Kashiwa : les raisons d’un succès

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N’importe qui serait surpris en voyant un promu trôner à la première place du classement, et ce après 29 journées de championnat. Mais le succès du Kashiwa Reysol n’est pas aussi inattendu qu’on pourrait le croire, et repose sur de nombreux éléments. Analyse.

Une tactique payante

Le succès de Kashiwa n’est pas sans rappeler celui d’un autre promu, le Cerezo Osaka, qui avait proposé un jeu brillant et obtenu une quatrième place somme toute parfaitement méritée la saison dernière. Ces deux équipes ont en commun la volonté d’imposer leur jeu, tactique risquée pour un promu, puisqu’un système de jeu repose certes sur la faculté de l’entraîneur à le mettre en place, mais avant tout sur la capacité des acteurs principaux, les joueurs, à bien l’appliquer. L’équipe de Nelsinho BATISTA est arrivée en J1 fraîchement auréolée d’un titre de champion de J2 mais ne s’est pas véritablement renforcée à l’intersaison, loin de là. La perte du brésilien ROGER, rentré au Brésil pour raison familiale, le départ (plus tardif) de Yuki OTSU et l’absence de véritable recrutement nous montrent que Nelsinho BATISTA avait tout simplement confiance en son groupe, et pouvait compter sur l’éclosion d’un certain nombre de jeunes joueurs.

Mais nous parlons ici de tactique. La ressemblance avec le Cerezo Osaka cesse dès que l’on aborde le sujet : la réussite du Kashiwa Reysol ne s’est pas construite sur un système de jeu résolument tourné vers l’offensive, mais sur une grande maîtrise technique au milieu de terrain. Les huit premiers matchs disputés par le Kashiwa Reysol (six victoires, un match nul, et une défaite), contre des équipes à priori destinées à jouer le milieu de tableau, ont permis de roder le collectif et de mettre parfaitement en place le système de jeu. Un calendrier plutôt facile au début du championnat a, on le concèdera, été le premier élément de la réussite de Kashiwa, contribuant à créer une dynamique positive. On a dès lors pu constater quel allait être le schéma tactique utilisé pour le reste de la saison. Le voici en images, avec les titulaires habituels au poste, bien que le onze de départ ait fréquemment changé au cours de la saison.

La tactique de Kashiwa repose principalement sur la capacité de Leandro DOMINGUES à organiser le jeu. On a pu remarquer tout au long de la saison qu’il reposait également sur une grande activité des latéraux et milieux offensifs. Hiroki SAKAI et Wataru HASHIMOTO ont eu une grande importance pour apporter le surnombre en phase offensive. Après ce rapide décryptage, on peut résumer la réussite du plan de jeu de Kashiwa à trois éléments importants :
Рgrande mątrise collective pour garder la possession du ballon,
Рr̩ussite du jeu sollicitant particuli̬rement les joueurs de couloir,
– qualités de finition, et ce pour l’ensemble de l’équipe.

Mais le 4-2-2-2 de Nelsinho BATISTA et son plan de jeu ambitieux n’auraient pas pu fonctionner sans d’évidentes qualités individuelles chez ses joueurs. L’entraîneur brésilien a eu le mérite d’oser, là où les deux autres promus, le Ventforet Kofu et l’Avispa Fukuoka, en sont restés à un système basé sur le contre beaucoup plus conventionnel. Mais il a pu se reposer sur un effectif de grande qualité.

Des individualités au service du collectif

L’importance des joueurs-clé de Kashiwa est évidente. On reconnaît souvent l’importance de certains joueurs lorsqu’ils sont absents. Et les temps faibles de Kashiwa sont intervenus notamment après le départ de Yuki OTSU, mais aussi lors des problèmes physiques de Jorge WAGNER ou de Junya TANAKA. On peut également noter l’adaptation des grosses cylindrées de J.League à la tactique de Nelsinho BATISTA : tenter de contrer un système de jeu est une chose, avoir les joueurs pour le réaliser en est une autre. Mais globalement, l’absence de certains joueurs s’est cruellement faite sentir lors des baisses de régime de Kashiwa, qui a sans doute l’un des bancs les plus limités des prétendants au titre.

Défensivement, le premier nom qui vient à l’esprit est celui du latéral droit Hiroki SAKAI. Avec neuf passes décisives, le jeune et talentueux défenseur a déjà tapé dans l’œil du sélectionneur national. Pour une première saison en J.League, le moins que l’on puisse dire est que SAKAI a rempli son contrat. Sa qualité de centre a été une arme offensive de tout premier plan pour Kashiwa. La charnière MASUSHIMA-KONDO a elle aussi donné satisfaction, malgré quelques accidents de parcours.

Au milieu de terrain, Leandro DOMINGUES a fait étalage de sa classe tout au long de la saison. Avec onze buts, dont quelques-uns magnifiques, il a su à la fois organiser le jeu et considérablement apporter offensivement. Son coéquipier brésilien, Jorge WAGNER, n’est pas en reste. Au delà de ses huit buts, sa polyvalence et sa capacité de percussion en ont fait le joueur capable de faire la différence. Le jeune Akimi BARADA, international espoir, a également prouvé qu’il avait un potentiel extrêmement intéressant. Plus travailleurs, moins explosifs, le capitaine OTANI et le milieu de terrain KURISAWA ont également effectué une saison de qualité.

Enfin, le duo d’attaquant KITAJIMA-TANAKA a su apporter ce plus dans la finition, nécessaire à toute équipe visant autre chose que le maintien. Et le moins que l’on puisse dire est que dans les deux cas, il s’agit d’une agréable surprise. Personne n’aurait pu prévoir qu’un joueur de 33 ans n’ayant pas franchi la barre des dix buts depuis l’année 2000 se montre aussi efficace. Et peu de personnes auraient parié sur une telle saison de la part de Junya TANAKA.

Candidat au titre ?

Avec deux points d’avance sur le Gamba Osaka à cinq journées de la fin, le Kashiwa Reysol a désormais toutes les cartes en main. Un coup d’œil sur le calendrier amène à constater que les cinq matchs restants ne représentent pas un obstacle insurmontable. Kashiwa a déjà eu des baisses de régime imprévisibles. Il reste donc cinq matchs aux hommes de Nelsinho BATISTA pour nous montrer qu’ils ont le cran nécessaire pour s’emparer du titre de champion. Une fin de championnat ne se joue pas uniquement sur les qualités techniques et physiques. Et le facteur mental est sans doute le plus difficile à jauger. Plutôt que d’extrapoler, prenons notre mal en patience, et attendons le 3 Décembre.

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