AFC Champions League : les raisons du naufrage japonais

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La tristesse (c) J.League photos

C’est bientôt le printemps ! La renaissance de la nature, le retour des beaux jours, et les défaites humiliantes des clubs japonais en Champions League asiatique. Nippon Ganbare, féru de l’étude des phénomènes paranormaux, vous propose enfin un long travail de recherche, effectué selon les plus rigoureuses normes internationales, sur les raisons de cet échec continu dans la plus prestigieuse des compétitions du football mondial. Le PDF de la dite étude de 321 pages, statistiques à l’appui, est disponible en envoyant un mail ici.

Une compétition en bois

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Vous aussi réalisez vos trophées en bois tout comme l’AFC

Bonjour, c’est l’AFC. Un jour, après une réunion, on s’est dit que pour faire du fric copier les européens pour la gloire du sport et la dimension internationale dans un monde globalisé et mondialisé de la zone Asie, faire une compétition qui réunit des équipes séparées de plusieurs milliers de kilomètres, dans des stades déserts (jusqu’à la finale, soyons honnête), avec des arbitres formés à la va-vite, ce serait une incroyable idée.

Après cette introduction gratuitement démagogique, il faut expliquer le propos pour ne pas perdre toute crédibilité. Des débats houleux ont eu lieu au sein de l’équipe Nippon Ganbare, pour arriver à une conclusion, partagée par l’ensemble des membres à quelques exceptions près : l’AFC Champions League, c’est incroyablement mal foutu. La question de la nécessité d’une telle compétition, déjà, doit se poser : visibilité internationale, crédibilité sur la planète football, sont probablement les premières réponses qui viennent en tête.

Oui mais ; si sur un continent européen aux clubs globalement plus puissants et développées qu’en Asie un tel format de compétition peut se justifier, l’Asie reste encore dans une phase de développement dans le football international. Dès lors, engloutir des sommes d’argent assez importantes dans l’organisation d’une compétition qui oppose des clubs encore très jeunes, aux infrastructures limitées (on pensera alors surtout aux pays d’Asie de l’Est), peut-il se justifier ? Ce type de compétition internationale est elle un vecteur de développement du football local ?

La critique prend un peu les accents de géopolitique de comptoir, certes. Alors, revenons sur la question principale : pourquoi, selon Nippon Ganbare, le format est-il inadapté ? Réponse simple : les trajets. L’incroyable distance à parcourir, en moyenne, pour disputer ces rencontres continentales. Prenez l’un des plus longs déplacements possible en ligue des champions, mettons, le PSG se rend à Moscou : environ 3000 kilomètres. Kashima se rend en Australie : 7000 kilomètres (là aussi, avec approximations). Impossible de jouer sur les deux tableaux. Vous ne nous croyez pas ? Plutôt que de prendre le cas des clubs japonais, focus sur les clubs coréens, qui ont pourtant pas mal dominé la compétition entre 2009 et 2012. Attention, tableau.

Clubs sud coréens Résultats en Asian Champions League année xPlace en championnat année x-1Place en championnat année x
Pohang Steelers (année 2009)Vainqueur5ème3ème
Seongnam Ilhwa Chunma (année 2010)Vainqueur2ème4ème
Ulsan Hyundai (année 2012)Vainqueur2ème5ème
FC Séoul (année 2013)FinalisteChampion4ème

Assez parlant, non ? A une exception près, être compétitif sur les deux tableaux paraît assez compliqué. Assez décourageant pour des clubs qui doivent pour asseoir leur réputation tendre avant tout à de bons résultats sur la scène nationale. Voilà pour le premier volet. La compétition en tant que telle est mal ficelée. Est-ce que cela explique pour autant le ridicule des clubs japonais, plus flagrant d’année en année ? Non. Dont acte.

Un concentré des pires défauts du football japonais

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Hitoshi Sogahata ne sait pas trop ce qu’il fait.

Avec ce titre racoleur et assez nul, l’idée est de battre en brèche les excuses lamentables dont pourraient se prévaloir les clubs japonais pour expliquer leurs performances désastreuses. Car oui, l’Asian Champions league est une compétition qui ferait passer la coupe Intertoto pour un challenge excitant et de qualité. Mais en vérité, les autres clubs semblent plutôt bien s’en accommoder, avec des contraintes somme toute semblables. Comment expliquer, dès lors, ce palmarès du désespoir (la meilleure performance sur les cinq dernières éditions étant la demi finale de Kashiwa en 2013) ?

Rien de mieux qu’une étude de cas. Le 25 février 2015, Kashima, club phare du football japonais, prétendant au titre pour la saison à venir, avec dans son onze de départ quatre internationaux A et deux internationaux espoirs, rencontre les Western Sidney Wanderers, champion asiatique en titre, mais (et c’est le point important), actuel dernier en déroute de son championnat. Kashima va cumuler sur ce match, possession de balle, beau jeu, niveau technique à priori supérieur : et donc perdre 3-1. Une semaine plus tard, direction Séoul. Kashima dispute une brillante première mi-temps, se procure plusieurs occasions nettes : défaite 1-0.

Le plan de jeu de Kashima, après plusieurs heures d’analyse et de débat au sein de l’équipe Nippon Ganbare, pourrait être résumé de la manière suivante (en simplifiant) :

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Les adversaires de Kashima ont plutôt opéré de la manière suivante :

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En gros. (Pardon pour les infographies)

Ce qui nous affole, nous amis du football japonais, c’est de voir les clubs répéter année après année ce schéma déprimant : de bons matchs, un jeu léché, un football agréable, et des DEFAITES. Ce type de match est tellement caractéristique du football nippon qu’il fournirait un exemple incroyablement riche dans le cadre d’une thèse sur l’inconscient des équipes. Vous savez, cette idée selon laquelle il existe un facteur irrationnel, une forme d’identité propre à une équipe qui survit à chaque système de jeu, chaque entraîneur. Une force de caractère, l’envie de ne pas perdre par exemple. Au Japon, cela ressemble parfois furieusement à une peur de vaincre. Mais on s’éloigne. En ACL, les clubs japonais semblent retomber dans leurs pires travers avec une régularité frappante ces dernières années.

Pour se faire, Nippon Ganbare, dans un manifeste pour le renouveau du football japonais intitulé « Teguramori out », à paraître dans quelques années, insiste sur trois aspects tactiquement essentiels :
Рfaire des frappes cadr̩es
Рfaire des frappes cadr̩es sans frapper sur le gardien
– marquer des buts

L’idée étant d’éviter de passer pour les pitres de l’Asie de manière hebdomadaire. Le football japonais a les qualités pour réussir sur la scène continentale. Un changement de mentalité dans l’approche des matchs, une implication plus grande paraissent nécessaires. Ou alors, dans le cas contraire, clarifier la position en envoyant une équipe B à chaque match comme en Coupe Nabisco peut être une idée cohérente.

N’hésitez pas, vous aussi à nous faire part de vos réflexions sur l’Asian Champions League et les clubs japonais en commentaires ou sur le forum.

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