J.League 2012 : Consadole Sapporo, une promotion prématurée ?

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Depuis 2010, chaque édition de J.League voit arriver un promu mal préparé, qui redescend immédiatement en deuxième division sans avoir laissé un souvenir impérissable aux observateurs. Le Consadole Sapporo présentait le profil de la victime idéale cette saison et n’aura malheureusement pas su déjouer les pronostics. Et pourtant, le club de Hokkaido diverge de l’Avispa Fukuoka ou encore du Shonan Bellmare, aux moments où ceux-ci avaient été relégués de J1, en terme de dynamique globale.

Une montée inattendue

Lorsque le Consadole Sapporo bat le FC Tokyo 2 buts à 1 et s’offre la promotion lors de la dernière journée de J2, il est difficile de ne pas parler de surprise. Avec une treizième place en 2010, l’éventualité selon laquelle Hokkaido pourrait de nouveau avoir un représentant en J1 au terme de l’exercice 2011 apparaissait tout à fait incongrue. Nobuhiro Ishizaki, nommé en 2009, est pourtant un habitué des exercices de reconstruction, lui qui avait réalisé de l’excellent travail à Kashiwa en ramenant le club à l’échelon supérieur un an seulement après sa descente de 2006.

Nobuhiro Ishizaki, l’homme des reconstructions.

Contrairement à une équipe du Sagan Tosu jeune et talentueuse, c’est globalement une équipe de vétérans qui réussit le tour de force de ramener le Consadole Sapporo en J1. Et si ces joueurs ont dépassé les attentes de leurs supporters, on peut légitimement imaginer qu’eux non plus ne prévoyaient pas de réaliser un championnat d’une telle qualité. Seulement, l’euphorie passée, les interrogations commencent à s’accumuler autour d’une équipe qui ne parait pas avoir le niveau de la J1. Les trentenaires Hidaka, Takaki, Kawai et Sunakawa ont proposé des performances consistantes en J2 pendant un an. Répéter la prouesse en J1 apparait comme un mauvais remake de Mission Impossible. Nobuhiro Ishizaki, à la manière d’un Takeshi Okada dans les années 2000, a également intégré de nombreux jeunes : mais si les Takuma Arano, Tatsuki Nara et autres Kazuki Kushibiki ont vraisemblablement le potentiel pour devenir de bons joueurs de J1, leur heure n’est pas encore arrivée.

Un tifo montrant le numéro 8 de Makoto Sunakawa, 35 ans et près de 350 matchs pour le Consadole Sapporo.

Dès lors, que faire avec un budget conséquent pour une saison en J2 mais tout de suite moins imposant pour une saison en J1, avec les frais que celle-ci implique ? Nobuhiro Ishizaki va d’abord penser à renforcer son secteur offensif, en tout cas en terme de quantité. Thiago Quirinho, Hideo Oshima et Shunsuke Maeda viennent s’ajouter à Yusuke Kondo et Uchimura. Issei Takayanagi, qui ne joue plus au Sanfrecce Hiroshima, arrive pour apporter une touche technique au milieu de terrain. Jade North, international australien, vient renforcer une défense centrale orpheline de Tatsuya Yamashita parti au Cerezo Osaka. Et c’est à peu près tout.

Un long chemin de croix

Ayant du composer avec les moyens du bord, c’est avec l’ambition de limiter la casse que le Consadole Sapporo reçoit le Jubilo Iwata pour la première journée de J.League… et crée la surprise en tenant en échec les hommes de Morishita, qui réaliseront ensuite le parcours que l’on sait. Nous sommes alors le 10 Mars : Sapporo vient d’obtenir son premier point, le seul avant une période de disette qui durera deux mois. Jamais, pendant ces 8 défaites consécutives, le Consadole Sapporo n’a démérité, perdant au maximum par deux buts d’écart. Mais Nobuhiro Ishizaki n’a pas de buteur sur lequel se reposer et son entre-jeu est techniquement défaillant dans les 30 derniers mètres. Le 4-2-3-1 solide mis en place permet de faire illusion mais le Consadole Sapporo ne se crée que peu de situations dangereuses. La défense centrale est également fébrile : Jade North vit un calvaire pratiquement tous les weekends, et Tatsuki Nara, 19 ans, est terriblement prometteur mais également très irrégulier.

Le prometteur défenseur central Tatsuki Nara est l’un des chefs de file de cette jeune génération du Consadole Sapporo.

Ce qui devait arriver arriva : l’équipe finit par exploser à Kashima, encaissant un cinglant 7-0. Les performances catastrophiques s’enchainent alors et c’est au moment où on s’y attend le moins qu’intervient le match référence : une victoire 2-1 face à Nagoya. Deux semaines plus tard, c’est le Vegalta Sendai qui chute au Sapporo Dome. Ces deux performances rappellent quelques éléments à retenir au terme de ce bilan avancé. Nobuhiro Ishizaki, tout d’abord, reste un excellent entraineur : il ne serait pas surprenant de le voir rester en place, même en cas de relégation, et le fait qu’il n’ait pas réussi à sauver une équipe de J2 échouée en J1 ne peut pas lui être véritablement reproché. Le Consadole Sapporo a par ailleurs un groupe qui, même délesté des Ryuji Kawai et autres Makoto Sunakawa, sera redoutable en J2 l’année prochaine. La perspective de voir évoluer la jeune garde de cette équipe sans pression et avec l’expérience d’une saison en J1 est diablement excitante. Le Consadole Sapporo, avec une base de supporters solide, une situation financière correcte et un bon entraineur, a les moyens de se stabiliser en J1. Et peut-être dans un avenir pas si lointain…

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