Coupe d’Asie 2015 : Japon 1-0 Irak

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Japon - IrakBrisbane Stadium (Australie), 16 janvier 2015

Japon 1-0 Irak
But : Honda (23′ s.p)

Alors que les favoris du tournoi (Australie, Corée du sud, Iran) baignent dans la sérénité, le Japon, lui, doit faire face à la tourmente. Hier, à la veille de ce match face à l’Irak, la JFA s’est fendue d’une déclaration publique à propos du sélectionneur, Javier Aguirre, lequel est toujours sous le coup d’un licenciement, suite aux accusations de corruption dont il fait l’objet, et qui datent de l’époque où il exerçait en Liga espagnole. La fédération nippone a ainsi déclaré qu’elle ne prendrait de décision qu’au terme de la coupe d’Asie, afin de << préserver l’équilibre de l’équipe nationale durant la compétition >>. Vous l’admettrez cependant, ce n’est pas la meilleure façon pour les joueurs d’aborder un match important et décisif.

Car oui, après la promenade de santé contre la Palestine (4-0), le Japon avait cette fois-ci un adversaire de taille : fraîchement tombeur de la Jordanie (1-0), lors de la première journée de ce groupe D, l’Irak est en effet une formation talentueuse et coriace, riche en jeunes prometteurs. On peut citer par exemple Ali Adnan – surnommé  » le Gareth Bale irakien  » – ou encore Human Tariq, tous deux sélectionnés pour cette coupe d’Asie. Avec ces deux joueurs comme fers de lance, les lions de la Mésopotamie ont atteint les demi-finales du dernier mondial U20 remporté par la France de Pogba, Digne et Thauvin. Cette jeune équipe d’Irak d’ailleurs a donné au Japon beaucoup de fil à retordre ces dernières années, dans les sélections U19-U21 : en trois matchs, trois défaites pour le Japon, et de surcroît difficilement contestables. Ce n’est pas Naomichi Ueda, sélectionné pour la coupe d’Asie en lieu et place d’Uchida, et qui a pris part à deux de ces trois revers face à l’Irak, qui vous dirait le contraire.

Par conséquent, maints supporters des samouraïs bleus voyaient un double enjeu dans ce match : il fallait tout d’abord consolider la première place du groupe, et, ce faisant, cela permettrait de remettre à l’heure les pendules vis-à-vis de l’Irak. De montrer que leur jeune génération prometteuse ne serait pas en mesure de bousculer une hiérarchie établie depuis 15 ans déjà, et qui fait du Japon la figure de proue de l’Asie.

Une première mi-temps convaincante

Dès les premiers instants, nous avons vu à l’oeuvre une équipe du Japon conquérante, et fidèle à ce qu’on attendait d’elle : agressifs, intelligents dans le placement et les déplacements, les samouraïs ont complètement étouffé les irakiens, qu’ils ont fait courir après le ballon durant toute la première demi-heure. Etonnants de sang-froid, ils ont joué haut en ne commentant que peu d’erreurs techniques, conséquence d’un dispositif offensif et défensif qui a semblé parfaitement huilé. La circulation du ballon était fluide (on n’hésitait pas non plus à repartir de derrière pour construire les actions), sereine, et les joueurs se trouvaient facilement. Nous n’avons recensé d’ailleurs que très peu de mésententes, preuve que les automatismes ont commencé à s’ancrer dans l’esprit des joueurs que l’on n’a quasiment jamais paniquer. Même Gotoku Sakai, connu pour ses nombreuses maladresses, semblait sûr de son fait ! Personnellement, j’ai plus ou moins retrouvé certains attributs de la sélection mexicaine, à savoir, entre autres, un jeu axé sur la conservation de balle, une occupation du terrain cohérente, une grosse activité des latéraux, des couvertures intelligentes, ou encore des prises à deux efficaces pour cadrer le porteur adverse (ce qui limite les efforts, les grandes courses). Difficile de nier la présence de la patte Javier Aguirre sur cette équipe-là.

