Championnes du monde!

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Elles l’ont fait. Plus de 16 ans après sa première participation en coupe du monde, l’équipe nationale japonaise a remporté son premier titre mondial en terres allemandes. Personne ne pouvait prédire que cette équipe, dont la participation au mondial était incertaine en raison de la terrible catastrophe du 11 mars dernier arriverait à remporter la coupe du monde et développer un football si plaisant. Opposées en finale aux Etats-Unis (numéro 1 mondial), les japonaises sont allées puiser dans des ressources insoupçonnées pour renverser leurs adversaires. Retour sur cette rencontre d’anthologie.

C’est dans un stade rempli à bloc que se rencontraient pour la 26ème fois le Japon et les Etats-Unis dans un match de football féminin. Grande favorite avant la rencontre (avec 22 victoires, 3 matchs nuls et 0 défaites) les américaines entraient sur le terrain avec la ferme intention de ne pas laisser échapper un troisième titre mondial après ceux acquis en 1991 et 1999.

De leur côté les nippones très en confiance depuis leur victoire surprise face à l’Allemagne en quarts de finale, pouvaient s’appuyer sur un jeu collectif exceptionnel afin d’essayer de relever ce défi impossible.

Cependant, c’est sans surprises que les américaines assument leur statut de favorite en dominant outrageusement les premières minutes de la rencontre. Jusque là décevant, les Etats-Unis auront donc attendu la finale du mondiale pour produire un niveau de jeu très élevé et à la hauteur de leur réputation.

Au bout de vingt minutes de jeu et alors que l’on compte un bon nombre d’occasions américaines (notamment les poteaux de WAMBACH et RAPINOE) , nul doute que dans les têtes des spectateurs, l’évidence de l’attribution du titre mondial aux américaines ne fait plus aucun doute.

De leur côté, les japonaises qui n’arrivent pas à rentrer dans leur finale, réagissent timidement sur quelques offensives collectives sans parvenir à inquiéter SOLO, la gardienne américaine. A la mi-temps, le premier petit miracle se produit pour des nippones qui rentrent aux vestiaires sans avoir concédé le moindre but.

MIYAMA n’a pas pu s’exprimer pleinement sur le terrain en première période

IWASHIMIZU a complètement manqué son début de match

Les nippones furent totalement dominées sur le plan physique.

La transversale sauve KAIHORI et le Japon.

SAWA contribua énormément au jeu défensif de son équipe


En seconde période, les japonaises arriveront à calmer le jeu et à mieux gérer la pression exercée par les américaines. Une mauvaise décision arbitrale empêchera même OHNO, bien lancée dans la profondeur par une passe de SAWA, de se retrouver en face à face avec SOLO. SASAKI, l’entraîneur du Japon, sent alors que son équipe peut réussir un coup dans le match et décide de faire rentrer les attaquantes NAGASATO et MARUYAMA. Deux minutes plus tard et sur une belle ouverture de RAPINOE, MORGAN (entrée en début de seconde mi-temps à la place de CHENEY) prenait le dessus sur KUMAGAI et venait tromper KAIHORI d’une superbe frappe croisée (69′, 0-1).

KUMAGAI dépassée par la vitesse de MORGAN

MORGAN et WAMBACH pensaient avoir fait le plus dur en ouvrant le score

L’ouverture du score américaine ne déstabilise cependant pas les nippones qui persistent dans la construction d’un jeu de passes prudent. Du côté des Etats-Unis, les joueuses insistent pour passer sur les ailes et délivrer des centres pour la tête de WAMBACH.

Ce n’est finalement qu’à la 81ème minute que viendra, contre toute attente,  l’égalisation japonaise. Sur une terrible erreur de la défense américaine, MIYAMA parvenait à pousser de l’extérieur du pied le ballon au fond des filets (81′, 1-1).

Plus rien ne sera alors inscrit à l’issu du temps réglementaire laissant ainsi la place aux prolongations. Solidaires dans l’effort, les nippones résisteront tant bien que mal aux assauts américains mais craqueront sur la première erreur de marquage de KUMAGAI qui laissait échapper dans son dos la terrible WAMBACH (104′, 1-2).

WAMBACH reprend victorieusement de la tête un centre de la jeune MORGAN

La redoutable WAMBACH

A terre, les nippones ne se sont pas laissées abattre pour autant

Menées au score, les japonaises tenteront le tout pour le tout en seconde période de prolongation en se découvrant davantage et en frôlant à plusieurs reprise le but du 3-1. Finalement, sur un excellent travail de SAWA, KINGA réussissait à obtenir un corner à la 117ème minute. MIYAMA se charge de trouver l’inévitable capitaine SAWA qui d’un geste technique exceptionnel (aile de pigeon aérienne) parvenait à égaliser à la surprise générale (117, 2-2).

