Cerezo Osaka – Gamba Osaka : Le derby vu du stade

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Cet article a été entièrement rédigé par Keiran, qui a accepté de nous faire un récit du derby d’Osaka, qu’il a pu voir au Nagai Stadium. Quand en plus le tout est très bien rédigé et fourni en photos, pourquoi se priver ? Quoi qu’il en soit, un grand merci à toi de la part de l’ensemble de la rédaction, Keiran. N’hésitez pas à cliquer sur les liens pour profiter des vidéos. Bonne lecture !

En tant que fan du football japonais et habitant dans la préfecture d’Osaka, le derby était un passage obligé. Stade, supporters et jeu, laissez-moi vous faire partager mon expérience au Nagai Stadium.

11h, arrivé à la station la plus proche du stade et déjà une petite surprise : première fois que je vois une gare aux couleurs d’un club. Le rose est dominant, le blason du Cerezo est présent partout.

Le Nagai Stadium

Il n’est que onze heures du matin mais un certain nombre de supporters est déjà présent. Premier contraste assez amusant : si les supporters du Cerezo (à « domicile ») sont déjà à l’intérieur du stade et envahissent les stands (yakisoba, frites, pop-corn et autres manju faisant fureur), les supporters du Gamba, eux, continuent de patienter à l’extérieur, ne rentrant dans le stade qu’au compte-goutte. Pourtant, on ne peut pas dire que ce soit par mesure de sécurité, les alentours du stade étant calmes et les contacts entre supporters adverses plutôt rares et bon enfant.

Presque midi, il est temps d’entrer. A 2h du coup d’envoi, le stade est loin d’être plein mais on distingue clairement que les supporters du Cerezo sont déjà plus nombreux. On comprend alors mieux pourquoi les supporters du Gamba ne sont pas autorisés à entrer trop vite : les supporters adverses ne doivent pas « prendre possession du stade ». Pour le moment, tout est calme, et les supporters sont concentrés sur leurs repas.

Les bières étant autorisées dans les stades, autant ne pas se priver, surtout quand elles sont vendues par de charmantes demoiselles !

A une heure du match commence une petite animation qui réveille un peu les supporters et attise un peu la rivalité entre les deux clubs. Le stade s’est entre-temps bien rempli et le rose du Cerezo est clairement dominant. Dans les tribunes, on peut lire quelques affiches comme « pride of osaka » du côté du Cerezo. Clairement, ce match est à ne pas perdre.

Supporters du Cerezo Osaka

 

Une heure avant le coup d’envoi, petite animation pendant que le stade se remplit doucement.

40 minutes avant le coup d’envoi, les gardiens font leur apparition pour l’échauffement. Les supporters du Cerezo donne de la voix, les supporters du Gamba en font de même.

Sous les chants de leurs supporters, les gardiens du Cerezo continuent de s’échauffer. En face, les joueurs du Gamba ont fait leur apparition.

Et en musique, s’il vous plait.

A 15 minutes du match, les supporters ne s’arrêtent plus et dévoilent leurs tifos.

Il est temps pour les joueurs de rentrer sur la pelouse dans une très belle ambiance. La composition d’équipe du Cerezo est précédée par l’hymne du club. Plusieurs joueurs du Cerezo (dont Kiyotake, acclamé par les supporters) se voient remettre un bouquet de fleurs pour leur qualification aux Jeux Olympiques. Le coup d’envoi est désormais imminent.

Ces deux clichés avant le coup d’envoi montrent clairement l’envie d’attaquer de la part du Cerezo, avec pas moins de 6 joueurs présents sur la ligne médiane. Le Gamba, lui, est clairement disposé dans un 4-2-3-1

Le match

Clairement, le Cerezo Osaka a abordé le match de la meilleure des manières. Présent au pressing, plus agressif dans les duels, une occupation du terrain ne laissant que peu d’ouvertures, il a mis à mal une équipe du Gamba trop rigide dans son organisation. A l’inverse, le Cerezo est une équipe beaucoup plus « fantaisiste » et souple : un jeu de passes rapides et un joueur comme Kiyotake, voyageant beaucoup sur le terrain, ont permis aux Cerises de faire énormément de mal à une défense souvent dépassée face à la force collective et aux mouvements adverses.