Dans les 25 premières minutes, le Japon s’est ainsi montré dangereux à plusieurs reprises, par l’intermédiaire notamment de Keisuke Honda, dont la tête à bout-portant trouvera le poteau de Jalal Hassan Hachim, le portier adverse. Asphyxiée, au bord de la rupture, dépassée par la qualité de passe de notre milieu de terrain, surtout Endo, la défense étirée de l’Irak va multiplier les erreurs individuelles. Et comme un symbole, c’est Ali Adnan, si souvent bourreau des U21 japonais, qui finira par commettre l’irréparable, avec une faute sur Keisuke Honda en pleine surface de réparation. Le joueur du Milan AC ne tremblera pas et convertira en but le pénalty accordé. 1-0.
A partir de là, le Japon va tout doucement basculer vers une phase de gestion, sans que l’Irak parvienne à se montrer vraiment menaçant, sauf sur une reprise toute molle du tibia de Younis Mahmoud juste avant la pause, que Kawashima capte sans peine.

Un Honda malchanceux

Au retour des vestiaires, l’Irak affiche de meilleures intentions. Avec un bloc plus dense, plus compact, les lions de la Mésopotamie pressent plus haut, ce qui met en difficulté la rampe de lancement de notre milieu de terrain : Endo. Et malgré le magnifique enroulé du droit de Keisuke Honda à l’entrée de la surface, qui aurait mérité un meilleur sort que la barre transversale, les attaquants sont forcés de reculer d’un cran, de se montrer plus rigoureux en terme de repli défensif. Dans cette situation, on retrouve un Japon hésitant, qui enchaîne les fautes évitables. L’emprise irakienne devient de plus en plus nette, sans qu’il y ait pour autant de véritable occasion franche à leur actif. Mais le ballon s’approche trop souvent de la surface japonaise. Conscient du danger, Javier Aguirre réagit : à l’heure de jeu, il réalise un double changement salutaire, en sortant un Endo fatigué pour Konno, tandis qu’Inui, assez discret, cède sa place à Kiyotake. L’entrée du premier cité va oxygéner l’équipe, lui permettant une gestion plus tranquille. Dès lors, les situations de but en faveur du Japon reparaissent. Hélas, la réussite de Keisuke Honda ne sera pas à la hauteur de sa fougue : il va toucher le poteau pour la troisième fois de la rencontre, au terme d’une action d’école initiée par Kagawa, et relayée par Kiyotake, dont le centre à ras-de-terre depuis le côté gauche a trouvé le blond peroxydé au deuxième poteau. Le juge de touche signalera finalement un hors-jeu pour Honda, mais ce raté illustre à lui seul les « petits » problèmes de finition qui subsistent encore chez cette équipe japonaise.
Des imperfections qui n’empêcheront pas toutefois les samouraïs de gérer tranquillement leur avantage sur les dix dernières minutes, en contrôlant une équipe d’Irak qui ne semblait alors plus avoir ni le jus, ni la force de tenter un ultime assaut. Le score restera de 1-0.
Au final, c’est donc une victoire méritée et logique pour les samouraïs, tant l’adversaire a peiné à se montrer dangereux, là où le Japon s’est tout de même créé plusieurs occasions, même dans ses temps faibles.

Le Japon se retrouve désormais seul leader de la poule D, avec 6 points. Un nul suffira à lui assurer, et la qualification pour les quarts de finale, et la tête du groupe. Attention toutefois à ne pas perdre, puisque la Jordanie (vainqueur de la Palestine 5-1) et l’Irak comptent 3 points. Une différence de buts (totale ou particulière) défavorable éliminerait donc les samouraïs. Méfiance.

Voici, pour finir, un petit florilège des plus belles occasions du match, essentiellement japonaises vous l’aurez compris :

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