SOLO impuissante sur l’égalisation japonaise

La fin de match tendue verra les américaines pousser les japonaises à la faute. Sur un long ballon, IWASHIMIZU est exclue pour un tacle irrégulier sur MORGAN qui s’écroule à l’entrée de la surface de réparation.

Ce dernier coup de pied arrêté donnera quelques sueurs froides supplémentaires aux supporters nippons après le sauvetage in-extremis d’IWABUCHI, entrée en fin de prolongation. Les deux équipes allaient avoir recours à la séance des tirs aux buts pour se départager.

Durant cet exercice ce sont les japonaises qui se montreront les plus habiles avec trois tirs aux buts réussis sur quatre contre un tir au but réussi sur quatre côté américain. La jeune KUMAGAI expédie ainsi le Japon sur le toit du monde pour la première fois de son histoire dans un match à suspens où la volonté et le courage des joueuses aura pris le dessus sur la logique de la hiérarchie du football féminin. Nul doute que ces Nadeshiko peuvent être fière d’avoir représenté leur pays de la plus belle des façons.

KAIHORI sur son premier arrêt

KAIHORI sur son second arrêt

KUMAGAI (20 ans) trouve la lucarne et expédie le Japon sur le toit du monde


A l’issu du match, SAWA se verra délivrer le soulier et le ballon d’or adidas qui récompensent respectivement la joueuse ayant inscrit le plus de buts dans la compétition (cinq réalisations pour la capitaine nippone) et la meilleure joueuse du tournoi. WAMBACH (4 buts inscrit) termine deuxième au classement et SOLO fut pour sa part élue meilleure gardienne de la coupe du monde féminine de la FIFA.

Le Japon remporte ainsi son premier titre international (toutes catégories confondues) après plus de 75 ans de participations aux différentes épreuves organisées par la FIFA.

Norio SASAKI peut être fière de ses joueuses et du travail accompli

Les déclarations (source : FIFA.com)

Pia Sundhage, sélectionneuse des États-Unis


« Nous avons offert au public un bon match aujourd’hui. Les deux équipes méritent nos félicitations car nous avons assisté à une finale mémorable. Je suis très satisfaite de notre performance en première mi-temps. Comparé à ce que nous avions produit en demi-finale, nous avons changé de registre. Maintenant, je suis déçue, même si nous terminons sur la deuxième marche du podium. J’espère qu’avec le recul, j’apprécierai davantage la portée de l’exploit.

Quand on dispute une finale de ce niveau, il faut profiter de la moindre occasion.Malheureusement, nous n’avons pas été suffisamment incisives. Nous avons encaissé deux buts et c’est ce qui explique que nous n’ayons pas réussi à l’emporter. Il faut également dire un mot de la façon dont jouent les Japonaises. Elles sont toujours à l’aise balle au pied, même lorsqu’elles se retrouvent menées au score. Cette approche ne peut être que bénéfique pour le football féminin.

Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier l’Allemagne. Cette compétition était fantastique. Désormais, la barre est placée très haut pour l’organisation des prochaines éditions. »

Norio Sasaki, sélectionneur du Japon


« Avec le recul, on peut trouver certaines choses à redire. Nous avons parfois manqué de souplesse tactique et nous n’avons pas toujours joué notre jeu. En revanche, nous avons fait preuve de la plus grande rigueur en défense, à l’image de ce que nous avions réalisé contre l’Allemagne. Mais nous ne sommes pas aussi bien rentrés dans le match que nous l’aurions voulu. Nous n’avons pas su trouver les espaces pour faire circuler le ballon.

Les Américaines ont très bien joué, mais notre défense était parfaitement organisée. Les joueuses ont fait preuve de patience. Elles voulaient absolument gagner ce match. C’est pour cela que nos adversaires n’ont pas marqué davantage de buts. Il est vrai que nous avons eu de la chance pendant les tirs au but. Les dieux du football étaient avec nous !

Compte tenu de la situation au Japon je tiens à remercier tous ceux qui nous ont soutenus et plus particulièrement le public allemand. L’Allemagne est un grand pays de football et nous avons été très bien accueillis ici. »

AYUMI KAIHORI, gardienne de but du Japon et Joueuse du match


« Il y a de très bonnes footballeuses dans cette équipe et c’est ce qui nous a permis de gagner de cette finale. Je tiens à souligner que cette victoire est avant tout collective. Pour s’imposer dans les tirs au but, il faut croire en soi. Ce soir, j’étais très en confiance. »


Et maintenant?

Nul doute que le Japon sera attendu au tournant et devra désormais assurer son statut de champion du monde. Acclamées par la presse en véritables héroïnes, les nippones n’ont pas seulement acquis un titre convoité par toutes les équipes du monde mais ont aussi marqué les esprits par leur style de « barça » à la féminine. Le beau jeu aura donc fini par prendre le dessus dans un football féminin en plein développement (les audiences réalisées durant la compétition ont battu par ailleurs tous les records) et qui ne cesse d’évoluer depuis une vingtaine d’année. Vivement les prochains Jeux Olympiques!

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