France 0 – 1 Japon : Les hommes de Zaccheroni s’offrent un succès historique

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La victoire ou la manière ? La question parait déjà largement obsolète au vu de la joie affichée dans le camp japonais au coup de sifflet final. Le Japon s’est donc imposé un but à zéro face à la France, pour la première fois de son histoire. Quatre-vingt-dix minutes qui auront vu les hommes de Zaccheroni souffrir, avant que Shinji Kagawa profite d’un contre mené par Yasuyuki Konno pour faire plier les Bleus. Quatre-vingt-dix minutes riches en enseignements, que ce soit sur le plan collectif ou concernant les individualités d’une équipe qui a concrétisé sur la pelouse du Stade de France plusieurs années de progression.

Dominés mais efficaces

Habitués à contrôler le jeu en zone Asie, les Samurai Blue ont rarement été autant dépossédés du cuir que face aux Bleus vendredi. Le pressing haut effectué dans les toutes premières minutes a vite disparu. Dominés physiquement au milieu de terrain, à la peine techniquement, les Japonais ont vécu une première période très compliquée et doivent en partie leur salut à la maladresse des attaquants français. Alors, pression de l’évènement ? Condition physique défaillante ? A vrai dire, un peu des deux. Ce match contre la France était, comme nous vous l’avions signalé il y a quelques jours, l’un des premiers matchs à l’extérieur contre un épouvantail du football mondial (bien que cette qualification puisse être discutée) depuis de longs mois. Dans le onze de départ aligné par Alberto Zaccheroni, Mike Havenaar, Hiroki Sakai et surtout Makoto Hasebe ne sont pas titulaires dans leur club. Au vu de la performance du capitaine de l’équipe nationale (on y reviendra), la mauvaise condition physique a eu son importance.

Et pourtant : le score nul et vierge faisait figure de cadeau inespéré mais Alberto Zaccheroni a décidé de faire confiance à ses joueurs jusqu’au bout. Pas un changement à la mi-temps : la décision à de quoi déconcerter mais c’est un Japon transformé qui revient sur le terrain. Les passes se font plus précises et, surtout, les occasions françaises se font plus rares. Kengo Nakamura sonne la révolte en enclenchant les premières frappes japonaises. Les vingts dernières minutes vont être stressantes pour les deux camps. La fatigue s’installe et les occasions s’enchaînent : quelques grosses frayeurs pour les Japonais mais il était écrit que les Samurai Blue ne perdraient pas. Un corner sorti par la défense, une montée rageuse de Konno : le contre est orchestré de main de maître et c’est Kagawa qui se mue en buteur décisif. Les décisions de Alberto Zaccheroni en ont surpris plus d’un mais les faits lui donnent raison.

La défense a brillé

Il a été sollicité et il a été à la hauteur du rendez-vous. Eiji Kawashima a été absolument brillant et a proposé plusieurs arrêts de grande classe. Ses deux défenseurs centraux n’ont pas été en reste. Maya Yoshida est dans une très bonne dynamique et l’a rappelé ce soir : impérial dans le domaine aérien, tranchant dans ses interventions, il a été aidé par un Yasuyuki Konno excellent lui aussi. Le joueur du Gamba Osaka, très propre techniquement, s’est payé le luxe d’être décisif et d’amener le but japonais. Hiroki Sakai a eu fort à faire. Solide pendant la plus grande partie du match, il a éteint de nombreux incendies et proposé des courses intéressantes avant de céder face aux coups de boutoir de Ribéry en fin de rencontre et d’être remplacé par Atsuto Uchida, dont le manque de temps de jeu en compétition officielle ne l’a pas aidé, qui a rappelé à tous son potentiel. Yuto Nagatomo a proposé un match impressionnant, offensivement par ses courses, notamment en deuxième période où il aura fait vivre un cauchemar à Christophe Jallet, mais aussi défensivement où il n’aura pratiquement jamais été pris à défaut.

Sérieux, Yasuhito Endo a comme à son habitude distribué avec précision les ballons (moins nombreux que d’habitude) qu’il a eus à négocier au milieu de terrain. Une passe ratée en fin de match qui aurait pu coûter cher au Japon ternit cependant quelque peu une bonne prestation d’ensemble. Makoto Hasebe a lui fait peine à voir. Mis au placard par Felix Magath, le capitaine est à court de temps de jeu et ça se voit : passes ratées, fébrilité dans les duels, Hasebe était méconnaissable vendredi soir. Hajime Hosogai l’a suppléé pour la deuxième moitié de la seconde période, le temps pour lui de rappeler qu’en cas de baisse de forme de son ancien coéquipier à Urawa, il pouvait répondre avec brio : engagement, intensité dans les duels, Hosogai a été partout en fin de match. Kengo Nakamura a été intéressant techniquement et disponible pendant sa petite heure passée sur le terrain : sans vraiment peser, il aura été important par ses prises d’initiatives. Takashi Inui l’a remplacé et a, pendant une demi-heure, marqué un certain nombre de points, en faisant parler sa vitesse, sa vision du jeu et son entente avec ses anciens compères du Cerezo.

Devant, Hiroshi Kiyotake aura joué assez juste sans être vraiment décisif. Opposé à un Gaël Clichy avant tout décidé à bien défendre, il n’aura pas gagné son duel face au Citizen. Shinji Kagawa a connu un match semblable. S’il a à plusieurs reprises fait admirer l’étendue de sa technique, cela n’a pas débouché sur grand-chose de concret, jusqu’à ce qu’il soit replacé en numéro 10 après la sortie de Kengo Nakamura. Il a le mérite d’avoir été décisif au bon moment en inscrivant le but de la victoire. Mike Havenaar aura lui traversé le match comme un fantôme : titularisé dans un rôle ingrat pour peser sur la charnière centrale des Bleus, son grand gabarit n’aura été d’aucune utilité. S’il a montré ses limites techniques, s’acharner sur lui n’est pas véritablement utile. Sevré de ballons, il ne soulève qu’une véritable occasion : le jeu japonais est-il compatible avec ce type d’attaquant de pointe ?

Dominé pendant une mi-temps, le Japon a pourtant trouvé les ressources pour monter en puissance tout au long de la rencontre et commencer sa tournée européenne de la meilleure des manières. Vendredi, la manière a peut-être fait défaut mais le résultat est là. Il n’est pourtant pas sûr que la même recette soit efficace contre le Brésil mardi.

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