Coupe des Conf̩d̩rations 2013 : Br̩sil РJapon (Preview)

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Brésil, Italie, Mexique. Trois pays de football, trois idées du jeu différentes et trois niveaux… supérieurs au Japon. C’est une chance de se mesurer aux meilleurs, une chance de se jauger à un an de la Coupe du Monde et d’en tirer certains enseignements. Voici la preview de Keiran, chroniqueur pour Nippon Ganbare, qui vous livre ses impressions sur le match de ce soir et sur ses attentes autour de la Coupe des Confédérations 2013.

Quelle philosophie de jeu pour les Samurai Blue ?

Plus que le résultat, le plus intéressant sera donc d’observer comment Alberto Zaccheroni abordera ces rencontres car, malgré une qualification pour le Mondial 2014 obtenue « facilement », le contenu des matchs avait de quoi laisser sceptique.

Entre possession stérile, espaces entre les lignes, interrogations sur la viabilité à haut niveau de la charnière centrale et manque de réalisme devant le but, on ne peut pas assurer que le jeu japonais soit un produit fini. Au contraire, il donne l’impression de se chercher, et ce quel que soit le schéma tactique utilisé, avec ou sans Sango Keisuke Honda.

L’équipe semble pouvoir faire beaucoup mieux. Est-ce que j’attends trop de ces joueurs ? Peut-être. Un manque de talent à des postes-clé ? Sans doute. Mais le technicien italien a aussi sa part de responsabilité. Depuis sa campagne flamboyante et victorieuse en Coupe d’Asie 2011, la sélection donne l’impression de stagner. Déjà deux ans et demi… une éternité. La Coupe des Confédérations incarne donc l’une des dernières chances de trouver une identité que le Japon pourra peaufiner lors de l’année à venir, voire au-delà.

Tout n’est pourtant pas à jeter dans le travail du sélectionneur. Plusieurs matchs ont apporté leur lot d’enseignements, révélant quelle philosophie les Samurai Blue pourraient adopter. L’héritage de l’ère Okada. Celle qui a fait grincer des dents et pleurer de désespoir avant de créer la surprise lors de la Coupe du Monde 2010, en sortant d’un groupe difficile avant de manquer un quart de finale historique aux tirs au but contre le Paraguay. Face à l’équipe de France en octobre dernier, les Nippons avaient joué de la sorte, avec une victoire de prestige à la clé (1-0).

Courber l’échine et contrer

Le principe est connu de tous : une défense de handball, des joueurs de tête pour couper les centres puis des contres à cent à l’heure grâce à un attaquant faiseur de miracle (Honda) qui conserve le ballon le temps que le bloc remonte.

Courber l’échine avait été un choix payant en 2010. Grâce à un Keisuke Honda de feu, la sélection nationale avait atteint les huitièmes de finales. Cette stratégie, caricaturalement nommée « à l’italienne », est surtout celle de Jean-Claude Dusse. Après tout, sur un malentendu, ça peut marcher. J’ajouterais également que la Grèce a été championne d’Europe en jouant de la sorte.

La philosophie des « petits ». Mais le mode d’emploi omet de dire que si l’on encaisse le premier but, la partie est perdue.

Mon avis : Adopter cette stratégie serait un aveu d’échec pour Zaccheroni, en se soumettant avant même le début de la rencontre. Pas la meilleure idée quand on a l’ambition de s’inscrire dans les équipes qui comptent au niveau mondial. De plus, jouer bas, c’est s’exposer aux long ballons et aux coups de pieds arrêtés et la charnière centrale est loin d’être aussi solide que ne l’était la paire Tulio – Nakazawa.

La possession à outrance

Barcelone. Ce nom seul fait rêver ses supporters. Les Japonais ont un profil physique similaire aux Barcelonais, ne sont pas dégueu’ techniquement et, en plus, sont capables de bien presser. La défense haute soulage les faiblesses sur le jeu long et l’association Kagawa – Honda fait des ravages dans les petits espaces. Endo permet de fluidifier le jeu et les latéraux l’écarte. Tout cela est tentant.

