J.League 2 : Formation accélérée pour les jeunes du Tokyo Verdy

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L’excellente performance du Tokyo Verdy sur le terrain du Jubilo Iwata ce dimanche est l’occasion de s’arrêter sur la triste saison de l’un des clubs légendaires du football japonais. Un rétablissement est-il possible dans les années à venir ?

 

Une courte éclaircie dans une saison morose

Le but magnifique de Ryuji Sugimoto qui a mis à l’abri son équipe face au Jubilo Iwata, l’un des ogres de cette saison de J.League 2, a du permettre aux supporters du Tokyo Verdy d’oublier l’espace d’un instant leurs soucis. Vingtième, le Tokyo Verdy réalise de très loin la pire saison de son histoire. Le monstre des débuts de la J.League fait bien pâle figure désormais.

Il faudrait bien plus qu’un article pour raconter la descente aux enfers du club : les relations conflictuelles avec le groupe Yomiuri, les difficultés économiques du club, la prise de contrôle financière par la J.League en 2010, les errements de la direction… Les explications au marasme sont légions. Et les racines du mal bien profondes. L’objet de ce bref aperçu n’est pas de les analyser, mais de jeter un coup d’œil sur cette jeune génération qui a été forcée de monter au créneau pour cette saison après le non remplacement de la quasi totalité des derniers cadres du club.

La moyenne d’âge de l’effectif est de 24 ans. Celle du onze de départ tourne plutôt autour de 22 ou 23 ans… Mais dans le turnover incessant mis en place par un Yasutoshi Miura vraisemblablement plus improvisateur désespéré que véritable tacticien désormais, quelques jeunes laissent entrevoir un avenir meilleur.

La parole à la défense

Dans l’effectif pléthorique du Tokyo Verdy, il est souvent difficile de distinguer des jeunes au potentiel élevé : dès que l’on croit repérer un futur grand, il cède sa place quelques matchs plus tard à un autre jeune. Le Tokyo Verdy a toujours été, au même titre que le Cerezo Osaka, un fournisseur de talents précoces. Sauf que, dans le cas présent, ceux-ci sont lancés bien tôt dans l’arène. Le mercato a été assez simple : plusieurs éléments d’expérience (pourtant déjà peu nombreux) ont quitté le navire (on pense à Kazunari Iio, Naoya Ishigami, ou Junki Koike) et les seuls recrutements ont été dans le secteur défensif : Naoya Tamura du Vegalta Sendai, et le nord coréen Kang Sung-Ho, prêté par Shimizu. Polyvalent et expérimenté, le premier a rapidement pris le brassard de capitaine. Il joue milieu défensif ou sur le côté droit de la défense.

Le jeune Akira Ibayashi effectue sa deuxième saison pleine en défense centrale aux côtés de Kim Jong-Pil. La réussite n’est pas flagrante. Le premier, ancien défenseur de l’université Kwansei Gakuin, semble un peu trop tendre pour le moment. En revanche, dans les couloirs du 4-4-2, la concurrence fait rage, et est finalement assez relevée. Tout juste promu de l’équipe U18, Kouki Anzai a brulé les étapes. Initialement plus à l’aise au milieu, il a été reculé latéral droit pour prendre la relève d’un Yusuke Mori fatigué. Pour un bilan positif au regard de son jeune âge. Offensif, culotté, ses montées rageuses ont plusieurs fois laissé entrapercevoir de réelles qualités.

Sur le côté gauche, on attendait plutôt Takahiro Tanaka, après une saison passée au Machida Zelvia. Ou Shunsuke Tachino, qui avait gagné un peu d’expérience à Toyama. Ni l’un, ni l’autre : c’est Kazuki Anzai, qui va obtenir la place de titulaire, dans un profil plus défensif que son homonyme. Il est parfois relayé par le benjamin de la fratrie Takagi, Daisuke, qui ne s’est pas encore installé à un poste en particulier sur le côté gauche mais montre déjà des choses intéressantes. Il faut bien noter qu’à part une faillite totale à domicile contre l’Avispa Fukuoka (défaite 0-5), la défense du Tokyo Verdy tient globalement la route. Ses deux jeunes latéraux n’y sont pas étrangers.

Un secteur offensif talentueux mais en panne d’efficacité

Au milieu, Jun Suzuki et Masaki Chugo font figures de vétérans. Mais le second n’est pas souvent titulaire, et la paire est globalement limitée en termes de créativité. Le jeune brésilien Nildo est arrivé il y a deux mois et s’est installé dans le onze de départ à la place de Chugo, jouant dans un registre proche de celui d’un Carlinhos à Omiya, ou d’un Marcio Richardes à Urawa : il porte beaucoup le ballon et ne joue que peu dans la verticalité, cherchant surtout à assurer la circulation du ballon au milieux ou à solliciter les joueurs de couloir. Le danger doit donc venir des ailes.

Et malgré son inconstance, Naoki Maeda s’est souvent illustré cette saison, avec trois buts. Lui qui avait été vraiment bon lors du sacre du Tokyo Verdy en Adidas Cup, la coupe des U18 Japonais, poursuit une progression intéressante dans un profil similaire à celui de nombreux milieux offensifs japonais. La place de titulaire Naoki Maeda sur le couloir droit reste pourtant précaire, le brésilien Nildo et Kouki Anzai pouvant jouer à ce poste, et d’autres joueurs commençant à faire leur trou. Et contre le Jubilo Iwata, l’un d’entre eux s’est mis en évidence : pour sa première titularisation, Ryuji Sugimoto a crevé l’écran. Agressif, dévoreur d’espace, il a fait vivre un cauchemar à la défense du Jubilo Iwata et a été récompensé par un superbe but. Naoki Maeda avait été intéressant lors de cette Adidas Cup 2011 remportée par les jeunes du Tokyo Verdy ? Ryuji Sugimoto en a été le MVP. Si certains des titulaires de la récompense sont aujourd’hui d’illustres inconnus (Kodai Yasuda, aujourd’hui remplaçant au… Tokyo Verdy), d’autres, comme Shu Kurata, Kenyu Sugimoto ou Hiroki Akino, jouissent d’une belle côte. Ryuji Sugimoto devrait avoir plus de chances de s’illustrer dans les semaines à venir. A lui de les saisir.

Enfin, dans sa recherche permanente de joueurs capables de sortir le Tokyo Verdy de la galère, Yasutoshi Miura devra sans doute continuer à faire confiance à des garçons comme Hiroki Sugazima en pointe, et plus encore Shuto Minami, également buteur contre le Jubilo Iwata pendant que son coéquipier Satoshi Tokiwa, pourtant sensé être l’attaquant d’expérience de l’équipe, ratait l’immanquable à plusieurs reprises comme souvent cette saison. Minami a été international dans toutes les sélections de jeune du Japon, a tout gagné avec les espoirs du Tokyo Verdy et est assurément l’attaquant le plus prometteur de l’effectif. Il a désormais besoin de temps.

Il faut bien se rendre compte que lorsqu’on parle de ces jeunes joueurs et que l’on évoque leurs chances de percer, le contexte est le bas de tableau de J.League 2. Autrement dit, un niveau général assez faible. Mais cette génération 1993/1994 qui pointe le bout de son nez a des arguments à faire valoir. Suffisamment pour, une fois rodés aux joutes de J.League 2, éviter une nouvelle saison catastrophique au Tokyo Verdy. En football japonais, voire en football tout court, les espoirs d’aujourd’hui sont souvent les déceptions de demain. Dans le cas du Tokyo Verdy, ces jeunes joueurs sont sans doute uniquement les seuls espoirs restants.

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