« Fantaisistes » car le Cerezo a un jeu qui crée forcément du déchet mais l’ensemble reste cohérent grâce à une très belle organisation défensive. Attaquant dans un 4-4-2 très classique avec, en milieu relayeur, le très important Takahiro Ogihara (dont la capacité à accélérer balle au pied, à donner de l’impact et à soutenir les actions jusqu’aux abords de la surface a fait beaucoup de mal au milieu du Gamba, Endo en tête), le Cerezo se retrouvait souvent en phase défensive dans un schéma à trois défenseurs (un latéral ou le milieu défensif redescendant d’un cran) dans un 3-4-3, cher au sélectionneur national. De cette manière, la ligne occupant la largeur (le milieu) allait gêner très haut la relance adverse, empêchant notamment Endo d’organiser le jeu comme à son habitude; pris dans un étau entre les 2 milieux centraux et les deux attaquants de soutien, il n’a donc pas été surprenant de voir ce joueur-clé de l’équipe nationale en très grande difficulté pendant la première période, ratant un grand nombre de passes. Le Gamba a alors joué de façon très axiale, un régal pour les trois défenseurs, avec au passage un joli travail de couverture avec des tacles biens sentis mais toujours propres. A noter du côté du Gamba qu’Endo et Konno ont vainement tenter de replacer leurs partenaires à grand renforts de gestes mais cela n’a pas été suffisant pour sortir de la toile tissée par les Cerises.

Ainsi, l’ouverture du score intervient logiquement et démontre bien la capacité du Cerezo d’attaquer vite et bien. En ce qui concerne le but de l’égalisation, le coup-franc est bien placé, et les joueurs du Gamba sont loin d’être maladroits dans cet exercice. D’ailleurs, il semble que tout le monde s’attendait à ce que ce soit Endo qui tire. Si Kim Jin-Hyun est clairement intraitable dans les airs, il semble avoir manqué d’explosivité sur ce but, même si le coup-franc est très bien tiré par Paulinho.

Petite anecdote : j’ai raté le coup d’envoi de la seconde période. La raison ? Une file d’attente de 30mètres pour… aller aux toilettes ! La bière n’était peut-être finalement pas une bonne idée. Bref, 1 minute de retard.

La seconde période montre quelques changements tactiques des deux côtés. En effet, le Gamba aborde la seconde période différemment, avec Endo jouant beaucoup plus haut et n’organisant plus le jeu, l’entraineur pensant sûrement que son jeu en première intention et son incapacité à porter la balle (pour franchir le premier rideau et Takahiro Ogihara) seraient plus utiles plus haut, pour prendre de vitesse la défense bien organisée du Cerezo. Le Gamba joue alors mieux, passant plus par les couloirs (les latéraux du Cerezo jouant très haut) et se montre plus dominateur mais également plus agressif, avec pas mal de fautes pas vraiment au goût des roses. En conséquence, le Cerezo s’adapte et adopte une formation pour le moins particulière composée d’un milieu à trois « à plat » occupant toute la largeur du terrain, tandis que les latéraux se montrent nettement plus défensifs. Devant, Kiyotake est légèrement décroché tandis que Branquinhos (qui jouait décroché en première mi-temps) va occuper un des défenseurs centraux, partageant la tâche avec Kempes, qui se voit déchargé d’un de ses gardes du corps. L’idée est discutable : le milieu de terrain est abandonné à l’adversaire et la défense compte sur le trio axial (milieu défensif plus défenseurs centraux) pour tenir tandis que les couloirs sont verrouillés. La défense joue beaucoup plus bas (en première période, il n’était pas rare de voir tous les joueurs de champ dans le camp adverse) et les attaques se font principalement en contre, le système étant trop « plat » pour envisager un jeu de passes entre les lignes adverses. Or, si la défense du Gamba est friable sur un plan tactique, elle est très à l’aise dans les un contre un, à l’image de Konno. Longtemps n’attaquant qu’à trois ou quatre, les joueurs offensifs du Cerezo n’ont pu réussir à faire la différence individuelle recherchée. Finalement, c’est sur une erreur d’interception de Konno (laissant alors les deux pointes en supériorité numérique) que le Cerezo parvint à centrer pour la tête victorieuse de Kempes. Alors ? Libérer un peu Kempes (assigné à un rôle ingrat en première période) pour libérer le talent individuel au détriment du collectif était-il un coaching gagnant ? Je reste sceptique, même si le Cerezo peut se féliciter d’avoir plusieurs cordes à son arc.

Pendant le match, il a été intéressant de voir que si les supporters du Cerezo ont quasiment chanté sans discontinuer (hormis après l’égalisation), ceux du Gamba, pourtant moins nombreux, ont étés plus bruyant lorsqu’ils se décidaient à chanter. Bien sûr le but de Kempes dans les arrêts de jeu a complètement changé la donne, faisant exploser les roses, bien heureux ensuite de chanter à nouveau l’hymne du club pour fêter la victoire.

Ainsi se termine ce petit (nd Hakuo : ne sois pas si modeste, voyons.) rapport sur le derby d’Osaka, le voyage retour s’étant déroulé sans le moindre souci, supporters mêlés. Étant allé au stade avec quelques amis américains et anglais pour leur faire découvrir le football au stade, la journée a été parfaite avec un vrai beau match et des rebondissements.

Ah oui,  avant de quitter le stade, n’oubliez pas de jeter vos déchets :

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