Mais les derniers matchs du Japon ont montré les limites du système, et ce dès le niveau asiatique, que l’on sait bien loin du gotha mondial. En effet, la maitrise technique n’est pas suffisante, la moindre approximation entraine un contre et le Japon n’a pas Busquets au placement parfait dans ces phases-là. Pour les mêmes raisons, les phases offensives ne sont pas assez rapides et l’équipe adverse a vite fait de fermer sa défense à double tour. Sans un joueur de surface capable d’exploiter le moindre demi-ballon qui se présente et sans des frappes lointaines qui pourraient faire remonter le bloc adverse, marquer un but est un vrai parcours du combattant. La domination devient alors stérile.

Mon avis : Face à des équipes mieux organisées, plus puissantes physiquement et pressant beaucoup plus haut, je ne pense pas que les Nippons feront preuve du même calme avec le ballon. Jouer de la sorte serait cette fois-ci faire preuve de prétention et s’exposer un sacré retour de bâton. Jouant leur qualification au Mondial face aux Australiens, les Japonais se sont fait peur en n’arrivant pas à trouver la faille. Pressing haut, attaques rapides. « On ne nous enlèvera pas notre pressing » (Alberto Zaccheroni lors de son intronisation en 2010). Les mots du sélectionneur étaient clairs, l’identité du Japon, c’est allez chercher le ballon dans les pieds de l’adversaire.

Le pressing de tous les instants

Jordi Alba - Olympics Day -1 - Men's Football - Spain v Japan

Jeux Olympiques 2012, l’équipe japonaise U23 bluffe le monde entier en asphyxiant l’équipe d’Espagne lors de la phase de poule, avant d’atteindre les demi-finales de la compétition. Elle met cette règle en application et sans véritable buteur dans son équipe. Un pressing haut, une agressivité de tous les instants, un jeu de passes rapides et précises dès la récupération du ballon et des coups joués à fond. Ce jeu, c’est ce qu’on retrouve souvent en J.League. C’est également ce qui avait fait le succès du technicien italien dans les années 1990. Un jeu juste, enthousiasmant… mais à double tranchant.

On se souvient de la défaite face au Brésil (0-4), quelques jours seulement après la victoire au Stade de France. Les Japonais avaient attaqué tambour-battant, avant de rapidement s’éteindre et se voir infliger une correction. Le pressing haut et une intensité élevée dépensent énormément d’énergie ; ce jour-là, avec des joueurs peu en forme (Honda de retour de blessure) et sans gaz, l’équipe avait sombré.

Pourtant, l’idée reste là, une Coupe du Monde, c’est aussi un mois de préparation physique pour recharger les batteries et des matchs amicaux pour remettre tout le monde dans le rythme.

Mon avis : C’est sans doute la philosophie de jeu la plus naturelle pour les joueurs japonais. Si l’équipe retrouve son équilibre, elle laissera beaucoup moins d’espaces à ses adversaires et pourra se montrer dangereuse devant le but adverse. La défense a montré qu’elle était plus à l’aise en jouant haut et Endo a rassuré sur ses capacités physiques. Si Zaccheroni parvient à gérer son effectif (plus fourni que celui de Sekizuka aux JO 2012) afin d’éviter un épuisement prématuré, les Samurai Blue pourraient en surprendre plus d’un et enflammer les stades brésiliens.

Le match des Jeux Olympiques 2012 face à l’Espagne, grandissime favorite, demeure une référence.

Une équipe caméléon, insaisissable, imprévisible, c’est l’objectif annoncé du sélectionneur. Changements de schéma, changements de style de jeu, de quoi faire tourner l’adversaire en bourrique. Mais pour le moment, c’est bien la sélection qui tourne en rond. Mettre en place une philosophie claire, ambitieuse et compatible avec l’identité japonaise serait déjà un bon début. Dès ce soir ?

Note de la rédaction Nippon Ganbare : le match Brésil – Japon sera diffusé en direct sur la chaîne TMC à partir de 21h, heure française.

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