Giant Killing : Mourinho ? Guardiola ? Non, Takeshi Tatsumi !

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En 2007, Masaya Tsunamoto et Kodonsha Éditions font découvrir au Japon un manga qui révolutionne le genre. La France, elle, attendra l’anime sorti en 2010 et diffusé par Gongvision, le manga n’intéressant visiblement pas les maisons d’éditions de l’hexagone.

Fiche technique

Titre : Giant Killing (ジャイアントキリング)

Manga
Auteur : Masaya Tsunamoto
Éditeur : Kodansha
Magazine : Weekly Morning
Date de parution : 2007-(en cours)

Anime
Réalisateur: Yu Ko
Producteur: Atsuya Hirooka, Yuji Shibata
Musique: Hideharu Mori
Studio: Studio Deen
Année de diffusion : 2010

Giant Killing, le titre en lui-même annonce la couleur. Ce terme britannique fait référence aux équipes de divisions inférieures qui réussissent à l’emporter face à une équipe professionnelle lors de la célèbre FA Cup. Si l’histoire fait référence à l’Angleterre c’est parce qu’elle y débute, lorsque le modeste club de J.League East Tokyo United envoie son directeur sportif à la recherche d’un mystérieux entraineur japonais qui fait pleurer les équipes professionnelles au moment où son équipe (EastHam) amateur les rencontre. Cet homme, c’est l’ancienne vedette du club tokyoïte, qui avait quitté le club, alors au sommet, pour tenter l’aventure en Europe. Depuis ce jour, le club n’avait alors cessé de sombrer, enchaînant les entraineurs, perdant ses meilleurs joueurs, connaissant même la relégation. Nul besoin de dire que, lorsque Tatsumi rentre « à la maison », les supporters ne l’accueillent pas à bras ouverts.

Giant Killing en vidéo (AMV)

(Takeshi Tatsumi, l’entraineur qui fait des miracles à EstHam)

Takeshi Tatsumi, l’entraineur qui fait des miracles à EstHam.

Un manga sur le foot « réaliste »

Cette introduction peut laisser dubitatif, après tout, tant l’idée du sauveur qui arrive et transforme l’équipe en machine à gagner du jour au lendemain est tentante et si prévisible. Si, a priori, le dénouement est évident (le manga est toujours en cours de parution, toute surprise reste donc possible), le développement est par contre beaucoup plus intéressant. En effet, le manga comme l’anime se veulent avant tout réalistes. En cela, c’est une vraie révolution.

Pas de techniques insensées comme dans Captain Tsubasa, ni de tragédie à en faire pâlir Sophocle comme on peut en trouver dans Area no Kishi ou Aoki Densetsu Shoot. L’histoire cible un public plus mûr et peut-être plus connaisseur et il le fait savoir.

Ainsi, le choix de faire d’un entraineur le personnage principal n’est pas anodin. Il doit gérer un groupe, se faire accepter, bref, être psychologue. Et, entre le capitaine fidèle à son club qui a du mal à accepter la situation (Murakoshi), le défenseur « grande gueule » (Kuro), la concurrence entre les attaquants (Sera, Natsumi) ou encore le grand espoir qui manque de confiance (Tsubaki), la tâche de coach Tatsumi n’est pas simple ; surtout quand les supporters l’attendent au tournant, attachés à leur club et ayant mal digéré la descente aux enfers de l’E.T.U, dont ils jugent Tatsumi responsable.

Heureusement, le charisme de l’entraineur, dissimulé par une nonchalance déconcertante (surtout pour ses joueurs), et son talent l’aideront sur son chemin. C’est donc une description complète de la vie d’une équipe de football qui est décrite avec une vraisemblance certaine. Mais ce n’est pas tout.

Rien n’est laissé au hasard

Entre le vestiaire et les supporters, rien n’est laissé au hasard

Entre le vestiaire et les supporters, rien n’est laissé au hasard.

Et oui ! En plus de décrire remarquablement la situation interne d’un club (président, service presse et équipes de jeunes y passent aussi), Giant Killing met en scène le football japonais, le (presque) vrai. En effet, les clubs de J.League sont bel et bien présents mais sous des noms modifiés, restant néanmoins fidèles à « l’esprit » et aux couleurs des clubs concernés. Ainsi, si Shimizu Impulse, Urawa Red Stars ou encore Nagoya Grand Palace ne diront rien aux néophytes de la J.League, ils lui permettront de retrouver leurs équivalents dans la réalité. Quant aux connaisseurs, ils doivent déjà sourire. Ne cherchez pas East Tokyo United en J.League, c’est la seule équipe fictive, par souci de neutralité sans doute…

Les institutions japonaises ne sont pas oubliées

La League Japan Football fait référence à la J.League

La League Japan Football fait référence à la J.League.

En tout cas, l’auteur se veut précis dans sa description des institutions, s’attardant notamment sur la réunion de présentation des équipes, premier coup d’éclat du coach Tatsumi, le démarquant de facto des autres entraineurs. La JFA n’est pas non plus en reste puisque le sélectionneur de l’équipe, le Français (cocorico !) Mr. Blanc, indéniablement inspiré de Philippe Troussier, tient une place importante dans l’histoire. La description des instituions japonaises n’est cependant pas neutre et on sent à de nombreuses reprise une critique d’un certain conformisme qui gangrène le football japonais.

Dans des termes plus artistiques, le style graphique est bien loin des standards actuels mais reste assez agréable et donne une vraie personnalité aux scènes de match. Dans la version animée, l’animation est bonne et les épisodes ne tournent pas en longueur. Si l’œuvre se veut destinée à un public assez mûr, elle garde une grande part d’humour. En ce qui concerne la musique de l’anime, elle est plutôt bonne et l’opening (My story) et l’ending (Get tough !), dans un esprit britannique, sont très réussis.

A noter que l’anime ne couvre que les 10 premiers tomes (jusqu’au chapitre 89 exactement), soit un peu plus de la moitié du manga encore en cours de parution. Bref, si vous êtes à la recherche d’un manga (ou d’un anime) traitant du foot japonais et mettant en scène un foot réaliste avec des personnages bien développés, alors sautez sur l’occasion, Giant Killing vaut le coup d’œil.

Alors, prêts à faire votre Giant Killing ?

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