J.League : Vegalta Sendai, la vie sans Makoto Teguramori

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La fin du règne de Makoto Teguramori au Vegalta Sendai est un événement important, et sans doute, avec l’arrive d’Akira Nishino à Nagoya, le plus grand changement connu par un club de J.League durant l’intersaison. Le nouvel entraîneur, Graham Arnold, a devant lui une tâche compliquée.

 J.League : Vegalta Sendai, la vie sans Makoto Teguramori

Le parcours du Vegalta Sendai en 2013 a été finalement assez représentatif de ce qu’on attendait du club pour une saison chargée, avec des joutes d’Asian Champion’s League à disputer. Des regrets, les supporters de Sendai peuvent sans doute en nourrir avec cette triste élimination en compétition continentale alors que la qualification pour le second tour semblait acquise. Le reste ? Une treizième place assez anecdotique en J.League. Quatorzième attaque, quatrième défense : la patte Makoto Teguramori est terriblement présente.

Le problème avec cette équipe du Vegalta Sendai est que la caricature n’est jamais très loin lorsque le sujet est abordé. Sendai ? Une équipe ennuyeuse, ultra-défensive, voyons. La réalité est un peu plus complexe : le Vegalta Sendai est l’exemple parfait d’un projet de jeu poussé jusqu’au bout par un entraîneur qui a eu du temps pour le construire ; et peu d’équipes en J.League ont autant porté l’empreinte du leur que celle-ci.

La « patte » Makoto Teguramori en J.League

J.League : Vegalta Sendai, la vie sans Makoto Teguramori

Le Vegalta Sendai, après une saison de rodage conclue par une quatorzième place en 2010, a tutoyé les sommets du championnat japonais. Les ingrédients du succès ? Dans le domaine de l’extra-sportif, il faut rappeler cette base solide de fans qui devrait assurer la pérennité financière du club pour les années à venir. Mais avant tout, Sendai a surpris, bousculé la J.League, avec un jeu physique, intense, à la limite de l’agressivité. Makoto Teguramori a construit son équipe autour d’un milieu de terrain extrêmement solide et dense. Makoto Kakuda et Shingo Tomita sont les deux hommes clés d’un dispositif en 4-4-2 avec deux milieux particulièrement défensifs.

Quand la paire n’est pas alignée, Vegalta Sendai perd. La relation de cause à effet est simplifiée à l’extrême, mais les chiffres parlent : sept défaites lorsque l’un des deux joueurs manquait à l’appel. Ces deux joueurs dictent un tempo particulier aux rencontres : ratisseurs infatigables du milieu de terrain, ils impulsent tous les contres et cassent le rythme lorsque cela est nécessaire. 

Méprisés par les esthètes du football, ces joueurs qui savent par leurs qualités de conservation de balle, une certaine lenteur balle au pied, faire baisser l’intensité d’un match, peuvent être des armes efficaces. Brisez le rythme du match, et vous brisez le rythme de votre adversaire. C’est ce « faux rythme », qui déstabilise des équipes plus talentueuses sur le papier. Makoto Kakuda et Shingo Tomita le font à la perfection : le duo a été mis en place en 2011, ce qui coïncide avec la montée en puissance de Sendai. Makoto Teguramori a également la culture des charnières centrales solides, avec le sous-estimé Jiro Kamata et le très bon Naoki Ishikawa. Ajoutez Ryang Yong-Gi en caution technique de l’équipe, Yoshiaki Ota pour la percussion et un duo assez complémentaire Shingo Akamine/Wilson, et vous avez peu d’individualités marquantes, mais un collectif façonné patiemment où chaque joueur a sa place.

Vegalta Sendai : un héritage à assumer

La tâche est d’autant plus difficile à assumer pour Graham Arnold. Doit-il tout changer avec les difficultés que cela implique ? Poursuivre dans la voie de son prédécesseur ? L’héritage est lourd à assumer, quand une équipe à été construite pierre par pierre, et que les pétrodollars ne sont pas là pour investir massivement dans de nouveaux joueurs. L’équipe technique est par ailleurs la même à l’exception de l’entraîneur adjoint : Susumu Watanabe est toujours directeur technique, Masato Harasaki le coach de l’équipe première. Graham Arnold n’est pas un débutant et jouit d’une excellente réputation en Australie, mais il n’a jamais entraîné en J.League. Le défi est de taille.

Il devra faire sans Takuto Hayashi, le gardien titulaire, parti au Sanfrecce Hiroshima. Toshihiro Matsushita, important au milieu de terrain, et Naoya Tamura ont également quitté le navire. Ces quelques défections n’ont cependant pas laissé l’équipe particulièrement affaiblie, malgré cette moins-value conséquente au poste de gardien . Et le recrutement est intelligent.

Takuya Takei vient du Gamba Osaka apporter sa polyvalence au milieu de terrain et ne devrait pas avoir de mal à s’imposer dans l’équipe. Kohei Hattanda arrive de Shimizu : véritable numéro 10 techniquement bien doté, il offre de nouvelles solutions tactiques. Le milieu de terrain est également renforcé par l’arrivée de l’international néo-zélandais Michael McGlinchey, l’un des meilleurs joueurs de Graham Arnold aux Central Coast Mariners. Enfin, dans le secteur défensif, Hironori Ishikawa vient doubler le côté droit dans un profil différent, plus offensif, de celui de Naoki Sugai, et Hiroshi Futami pourrait être une révélation sur le côté gauche de la défense. Le jeune latéral a tout gagné avec l’université Hannan en championnat universitaire, et était pisté par Hanovre avant de rejoindre Vegalta Sendai. Puissant, incisif, titulaire avec le Japon lors des dernières universiades, il apportera certainement à sa nouvelle équipe en J.League.

Il faut donc le noter : sur le papier, le Vegalta Sendai n’a sans doute jamais eu une équipe aussi compétitive. La question est donc bien de savoir si Graham Arnold saura composer avec une équipe qui n’a pas été bâtie pour lui. De la réponse dépendra l’avenir de Vegalta Sendai en J.League.

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