs de l’équipe se nommait Yoshito Okubo (32 ans).

Au final, Alberto Zaccheroni sera allé au bout de ses idées et ce, jusqu’à la mort. Dans ce « drame » footballistique, il aura entraîné bon nombre d’observateurs (dont l’intégralité de la rédaction de Nippon Ganbare) et de fans du forum. Une leçon supplémentaire a été apprise pour le football japonais dans cette nouvelle « désillusion » : avoir du talent ne suffit pas, il faut le prouver le jour J sur le terrain. et pas seulement lors de matchs amicaux sans enjeux. Car face à l’adversité, les mots seuls ne suffisent pas et bon nombre d’équipes silencieuses avant ce mondial ont démontré que le coeur valait bien plus de beaux discours. 

Le talent et le coeur…Au Brésil, le Japon avait laissé le premier  à la maison et le second aux supporters. 


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